lundi 10 février 2014

Editorial des bulletins Lutte Ouvrière d'entreprise du lundi 10 février 2014



La classe ouvrière, la seule force progressiste de la société

Nous savions que le gouvernement socialiste ne faisait rien sans l’accord du patronat. Avec l’abandon du projet de loi sur la famille, on a compris qu’il ne fera rien non plus sans l’accord des plus réactionnaires de ce pays. Les familles qui espéraient un statut des beaux-parents et que l’adoption serait facilitée attendront !
     Cette capitulation devant la réaction n’est pas la première. Le gouvernement a aussi enterré sa promesse d’accorder le droit de vote aux étrangers aux élections municipales. Au prétexte que la droite bloquerait toute réforme au parlement, il a honteusement renoncé à mener le combat.
     Quant à l’immigration ou aux Roms, le gouvernement est passé, avec armes et bagages, sur les positions de la droite, expulsant autant qu’elle et usant de la même démagogie sécuritaire et xénophobe. Quand le gouvernement ne copie pas la droite, il se tait face aux vociférations des conservateurs et s’assoit sur ses engagements.
     Ceux qui en sortent renforcés et toujours plus influents sont les plus réactionnaires. Ceux-là même qui défendent l’idée que chacun doit rester à sa place : les femmes à la maison, les travailleurs à faire ce que l’on leur ordonne, les pauvres avec les pauvres et les étrangers dehors !
     Il est facile de voir où tout cela peut nous conduire en regardant ce qui se passe en Suisse avec le rétablissement des quotas d’immigration, en Espagne avec la remise en cause de l’avortement.
     Toute cette évolution ne reflète pas seulement la lâcheté du gouvernement socialiste. Elle reflète la déliquescence du système capitaliste et de la classe bourgeoise qui en est à la tête.
     « La bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire », disait Marx en 1847, en rappelant comment cette nouvelle classe sociale avait brisé les privilèges et le carcan de la noblesse pour développer la production et les échanges à grande échelle, permettant ainsi le rapprochement de tous les peuples.
     167 ans plus tard, que reste-il de progressiste à la domination de la bourgeoisie ? Même les progrès et les inventions les plus formidables finissent par se retourner contre nous. Si aujourd’hui une fraction de l’humanité meurt de faim ou de maladies bénignes, ce n’est pas faute de produire de la nourriture, ni de savoir soigner. Si des millions de familles sont sans logement, y compris dans les pays le plus riches de la planète, ce n’est pas faute de savoir les construire !
      Le système économique de la bourgeoisie est aujourd’hui en plein marasme et il lui offre peu d’opportunités pour développer ses affaires. Sa prospérité dépend donc de l’aggravation de l’exploitation.
     L’enrichissement de la classe dominante dépend maintenant de l’appauvrissement général de la société, du recul des services publics, et cela s’accompagne inéluctablement du délitement de la société et de sa dégénérescence morale.
     S’opposer à la montée des idées réactionnaires ne peut se faire qu’en s’en prenant au cœur même de ce système aussi injuste que fou. La seule classe capable de le faire et d’offrir à l’humanité une autre organisation sociale est la classe ouvrière.
     Oui, les travailleurs sont la seule force progressiste de notre temps. Mais pour apparaître ainsi, il faut qu’ils reprennent le combat pour leurs intérêts de classe et qu’ils retrouvent la volonté d’imposer leurs exigences communes : un emploi, un salaire, une retraite, un logement et une existence décente. Ces exigences, pourtant modestes, les obligeront à affronter la classe capitaliste, mais s’ils en ont conscience, ils en auront la force.
     Il faut que les travailleurs retrouvent la dignité de ceux conscients d’être à la base de toutes les richesses. Ils sont les seuls dont les exigences sont légitimes car, contrairement à la bourgeoisie parasite qui emmène la société dans le mur, les travailleurs s’échinent à la faire tourner !
      Les travailleurs sont les seuls à n’exploiter personne et leurs intérêts se confondent avec ceux de toute la société, y compris de ceux des travailleurs indépendants, des artisans, des petits commerçants et des paysans dont les revenus dépendent du pouvoir d’achat des salariés.
     En se battant sur leur terrain et en allant jusqu’à contester à la bourgeoisie sa légitimité à diriger, les travailleurs feront progresser toute la société sur le plan matériel et moral, comme ils l’ont toujours fait.
     Car oui, le mouvement ouvrier est porteur de valeurs morales aux antipodes des valeurs de la société bourgeoise. Contre l’individualisme et le chacun pour soi de la société capitaliste, il est porteur de solidarité et de fraternité. Contre l’adoration de l’argent, il porte les intérêts collectifs. Contre le nationalisme, il fait vivre l’internationalisme.

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