Croisières
de masse : pas que beau
Périodiquement, lors de leur
lancement, les médias ne tarissent pas d’éloges sur les mérites des paquebots
géants qui embarquent plusieurs milliers de passagers.
Il est vrai que ces bâtiments
hors normes offrent à tout un public, à un prix accessible, du moins dans les
pays les mieux nantis, des séjours dont il n’aurait pas osé rêver il y a vingt
ou trente ans. Et cela dans un décor et avec des prestations à l’image de ce
monde de riches, dont le clinquant s’ajoute au dépaysement proposé. « Nous
sommes entrés dans une nouvelle ère du tourisme de masse », vantent les
organisateurs de ces croisières, qui se réjouissent de leur succès, et surtout
de la rentabilité de leurs gigantesques investissements dans ces monstres des
mers.
Mais derrière ce qui peut
constituer une évasion pour certains, l’opportunité de s’offrir un rêve même
fugace à la portée de leur bourse, c’est pour d’autres un véritable cauchemar.
C’est ce que montrent les
reportages : des foules de touristes envahissent Barcelone ou Majorque en
Espagne, Dubrovnik en Croatie, ou Venise. L’afflux de ces touristes peut
apparaître comme une aubaine – et elle l’est pour une petite minorité de
commerçants, liés bien souvent à des sociétés internationales – mais c’est
devenu une calamité pour la majorité de la population locale. Pas seulement
parce que cette présence massive perturbe la circulation ; mais parce qu’elle a
une incidence immédiate et sensible sur les prix des denrées de consommation
courante, sur le prix du logement, pour ne pas parler des nuisances sonores,
environnementales, etc.
Il ne s’agit pas de déplorer les
occasions de découverte, de rencontres et d’échanges. Encore que dans ces
croisières surpeuplées les découvertes se limitent bien souvent à des boutiques
de souvenirs, et les échanges à du change. Mais il s’agit de constater, une
fois de plus, que ce qui pourrait constituer un enrichissement humain se
transforme en son contraire, quand la priorité est donnée aux impératifs de
rentabilité financière des croisiéristes.
Jean-Pierre
VIAL (Lutte ouvrière n°2558)
Il est sûr que ce tourisme-là pose bien des problèmes... |
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