Il faut
faire entendre la colère du monde du travail
L’écrasante majorité du monde du
travail est hostile à la loi El Khomri. Depuis plus de deux mois, des centaines
de milliers de travailleurs le disent en faisant grève et en manifestant. À
l’Assemblée nationale, le gouvernement n’a pas trouvé de majorité pour la
voter. Qu’à cela ne tienne, Hollande et Valls ont dégainé l’article 49-3. Cette
loi sera donc adoptée sans vote du Parlement.
« Le
peuple a le pouvoir », nous dit-on. Il l’exercerait en élisant le
président de la République et les députés censés voter les lois.
Mais
Hollande a-t-il été élu pour démolir le code du travail ? A-t-il été élu
pour augmenter la TVA, pour généraliser le chantage à la compétitivité ?
A-t-il été élu pour faire un cadeau de 41 milliards au patronat, avec le pacte
de responsabilité ? Non, cela, c’était le programme de Sarkozy !
Et
s’il y avait eu un vote majoritaire à l’Assemblée pour la loi Travail, cela
n’aurait pas été plus démocratique. Parce que ceux qui se targuent d’être les
représentants de la nation ne représentent qu’eux-mêmes. Une fois élus pour
cinq ans, ils veulent préserver leur poste et leurs privilèges et se moquent
bien de ce que pense la majorité de la population.
Nous,
Lutte ouvrière, sommes de ceux qui n’avons jamais placé notre confiance dans
Hollande, les rares à avoir refusé d’appeler à voter pour lui au second tour en
2012, car nous voulions avertir les travailleurs qu’il trahirait le peu qu’il
avait promis.
Mais,
comme ses électeurs, nous sommes révoltés par tant d’arrogance et de cynisme.
Au-delà
de cette loi, nous avons là un exemple du mode de fonctionnement de l’État et
de la classe politique. Les lois ne naissent pas dans la tête des ministres ou
des députés, elles sont conçues au Medef, dans les réunions de famille et les
conseils d’administration des Peugeot, Dassault, Bolloré, Arnault et autres
Mulliez.
Et
tous les gouvernements exécutent, qu’ils soient de droite ou de gauche, parce
que, pour tous, gérer les affaires de l’État, c’est gérer les affaires des plus
riches. Et Hollande aura été un bon serviteur de la bourgeoisie !
Pour
lanterner les classes populaires, le gouvernement répète que la crise est
derrière nous.
Dans
le marasme généralisé, 1 % ou 1,5 % de croissance peuvent être
présentés comme une reprise. Mais le capitalisme est en crise, une crise dont
on ne sortira pas parce que le système est à bout de souffle. Il a atteint ses
limites. Les capitalistes ne peuvent pas développer leurs affaires, sauf à
voler des parts de marché à leurs concurrents, à se racheter les uns les autres
et à spéculer.
Ils
ne peuvent accroître leurs profits qu’au travers d’une féroce guerre de classe
qui fait de plus en plus de victimes du côté du monde du travail.
Le
chômage qui pourrit la vie de millions de femmes et d’hommes, la précarité à
laquelle une grande partie de la jeunesse est condamnée, les bas salaires qui
frappent des millions de salariés ne sont pas conjoncturels. Ils résultent de
la domination de la bourgeoisie.
C’est
pourquoi la colère qui a éclaté avec la loi El Khomri est salutaire.
Depuis des années, les travailleurs subissent attaque sur attaque : report
de l’âge de la retraite ; flexibilité des horaires de travail ; plans
de licenciement ; augmentation des cadences ; baisse du pouvoir
d’achat… La bourgeoisie n’a cessé de mener la lutte de classe et le monde du travail
a subi. C’est ce qu’il faut inverser.
La
loi El Khomri a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, mais la colère
qui s’exprime est bien plus générale. Et elle doit continuer à s’exprimer.
Le
recours au 49-3 est une provocation. C’est une raison supplémentaire de
poursuivre la mobilisation.
À
partir de mercredi, malgré les tergiversations et le corporatisme de leurs
organisations syndicales, une partie des cheminots devraient se mettre en grève
contre la dégradation de leurs conditions de travail.
Les
routiers, quant à eux, feront grève à partir de mardi. Cela s’ajoute aux
journées de grèves et de manifestations de mardi 17 et jeudi 19, appelées par
les confédérations syndicales.
Autant
dire que le gouvernement n’en a pas fini avec la contestation. Valls et
Hollande ont pu clore d’autorité le débat parlementaire en espérant ainsi
imposer la loi El Khomri. Mais ils ne peuvent pas étouffer la colère qui s’est
accumulée. Et celle-ci doit se faire entendre !
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