Après le
premier tour des élections régionales du 6 décembre 2015
Communiqué
06/12/2015
Les résultats de ce premier tour
des élections régionales reflètent l’évolution réactionnaire de la société en
même temps que la désorientation de l’électorat populaire et la perte de
repères de la classe ouvrière.
L’expression
la plus frappante de cette évolution est la progression en voix du Front national
dans la quasi-totalité des régions, ce qui a permis au parti d’extrême droite
d’arriver en tête dans six d’entre elles.
L’expression
électorale du recul ne se limite cependant pas à cela. La campagne électorale
de la droite a été entièrement dominée par sa compétition avec l’extrême droite
sur le terrain de cette dernière.
Quant
au Parti socialiste, non seulement il a repris à son compte le langage
sécuritaire du FN, mais étant au pouvoir, il en a réalisé l’application en
instaurant l’état d’urgence, d’une efficacité limitée pour combattre l’horreur
terroriste mais qui étouffe la contestation de la politique gouvernementale sur
sa gauche et pèse sur les mouvements sociaux.
Le
FN encaisse les dividendes électoraux de la banqueroute du PS au pouvoir. Il est
significatif qu’il réalise un de ses meilleurs scores dans la région
Nord-Pas-de-Calais-Picardie, région à forte tradition ouvrière. Une partie de
l’électorat traditionnel du PS et du PC, écœurée par la politique du
gouvernement, ses reniements et sa servilité vis-à-vis du grand patronat, s’est
abstenue. D’autres électeurs se sont ajoutés à l’électorat traditionnel de
l’extrême droite, faisant du FN le parti le plus influent de la région. C’est
une partie de son propre électorat que la gauche réformiste a poussée dans les
bras du FN.
C’est
l’aboutissement de décennies d’évolution politique où les partis qui
prétendaient représenter le monde du travail ont renié, au fil du temps, toutes
les valeurs du mouvement ouvrier et foulé au pied les intérêts des travailleurs
dès qu’ils étaient au gouvernement.
Ces
partis ne s’en relèveront peut-être pas, mais la classe ouvrière, elle, se
relèvera.
Le
FN est un parti aussi dévoué aux intérêts de la grande bourgeoisie, qui domine
la société capitaliste, que les partis de droite et le PS, mais avec un langage
plus réactionnaire encore et, si les circonstances s’y prêtent, avec des
méthodes plus ouvertement anti-ouvrières.
La
classe ouvrière n’a cependant rien perdu de la force que lui donnent son nombre
et sa place incontournable dans l’économie. La tâche la plus importante de
notre époque pour ceux qui se revendiquent du camp des travailleurs, pour les
militants ouvriers, est d’œuvrer pour que la classe ouvrière retrouve confiance
en sa force et pour qu’elle retrouve la conscience du rôle qu’elle est la seule
à pouvoir jouer contre toutes les formes de barbarie en combattant leur
fondement commun : l’exploitation.
Les
travailleurs n’ont jamais eu à espérer un changement de leur sort par les
élections. Ils n’ont pas non plus à s’en désespérer. Le rapport de force entre
la bourgeoisie exploiteuse et les masses exploitées ne se détermine pas dans
les urnes, mais dans les affrontements de classe. Nous faisons pleinement
confiance à la classe ouvrière et à sa capacité à retrouver la conscience de
ses intérêts politiques et de sa force.
Dans
les régions où le FN risque de conquérir l’exécutif régional, ce sont les
coalitions de droite qui viennent en deuxième position.
Tout
en rejetant le Front national, il n’est pas question pour Lutte ouvrière de
défendre auprès de son électorat l’idée que des hommes de droite, avec des
idées aussi crasseuses, puissent servir de rempart contre le parti d’extrême
droite. Quant à voter pour une liste socialiste, cela ne servirait à rien et ce
serait remercier le PS d’avoir fabriqué le succès de l’extrême droite.
Gauche
gouvernementale, droite ou extrême droite, elles sont toutes prêtes à s’en
prendre aux immigrés, aux associations, aux libertés publiques. Celles qui ont
une parcelle de pouvoir le font déjà. Ce n’est pas aux travailleurs conscients
de choisir laquelle des cliques bourgeoises prendra les mesures contre les
classes populaires.
Il
ne reste aux électeurs du monde ouvrier qui refusent au deuxième tour de
choisir entre la peste et le choléra, non par désintérêt pour la politique mais
par conscience, qu’à glisser dans l’urne un bulletin affirmant son appartenance
au « camp des travailleurs ».
Les
élections régionales passées, les travailleurs auront à se défendre contre le
grand patronat et l’État par le seul moyen efficace : la lutte collective.
Quant
à Lutte ouvrière, elle continuera à œuvrer pour que le camp des travailleurs se
donne un parti qui représente réellement ses intérêts matériels et politiques.
Même
s’ils ne constituent qu’une petite fraction de l’électorat populaire, ceux qui
ont voté pour les listes Lutte ouvrière peuvent être fiers de représenter
l’avenir, la renaissance du mouvement ouvrier capable de combattre la société
d’exploitation et d’y mettre fin.
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