lundi 2 février 2015

Loi Macron, une régression en vue de plus d'un siècle. Un article de l'hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine



Loi Macron et autres attaques du gouvernement : une offensive radicale contre le monde du travail

Interrogé sur Europe 1 mardi 27 janvier, Macron, le ministre de l'Économie de Hollande, a déclaré que sa loi, en discussion à l'Assemblée nationale, était « historique ». Rien de moins !
Ce qui est certain, c'est qu'elle remet en cause le principe de base d'une des premières conquêtes du mouvement ouvrier, au 19e siècle, celle d'imposer que le contrat de travail qui lie le salarié à son employeur ne soit pas considéré comme un simple contrat commercial et s'accompagne de droits particuliers pour les travailleurs. Ce n'est qu'à partir de là que s'est construit depuis plus de cent ans, au travers des luttes ouvrières, le droit du travail. Et c'est à cela que s'attaque Macron. C'est donc un recul considérable qu'il veut imposer.
L'importance et le caractère général de cette attaque en cours, qui va, comme déjà annoncé, avoir des suites dans les mois à venir, n'ont entraîné quasiment aucune réaction de la part des dirigeants des confédérations syndicales : ni alerte générale, ni mobilisation, ni même la simple information et mise en perspective de ce qui se préparait.
Certes, il y a bien eu une journée de protestation le 26 janvier à Paris, organisée par quelques structures syndicales, essentiellement celles du commerce, mais quasi exclusivement sur le seul problème du travail du dimanche. Cela apparaît, de la part des opposants officiels à la loi, la CGT et FO, comme une action symbolique, sans préparation. Et même pire, comme un dérivatif. Car cela semble dire que l'ensemble de la classe ouvrière n'est pas directement menacée par ce qui se trame, ce qui est manifestement faux.
 Oui, toute la classe ouvrière est menacée dans ses droits élémentaires par l'ensemble des remises en cause du droit de licenciement pour raison économique. Toute la classe ouvrière est menacée par l'impunité garantie à tous les patrons qui violent ce qui reste de droit du travail. Toute la classe ouvrière est menacée par la quasi-disparition des contrôles sur la santé et des examens de dépistage face aux maladies professionnelles et accidents du travail, par la mise en pièces des droits des médecins du travail et de l'Inspection du travail. Toute la classe ouvrière va payer le prix de la disparition de fait des Prud'hommes. Et, bien évidemment, l'introduction de la disparition du contrat de travail ouvre la voie à une régression de plus de cent ans.
Les seuls à avoir immédiatement réagi, à faire entendre leur voix, sont les professions libérales, un peu écornées dans cette loi, qui ont été prises comme bouc émissaire par le gouvernement pour cacher le fond des attaques, mais pas la classe ouvrière, pourtant la plus gravement attaquée. Et ce sont les représentants des professions libérales qui, à l'occasion, ont cherché une convergence dans leur action, comme les notaires qui se sont joints à la manifestation parisienne du 26 janvier.
Pourtant, les travailleurs auraient infiniment plus de raisons de s'opposer à cette loi. Mais, à la différence des notaires, leurs organisations ne font rien pour les y aider.
                                                                         Paul Sorel

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