Pouvoir
d’achat : un Premier ministre alchimiste
Dans un entretien publié par Le
Journal du Dimanche le 7 janvier, Édouard Philippe a défendu la politique
de son gouvernement en affirmant tout simplement : « Le projet social est au
cœur de notre action. »
Et d’évoquer à ce sujet des
revalorisations, comme celle du minimum vieillesse, avec lequel doivent vivre
plus de 430 000 personnes âgées, et qui devrait atteindre un peu plus de 900
euros par mois pour une personne seule en 2020. L’allocation aux adultes
handicapés devrait également atteindre 900 euros en novembre 2019.
L’augmentation sera même moindre pour les personnes en couple ou dans certaines
situations particulières. Ce n’est pas avec cela que les plus démunis parmi les
anciens ou parmi les handicapés sortiront d’une pauvreté indigne du 21 e
siècle.
Le Premier ministre prétend
rassurer les classes populaires en affirmant que le pouvoir d’achat des actifs
va augmenter, notamment grâce à la suppression des cotisations salariales pour
les salariés du privé, censée compenser pour eux la hausse de la CSG, et grâce
à la baisse de la taxe d’habitation. Les travailleurs du privé verront
peut-être leur salaire net augmenter un peu, mais d’une part ces cotisations
supprimées seront autant de moins dans les caisses de la Sécurité sociale et
d’autre part plus de huit millions de retraités verront, eux, leur pension
diminuer à cause de la hausse de la CSG.
L’Insee a d’ailleurs fait les
comptes : les mesures fiscales prévues en 2018 auront un effet négatif de 0,3 %
sur le pouvoir d’achat moyen des ménages et encore, en tenant compte de la
suppression de l’impôt sur la fortune qui ne profitera bien sûr qu’aux plus
riches : sans cela, la baisse de pouvoir d’achat moyenne serait environ deux
fois plus forte. Le gouvernement prétend donc littéralement faire passer une
baisse pour une hausse ! Ce tour de passe-passe signifie surtout qu’il ne veut
en aucun cas d’une augmentation des salaires qui serait prise sur la masse des
profits.
Concernant le chômage, Philippe
parle d’« une difficulté à trouver des travailleurs qualifiés dans certains
secteurs industriels » et pointe le « problème d’adéquation entre la
formation et les besoins ». La solution du gouvernement est donc la réforme
de l’apprentissage et de la formation professionnelle. Mais les centaines de
travailleurs de Pimkie, de PSA, de Tupperware ou de grandes banques dont
l’emploi est sur la sellette ne manquent pas de formation !
Enfin, Philippe annonce qu’au cas
où la croissance serait plus forte que prévu et permettrait au gouvernement de
dégager un excédent de budget en 2018, il ne serait pas question d’en faire profiter
la population : cette cagnotte servirait au remboursement de la dette.
Voilà une série de mesures dont
la dimension « sociale » n’empêchera aucun millionnaire de dormir !
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