La
classe ouvrière, la seule force progressiste de la société
Nous savions que le
gouvernement socialiste ne faisait rien sans l’accord du patronat. Avec
l’abandon du projet de loi sur la famille, on a compris qu’il ne fera rien non
plus sans l’accord des plus réactionnaires de ce pays. Les familles qui
espéraient un statut des beaux-parents et que l’adoption serait facilitée
attendront !
Cette capitulation devant la réaction
n’est pas la première. Le gouvernement a aussi enterré sa promesse d’accorder
le droit de vote aux étrangers aux élections municipales. Au prétexte que la droite
bloquerait toute réforme au parlement, il a honteusement renoncé à mener le
combat.
Quant à l’immigration ou aux Roms, le
gouvernement est passé, avec armes et bagages, sur les positions de la droite,
expulsant autant qu’elle et usant de la même démagogie sécuritaire et
xénophobe. Quand le gouvernement ne copie pas la droite, il se tait face aux
vociférations des conservateurs et s’assoit sur ses engagements.
Ceux qui en sortent renforcés et toujours
plus influents sont les plus réactionnaires. Ceux-là même qui défendent l’idée
que chacun doit rester à sa place : les femmes à la maison, les
travailleurs à faire ce que l’on leur ordonne, les pauvres avec les pauvres et
les étrangers dehors !
Il est facile de voir où tout cela peut
nous conduire en regardant ce qui se passe en Suisse avec le rétablissement des
quotas d’immigration, en Espagne avec la remise en cause de l’avortement.
Toute cette évolution ne reflète pas
seulement la lâcheté du gouvernement socialiste. Elle reflète la déliquescence
du système capitaliste et de la classe bourgeoise qui en est à la tête.
« La bourgeoisie a joué dans
l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire »,
disait Marx en 1847, en rappelant comment cette nouvelle classe sociale avait
brisé les privilèges et le carcan de la noblesse pour développer la production
et les échanges à grande échelle, permettant ainsi le rapprochement de tous les
peuples.
167 ans plus tard, que reste-il de
progressiste à la domination de la bourgeoisie ? Même les progrès et les
inventions les plus formidables finissent par se retourner contre nous. Si
aujourd’hui une fraction de l’humanité meurt de faim ou de maladies bénignes,
ce n’est pas faute de produire de la nourriture, ni de savoir soigner. Si des
millions de familles sont sans logement, y compris dans les pays le plus riches
de la planète, ce n’est pas faute de savoir les construire !
Le système économique de la bourgeoisie
est aujourd’hui en plein marasme et il lui offre peu d’opportunités pour
développer ses affaires. Sa prospérité dépend donc de l’aggravation de
l’exploitation.
L’enrichissement de la classe dominante
dépend maintenant de l’appauvrissement général de la société, du recul des
services publics, et cela s’accompagne inéluctablement du délitement de la
société et de sa dégénérescence morale.
S’opposer à la montée des idées
réactionnaires ne peut se faire qu’en s’en prenant au cœur même de ce système
aussi injuste que fou. La seule classe capable de le faire et d’offrir à
l’humanité une autre organisation sociale est la classe ouvrière.
Oui, les travailleurs sont la seule force
progressiste de notre temps. Mais pour apparaître ainsi, il faut qu’ils
reprennent le combat pour leurs intérêts de classe et qu’ils retrouvent la
volonté d’imposer leurs exigences communes : un emploi, un salaire, une
retraite, un logement et une existence décente. Ces exigences, pourtant
modestes, les obligeront à affronter la classe capitaliste, mais s’ils en ont
conscience, ils en auront la force.
Il faut que les travailleurs retrouvent la
dignité de ceux conscients d’être à la base de toutes les richesses. Ils sont
les seuls dont les exigences sont légitimes car, contrairement à la bourgeoisie
parasite qui emmène la société dans le mur, les travailleurs s’échinent à la
faire tourner !
Les travailleurs sont les seuls à
n’exploiter personne et leurs intérêts se confondent avec ceux de toute la
société, y compris de ceux des travailleurs indépendants, des artisans, des
petits commerçants et des paysans dont les revenus dépendent du pouvoir d’achat
des salariés.
En se battant sur leur terrain et en
allant jusqu’à contester à la bourgeoisie sa légitimité à diriger, les
travailleurs feront progresser toute la société sur le plan matériel et moral,
comme ils l’ont toujours fait.
Car oui, le mouvement ouvrier est porteur
de valeurs morales aux antipodes des valeurs de la société bourgeoise. Contre
l’individualisme et le chacun pour soi de la société capitaliste, il est
porteur de solidarité et de fraternité. Contre l’adoration de l’argent, il
porte les intérêts collectifs. Contre le nationalisme, il fait vivre
l’internationalisme.
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