Seules les luttes pourront changer les choses
Le patronat était
sorti de la première conférence sociale avec un cadeau de 20 milliards de
crédit d’impôt compétitivité et un accord sur la flexibilité. Puis il était
sorti de la seconde en ayant obtenu l’allongement de la durée de cotisation
retraite à 43 ans. Et il commence la troisième déjà satisfait !
Il lui
a suffi de menacer de boycotter la conférence pour imposer d’avance ce qu’il
voulait. Il demandait au gouvernement le report de la mise en place du compte
pénibilité permettant aux travailleurs de partir un tout petit peu plus tôt à
la retraite. C’est accordé. Il voulait plus de liberté pour imposer des temps
partiels. C’est chose faite. Il souhaite la simplification du droit du travail.
Elle est sur la table.
Le
Medef a aussi prévenu : il ne tolèrera aucune « contrainte ». Il
demande à bénéficier au plus vite des 41 milliards de baisses de cotisations et
d’impôts du pacte de responsabilité, mais il ne s’engagera pas à créer le
moindre emploi.
Et
qu’ont répondu Valls et Hollande ? « Oui, maîtres. D’accord,
maîtres ! ». Voilà le dialogue social : une mascarade qui cache
les ordres du patronat.
C’est
ainsi depuis le début du quinquennat Hollande, et avec Valls Premier ministre,
le Medef est encore plus ravi. Valls est l’homme du patronat et il l’assume sans
complexe. Tout comme il revendique fièrement son intransigeance face aux
cheminots et aux intermittents du spectacle. Tout comme il se prépare à
enterrer la SNCM
et à faire pointer les marins au chômage.
En
revenant sur les accords pénibilité pour donner satisfaction au Medef à la
veille d’une conférence sociale, Valls a démontré qu’il se moquait des
confédérations syndicales. Et que font les dirigeants syndicaux ainsi
piétinés ? Ils pleurnichent et… en redemandent !
« Valls
a porté un coup au dialogue social », a regretté Berger de la CFDT. « Ce n’est pas du dialogue
social, c’est du diktat patronal », a déclaré Mailly, dirigeant de FO.
Quant à Lepaon de la CGT ,
il s’est fendu d’une lettre à Hollande pour demander… sa définition du dit
dialogue social.
Les
dirigeants syndicaux ne savent que se lamenter de ne pas être écoutés. Mais où
et quand ont-ils vu que le « dialogue social » était autre chose
qu’une sinistre farce ? Il faut d’ailleurs être un bureaucrate
indécrottable pour voir en Gattaz et ses acolytes, qui ne visent qu’à démolir
les droits des travailleurs et des chômeurs, des « partenaires
sociaux ».
Il
suffit d’être, en entreprises, confrontés à la guérilla patronale, pour
comprendre que dans cette période de crise les patrons sont prêts à tout pour
leurs profits. La seule chose qu’ils veulent négocier, ce sont des baisses de
salaires, des augmentations du temps de travail ou des suppressions d’emplois.
D’expérience,
les travailleurs savent que leurs intérêts ne dépendent pas des réunions au
sommet mais de leur capacité à se défendre collectivement. Alors faire croire,
comme le font certains dirigeants syndicaux, que le sort des travailleurs
dépend de ce genre de grand-messe revient à les désarmer et à trahir leurs
intérêts.
Même
dans les périodes de prospérité économique, le patronat n’a jamais rien donné
aux travailleurs. Tous les droits qui leur ont été accordés ont été conquis de
haute lutte.
Le
dialogue social est une invention de la bourgeoisie, un leurre, une façon de
détourner les exploités des luttes nécessaires. Aujourd’hui, gouvernement et
patronat s’assoient dessus, ils font ce qu’ils veulent et comme ils veulent.
Cela a le mérite d’être clair. Oui, tout est une question de rapport de force.
Les
travailleurs doivent se préparer à retrouver le chemin de la lutte contre un
patronat aussi riche que menteur, contre un patronat qui attaque et qui n’a pas
de limites. À l’instar de la
BNP Paribas , toujours prête à se plaindre quand les salariés
revendiquent mais qui s’apprête à payer au gouvernement américain une amende de
6,4 milliards d’euros, comme s’il s’agissait d’une simple amende de
stationnement !
À
l’instar du groupe Bouygues qui se dit forcé de licencier dans la téléphonie
mais qui était prêt à mettre 15 milliards sur la table pour racheter SFR.
Pour
que tout cet argent cesse de passer de main en main entre bourgeois et soit
utilisé pour créer des emplois avec des salaires et des retraites qui
permettent de vivre, il faudra que les travailleurs en fassent l’objectif de
leurs luttes.
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