La
fête s’est prolongée tard dans la nuit de dimanche à lundi sur la place de la Bastille. Mais si,
le lendemain, dans les entreprises la satisfaction d’être débarrassés de Sarkozy
a été largement partagée, l’atmosphère n’était certainement pas à
l’enthousiasme. Même ceux dans l’électorat populaire qui se sont servis du
bulletin de vote en faveur de Hollande pour se débarrasser de l’homme de droite
au pouvoir ne nourrissent pas beaucoup d’illusions à l’égard de Hollande. À
juste raison.
Car si Sarkozy était le président des
riches, Hollande n’est pas pour autant le président des pauvres. Même pendant
sa campagne électorale, il n’a jamais pris d’engagement concret à l’égard des
travailleurs.
Et il y a eu encore moins d’engagement
dans sa déclaration le soir de son élection où il a surtout enfilé des phrases
creuses.
Sarkozy parti, restent les maîtres de
l’économie et de la société : le grand patronat, les banquiers, les grands
groupes industriels et financiers qui ont fait la pluie et le beau temps sous
la présidence de Sarkozy. Comme ils l’ont fait du temps de ses prédécesseurs et
comme ils continueront à le faire sous son successeur.
C’est à cette puissance-là que les
travailleurs auront à s’opposer s’ils veulent défendre leurs conditions
d’existence contre les licenciements, le chômage et l’abaissement de leur
niveau de vie.
Et le grand patronat, les banquiers ne
feront aucun cadeau. Confrontés à la crise de leur économie, ils continueront
leur politique qui consiste à obtenir sur le dos des salariés les profits que
le marché n’est pas capable de leur donner. Même pour favoriser la réélection
de leur candidat de cœur Sarkozy, ils ont à peine pris des gants pour licencier
et fermer des usines pendant la campagne électorale. Ils n’en prendront pas du
tout maintenant que l’élection est terminée.
Ils continueront cette politique jusqu’à
ce qu’ils se heurtent à la résistance du monde du travail, à des grèves, à des
manifestations puissantes. Mais il faut que ces luttes soient conscientes et
visent des objectifs qui renforceraient réellement le rapport de force avec le
patronat en faveur des travailleurs.
Ces objectifs n’ont pas changé avec
l’élection d’un nouveau président. Il est urgent, vital, d’imposer
l’interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans
diminution de salaire.
Il est vital d’imposer une augmentation
générale des salaires et des retraites et leur indexation sur les hausses de
prix.
Il est vital d’imposer le contrôle des
travailleurs et des classes populaires sur les comptes des entreprises pour ne
pas laisser le monopole des décisions à une classe capitaliste irresponsable,
capable de détruire la société pour augmenter ses profits.
À peine l’élection présidentielle
terminée, le Parti socialiste a déjà engagé sa campagne électorale pour les
législatives en cherchant à convaincre l’électorat populaire qu’il est
important de donner à Hollande la majorité à l’Assemblée nationale dont il a
besoin pour mener sa politique.
Ne nous laissons pas piéger, une fois de
plus, par le vote utile. Un député socialiste de plus ou de moins ne changera
rien au fait que l’Assemblée nationale est une chambre d’enregistrement
impuissante face au pouvoir de l’argent.
La droite qui se retrouve dans
l’opposition sera d’autant plus virulente qu’elle a ses cinq ans de
gouvernement à faire oublier. Et elle sera doublée par l’extrême droite. Le
Front national dénonce d’autant plus le système politique qu’il voudrait bien
en faire partie en faisant élire des députés. Mais, jamais, au grand jamais, il
ne s’en prend au système social, à la dictature de la classe capitaliste sur
l’économie et à l’exploitation.
Il ne faut pas laisser à la droite et à
l’extrême droite le monopole de l’opposition. Il faut affirmer les exigences du
monde du travail.
En
occupant la présidence de la
République , après avoir obtenu la majorité au Sénat et avec
une probable majorité à l’Assemblée nationale, le Parti socialiste aura tous
les pouvoirs institutionnels. Mais les travailleurs ont toutes les raisons de
ne pas lui faire la moindre confiance. Ils ne peuvent pas accepter que
continuent les licenciements, l’aggravation du chômage et la dégradation de
leurs conditions d’existence.
Lutte Ouvrière, pour sa part, sera
présente dans les élections législatives à venir afin que l’opposition
politique au pouvoir socialiste ne vienne pas seulement de la droite, mais de
femmes et d’hommes qui sont du côté des intérêts du monde du travail et
n’acceptent pas qu’ils soient bradés.
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