Valls
au garde-à-vous devant le patronat
Valls, interrogé sur France 2, a
dit qu’il n’était pas un déserteur et qu’il occuperait son poste de Premier
ministre jusqu’au bout. Mais qu’il reste à la barre ou que, pour réaliser ses
ambitions il l’abandonne, cela ne changera pas d’un iota le sort des classes
populaires. Par contre, il a confirmé qu’il restait toujours le petit soldat
dévoué jusqu’à la corde à la défense des intérêts de l’entreprise ou, pour
mieux dire, au service des intérêts du patronat et des riches.
Il a
redit avec insistance à l’attention du patronat, qui fait semblant de se
montrer inquiet, que le pacte dit de responsabilité tenait toujours et que les
milliards promis arriveraient comme prévu dans les coffres des patrons. Ce qui
n’a pas empêché le Medef, jamais content, de réagir sur le champ, disant que
cela n’allait pas assez vite et que ce n’était pas assez.
Mais
comme il fallait au Premier ministre faire semblant de maintenir la balance
égale, il nous a fait, une nouvelle fois, le numéro de gagnant-gagnant. Il a
essayé de nous convaincre que la relance, dopée par les généreuses subventions
accordées aux entreprises et surtout à leurs actionnaires, allait permettre de
résorber le chômage. Mais qui peut encore être assez naïf pour se laisser prendre
à une telle fable ?
Il
explique, par exemple, que l’accord qui, paraît-il, vient d’être signé dans les
Assurances permettrait la création de 20 000 emplois. En admettant même que
cela se réalise, ce qui est plus que douteux, au final combien y aura-t-il de
ces emplois qui remplaceront des postes actuellement occupés par des
intérimaires ou des précaires ?
C’est ce
même tour de passe-passe qui avait permis à Hollande de prétendre qu’à
Florange, dans les aciéries, l’emploi avait été conservé, alors qu’on avait
jeté à la rue des centaines de travailleurs précaires.
Il en va
de même en ce qui concerne le travail du dimanche, qui va être au cœur du
projet de loi Macron qui va être discuté au prochain conseil des ministres. On
nous dit, là encore, que ce projet vise au bien de tous, à la fois celui des
patrons, des salariés et des clients, riches touristes chinois ou ménages
français, qui n’auraient pas d’autre choix que de faire leurs achats le
dimanche.
Bobards
là encore, démentis par les chiffres. Même si cela favorise le commerce -et
cela se discute-, ce sera surtout celui des grandes surfaces, au détriment des
petits commerçants. Le bilan pour l’emploi risque fort d’être nul, et
probablement négatif. Quant aux commodités que cela procurerait aux acheteurs,
cela reste douteux surtout lorsque la masse des acheteurs potentiels dispose
d’un pouvoir d’achat qui va en s’amenuisant.
Plus
grave, cela va se traduire par une régression des droits des salariés. Au train
où vont les choses, le libre choix laissé aux salariés de ne pas travailler le
dimanche risque de se traduire par l’obligation. La liberté de choix n’est en
fait qu’un mot creux quand des millions de travailleurs ne trouvent pas de
travail.
On nous
serine que ce ne serait pas grand-chose, douze dimanches au lieu de cinq, qu’il
faut savoir se montrer solidaire, voire faire des sacrifices dans cette période
difficile. Cette chanson, on nous la chante depuis des années. Mais le résultat
de cet incessant grignotage réalisé au détriment des classes populaires, on
peut en mesurer les effets aujourd’hui.
D’un
côté, la détérioration des conditions d’existence des classes populaires, dont
une partie grandissante est déjà tombée dans la gêne et parfois dans la misère,
tandis qu’une petite minorité de profiteurs fait étalage d’un enrichissement
toujours plus provocant. Ces derniers ont toutes les raisons de dire merci à
Valls et aux siens.
Le monde
du travail et les classes populaires ont, eux, par contre, toutes les raisons
de perdre patience et de dire haut et fort leurs quatre vérités à ces
profiteurs et à leurs serviteurs politiques.
Sans rien
attendre d’un Valls ou d’on ne sait qui, qui lui succèdera à la tête du
gouvernement.
Sans
attendre non plus quoi que ce soit d’une future échéance électorale prévue pour
dans deux ans, mais pour laquelle les candidats, nombreux, sont déjà en piste.
Oui, il
faut que le monde du travail se donne le moyen de faire entendre ses exigences,
sur le terrain où il est une force, sur le terrain de classe.
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