Médecine
du travail : le gouvernement cède au Medef
Un projet gouvernemental
réduisant la médecine du travail à peau de chagrin a été présenté dans la loi
dite « de simplification ». Sous prétexte que la médecine du travail ne remplit
plus son rôle, le gouvernement va dans le sens du Medef : les règles en matière
de visite médicale et d'inaptitude au travail vont être revues à la baisse,
pour offrir, comme le précise le commentaire ministériel « plus de simplicité
et de sécurité juridique pour l'employeur ».
D'ailleurs,
tout l'argumentaire gouvernemental vaut son pesant de cacahuètes. Vu la pénurie
de médecins du travail, la solution miracle sera de confier la visite médicale
d'embauche aux médecins généralistes. Quant aux visites médicales périodiques,
prescrites à tous les salariés, qui ont lieu normalement tous les deux ans, la
simplification proposée est... de les espacer encore plus : une visite tous les
quatre ans fera l'affaire. Avant 2011, elles étaient annuelles.
Les
patrons ont encore obtenu plus du gouvernement : les notions d'aptitude et
d'inaptitude professionnelles délivrées par les médecins du travail seront
rectifiées, afin d'être moins contraignantes pour les employeurs. Le patronat
s'est toujours plaint que les avis d'aptitude « avec réserve » les empêchaient
de faire ce qu'ils voulaient. Les voilà sur le point d'obtenir satisfaction.
Enfin, concernant les jeunes apprentis, la procédure actuelle sur les travaux
dangereux, que le gouvernement juge « lourde et complexe », sera remplacée par
un simple régime déclaratif.
À juste
titre, les syndicats de médecins du travail ont jugé ce projet inacceptable et
parlent de régression sociale. C'en est une. Il ne s'agit pas d'embellir
l'actuelle médecine du travail avec tous ses défauts, avec des médecins à la
fois soumis aux impératifs de l'entreprise et à la défense de la santé des
salariés, des visites routinières qui peuvent sembler superflues, des centres
qui repoussent les visites, faute de médecins disponibles.
Il
n'empêche que la nécessité d'avoir une véritable médecine de prévention dans le
domaine du travail est une évidence. Il faudrait davantage de médecins,
davantage de visites, davantage de moyens et d'examens. Il faudrait dépister
les maladies professionnelles et tirer les conséquences pour chaque pathologie
détectée.
Le
gouvernement s'est engagé dans la voie opposée, celle proposée par le patronat.
B. G.
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