Les
combats qui nous attendent
Emmanuel Macron a donc nommé
comme Premier ministre un politicien de droite, Édouard Philippe, maire du
Havre et fidèle lieutenant d’Alain Juppé. Ce Juppé dont bien des travailleurs
ont des raisons de se souvenir. En 1995, alors Premier ministre de Chirac, il
s’était attaqué aux retraites et à la Sécurité sociale. Devant le large
mouvement de grèves et de manifestations que son projet avait déclenché, il
s’était vanté de « rester droit dans ses bottes ». Il avait dû reculer devant
la mobilisation !
Jusqu’à présent, droite et gauche
se passaient le relais au pouvoir pour mener la politique anti-ouvrière voulue
par le grand patronat. Cette fois-ci, elles la mèneront ensemble. Édouard
Philippe mettra en œuvre la politique annoncée par Emmanuel Macron. Ils veulent
démolir le code du travail, laisser les mains libres au grand patronat pour
licencier, suppriment des emplois, fermer des usines. Et ils suppriment 120 000
postes de fonctionnaires.
Avec la collaboration du
gouvernement, le grand patronat accentuera sa guerre sociale contre le monde du
travail avec toujours la même recette : intensifier le travail des uns et se
débarrasser des autres pour accroître les dividendes. Vivarte, Tati, Mim,
Whirlpool ou GM&S Industry sont les derniers exemples en date de cette
politique. GM&S Industry est particulièrement révélateur. PSA et Renault,
qui sont les donneurs d’ordre de ce sous-traitant automobile, ont planifié la
mise à mort de cette usine de 300 salariés dans la Creuse. Renault et PSA ont
fait des bénéfices record l’an dernier, 3 milliards d’euros pour l’un et 3,5
milliards d’euros pour l’autre. Et on peut être certain que dès la fin de la
période électorale, d’autres fermetures d’entreprises et d’autres plans de
compétitivité seront révélés.
Voilà le contexte dans lequel
arrivent les élections législatives. À cause du profond discrédit qui frappe le
PS et la droite, tous les leaders politiques jouent la comédie du renouveau. Et
il est impossible de prévoir qui, entre les macronistes, la droite, le FN ou La
France insoumise, tirera son épingle du jeu de cette recomposition
politicienne. Mais il est certain que la nouvelle majorité sera au service des
riches et qu’aucune opposition parlementaire ne représentera le camp des
travailleurs.
Le monde du travail ne pourra
compter que sur l’opposition qu’il fera naître par ses luttes. Mais à condition
que celles-ci se mènent sur un terrain de classe, correspondant aux intérêts
des exploités et non pas derrière des illusions réactionnaires. Des combats
menés sur des terrains comme celui du protectionnisme, qui ne protège que le
patronat d’ici, ou stigmatisant une partie des travailleurs ne feraient que
diviser le camp des exploités, le démoraliseraient et l’affaibliraient.
Le Front national, pour lequel
une partie des travailleurs a voté, est le principal colporteur de ces idées
empoisonnées. Il veut faire des travailleurs immigrés des boucs-émissaires. Et
sous prétexte de défendre les entreprises françaises, c’est-à-dire en fait les
capitalistes français, il montre du doigt les travailleurs d’autres pays d’Europe
ou d’ailleurs. Mais le Front national n’a pas l’exclusivité de la démagogie
nationaliste. Et celle-ci est tout aussi nocive quand elle est défendue par le
PCF ou par Jean-Luc Mélenchon.
La force des travailleurs est
dans la conscience de leurs intérêts communs face à la classe capitaliste. En
faisant entendre le camp des travailleurs, Nathalie Arthaud a levé le drapeau
de cette conscience de classe à l’élection présidentielle. Aux élections
législatives, Lutte ouvrière présente des candidats dans toutes les
circonscriptions de métropole et à La Réunion, ainsi qu’en Guadeloupe et en
Martinique avec Combat ouvrier.
Tous sont des travailleuses et
des travailleurs. Leurs candidatures permettront à ceux qui se sont reconnus
dans la campagne de Nathalie Arthaud à l’élection présidentielle de prolonger
leur vote. Elles permettront aussi à ceux qui ont été touchés par ce qu’a dit
Nathalie Arthaud mais qui ont cru au « vote utile », de ne pas se laisser
détourner cette fois-ci de leur premier choix et de voter pour leur camp.
Faire entendre à nouveau les
exigences du monde de travail aux élections législatives, montrer la
persistance du courant qui les incarne, c’est le meilleur moyen de nous
préparer à les défendre dans les luttes de demain.
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