Le
gouvernement veut se refaire une santé au détriment des médecins et des
patients
L’examen de la loi santé de
Marisol Touraine démarre à l’Assemblée nationale. On l’a vu ce week-end avec la
manifestation des professions libérales, les médecins sont vent debout contre
la généralisation du tiers payant.
Cette
mesure serait pourtant salutaire. Le tiers payant pour tous serait un
soulagement car avancer 23 euros à chaque consultation, une ou plusieurs fois
dans le mois selon les situations, est un obstacle pour nombre de familles
populaires. Que certains médecins et des représentants nationaux s’y opposent
par principe au nom de la « responsabilisation » des patients relève
du mépris social.
Quant aux
médecins qui expriment leur crainte « d’être transformés en
salariés », ils colportent les préjugés classiques de la droite. Ils
repoussent avec horreur l’idée d’être salariés, mais ils dépendent déjà, par
tous les bouts, des organismes publics. Et que deviendraient-ils s’il n’y avait
pas l’État pour organiser le système de santé et pour prendre en charge leur
formation ?
Face à
ces propos réactionnaires, la ministre de la Santé a le beau rôle. Mais la
légèreté avec laquelle elle a géré la mise en place technique du tiers payant
témoigne de son hypocrisie.
Après des
mois de discussions, Marisol Touraine est toujours incapable d’assurer la mise
en place d’un guichet unique permettant aux médecins d’avoir un seul
interlocuteur à la place des centaines de mutuelles. Et pour cause : elle
ne peut pas réduire les moyens de l’Assurance maladie, diminuer son personnel,
semer la zizanie dans les services administratifs, d’un côté, et, de l’autre,
promettre des miracles administratifs.
C’est
pourquoi même les médecins les mieux disposés à l’égard du tiers payant et des
patients ont de quoi être en colère. Alors, s’il y a un obstacle à la
généralisation du tiers payant, il est surtout à chercher du côté du
gouvernement.
À travers
cette mesure, le gouvernement veut faire un bon coup politique. Il veut avoir
l’air de faire une politique de gauche sans dépenser un centime de plus pour la
population et même, si possible, en enlevant des moyens à la santé.
Cette
mesure sert de cache misère au gouvernement car sa politique de santé ne permet
ni de faciliter l’accès aux soins, ni de lutter contre la médecine à deux
vitesses.
Que
prévoit le gouvernement pour lutter contre les déserts médicaux, qui se multiplient
dans les campagnes et les banlieues populaires ? Que prévoit-il contre les
dépassements d’honoraires sur les soins dentaires ou d’optique ? Rien.
Il y a
plus de trois millions de personnes sans mutuelle. Elles ont à payer de leur
poche le reste à charge, qui n’a fait qu’augmenter au rythme des franchises et
des déremboursements de médicaments de ces dernières années.
La
facture s’allonge même quand on est soigné à l’hôpital public parce que le
forfait hospitalier est de plus en plus cher, parce que le transport en
ambulance est de plus en plus restrictif, parce que l’hôpital ne délivre plus
les médicaments dits de « confort », parce qu’il faut payer pour
avoir une chambre individuelle… Dans certains hôpitaux, la douche chaude et la
couverture ne sont même plus garantis. Alors, quand le gouvernement impose aux
hôpitaux trois milliards de nouvelles coupes budgétaires cela augure du pire.
À cause
des restrictions budgétaires, des hôpitaux de proximité fusionneront, fermeront
des services, ce qui signifiera un nombre moindre de lits et des temps
d’attente plus longs. Sous couvert de développer la chirurgie ambulatoire et de
diminuer les durées d’hospitalisation, on va renvoyer des malades chez eux au
plus vite.
Et comme
si les personnels hospitaliers n’étaient pas déjà surmenés et incapables de
prendre tous leurs repos, le gouvernement prévoit de supprimer 22 000 postes
dans les hôpitaux.
Voilà le
véritable visage de la politique de santé du gouvernement. Et tout cela
pourquoi ? Parce qu’il ne veut pas mettre d’argent dans les services
publics. De l’argent, il y en a pour payer la dette aux banquiers, il y en a
pour arroser le grand patronat, mais pour la santé, il n’y en a plus.
La
dégradation du système de santé est le fruit de la politique anti-ouvrière du
gouvernement Valls, mais c’est aussi le résultat d’une évolution vers une
société où toutes les activités humaines doivent rapporter de l’argent, dégager
des profits, sans quoi elles sont vouées à disparaître même si elles sont
indispensables à la population. Au-delà de la politique d’austérité, c’est le
capitalisme qui est dangereux pour notre santé.
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