Le Pen :
elle prêche la guerre entre pauvres
Lundi 13 mars, Marine Le Pen,
lors d’une conférence sur la citoyenneté, a accusé toutes les politiques
d’immigration d’avoir rendu la situation incontrôlable, ajoutant : «
D’intimidations en intimidations et d’agressions antifrançaises en actes
terroristes, la perspective de la guerre civile n’est plus un fantasme. »
Mais qui pousse à cette guerre,
sinon Marine Le Pen elle-même ? Vouloir limiter la protection sociale des
étrangers, supprimer l’aide médicale, réduire l’accès à l’école pour leurs
enfants, expulser et bloquer les frontières, faire l’amalgame entre les
immigrés en général et les terroristes, n’est-ce pas vouloir que les
travailleurs se fassent la guerre ?
Et qui y gagnera ? Sûrement pas «
le peuple français des sans-voix » qu’elle prétend représenter, en bon apôtre
des pauvres.
Ceux que Le Pen veut représenter,
ce sont les patrons. Son programme de baisse de l’impôt sur les sociétés, de
subventions, de crédits d’impôts, égal à celui des gouvernements précédents, en
témoigne. En bon auxiliaire de ces patrons aux salaires extravagants et des
actionnaires qui empochent des milliards de dividendes, elle leur rend un
service supplémentaire en suscitant un climat de méfiance, de rejet, voire de
haine, entre les pauvres.
Désigner les immigrés comme boucs
émissaires de tous les maux engendrés par le capitalisme en crise, le chômage,
les bas salaires, les difficultés à vivre dans des logements précaires, c’est
idéal pour le patronat. Le Pen oppose les travailleurs les uns aux autres, ceux
qui ont une carte d’identité française aux étrangers, mais aussi les salariés
du privé à ceux du public, les chômeurs à ceux qui ont un emploi. Diviser pour
régner est le meilleur moyen d’obscurcir la conscience des exploités et de les
empêcher de s’unir contre leurs exploiteurs.
Le Pen aime les travailleurs
soumis. Elle stigmatise les syndicats, les travailleurs en lutte, présentés
comme des fauteurs de trouble, les grèves, qui sont justement le moment où ces
différences entre nationalités, entre travailleurs précaires ou non, qualifiés
ou non, s’effacent pour défendre des intérêts communs contre les patrons.
Le Front national mène une
politique fondamentalement hostile aux travailleurs. Accepter de le soutenir,
de considérer les travailleurs d’une autre nationalité comme des ennemis, c’est
se condamner à subir toujours plus le diktat des patrons. Prendre conscience
que les travailleurs sont une seule et même classe est la seule façon pour eux
de défendre leurs intérêts.
Sylvie
MARÉCHAL (Lutte ouvrière n°3537)
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