Gouvernement
et patronat mènent la lutte de classe, nous ne pourrons pas éviter le combat
Il n’y a pas de semaine sans
l’annonce d’une nouvelle mesure anti-ouvrière du gouvernement. Dernière en
date, la fin du compte pénibilité et son remplacement par le compte de
prévention, avec la suppression de quatre critères de pénibilité sur dix et la
fin des sur-cotisations demandées au patronat. Ce compte pénibilité était une
concession dérisoire de Hollande lorsqu’il avait allongé la durée de cotisation
pour toucher une retraite à taux plein. C’était déjà trop pour le patronat.
Mais dans la guerre que le
gouvernement mène contre le monde du travail, cette annonce n’est pas la plus
importante. La nouvelle loi Travail, présentée cette semaine au Parlement, est
l’offensive d’envergure. Son objectif est de vider de son contenu le Code du
travail et d’effacer toute trace de ce qui reste des acquis de plus de cent ans
de luttes ouvrières.
Dans les entreprises, les patrons
feront la loi au sens propre du terme, en fixant le temps de travail et les
salaires comme ils voudront. Le gouvernement dit que ces accords d’entreprise
seront le fruit du dialogue social. Mais ce dialogue social, c’est un monologue
patronal qui se résume à : « si tu n’es pas content, tu prends la porte. » Et
comme la loi modifiera aussi les procédures de licenciements individuels et
collectifs, les patrons auront encore plus de liberté pour licencier.
À l’échelle des branches, les
conventions collectives pourront autoriser les CDI de mission. Ces contrats permettent
au patron de se débarrasser des salariés une fois la mission accomplie sans
devoir payer d’indemnité. Les accords de branche fixeront aussi le nombre de
renouvellements possibles d’un CDD. Et les indemnités prud’homales dans le cas
d’un licenciement reconnu abusif seront plafonnées.
L’offensive ne s’arrêtera pas là.
Le Premier ministre, Philippe, a confirmé l’augmentation de la CSG de 1,7 %. Il
prétend que pour les travailleurs du privé cette hausse sera compensée par une
baisse des cotisations sociales. Rien n’est moins sûr. Et pour les
fonctionnaires et les retraités dont la pension dépasse 1 200 euros par mois,
le recul du pouvoir d’achat est programmé.
Pendant que le gouvernement
prépare ses lois, le patronat poursuit ses propres attaques.
La semaine dernière, les
travailleurs de GM&S dans la Creuse sont allés bloquer la fonderie de PSA
Sept-Fonds dans l’Allier. Comme l’offre de reprise de leur entreprise laisse
sur le carreau 157 salariés sur 277, ils ont voulu faire pression sur les donneurs
d’ordre, Renault et PSA, et sur l’État, actionnaire de ces deux groupes. Leur
détermination a forcé le ministre de l’Économie à les recevoir à Bercy. Leur
mobilisation a été médiatisée, mais combien d’autres usines ferment parce que
des actionnaires trouvent plus profitable de supprimer des emplois et de
concentrer le travail sur moins de salariés ? Il y a aussi les plans de
suppression d’emplois des grands groupes. Michelin a annoncé près de 2 000
suppressions d’emplois dans le monde dont 1 500 en France.
Enfin, à tout cela, il faut
ajouter la répression patronale qui trouve toujours l’oreille complaisante
d’une justice de classe. Des militants syndicaux chez PSA sont menacés
judiciairement, dont un condamné à six mois de prison avec sursis. Pourquoi ?
Parce qu’ils ne baissent pas la tête devant leur direction. Voilà la lutte de
classe dont Macron dit qu’elle n’existe plus, qui permet à la classe
capitaliste de s’enrichir, comme ces actionnaires à qui les entreprises du
CAC40 ont versé 46 milliards d’euros de dividendes pour 2016.
Si nous ne voulons pas être
broyés, nous n’avons pas d’autre choix que de nous battre collectivement contre
toutes les attaques patronales et contre cette loi Travail. Pour l’instant, la
comédie de la négociation se poursuit et tous les dirigeants syndicaux jouent
le jeu du gouvernement. Ceux de la CFDT et de FO se font clairement les
complices de la politique gouvernementale. Ceux de la CGT veulent jouer au
syndicat de « propositions » comme les autres, mais, en même temps, ils appellent
à la grève pour le 12 septembre. Et c’est une opportunité à saisir.
Une seule journée ne suffira pas
à faire reculer le patronat et le gouvernement. Mais seules des mobilisations
ouvrières puissantes pourront faire barrage à cette loi qui sera votée au
Parlement par la majorité macroniste.
Il faut utiliser toutes les
possibilités de réactions collectives et affirmer la nécessité d’une lutte
générale et explosive du monde du travail.
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