Des installations de sécurité depuis des
années toujours en instance d’être installées
Après la catastrophe de Fukushima
il y a dix ans au Japon, l’Autorité de Sûreté Nucléaire avait imposé en 2012
l’installation, en France, de nouveaux équipements dans les centrales
nucléaires d’EDF. Alors que ces installations devaient être installées avant
2018, l’association Greenpeace dénonce le fait que seulement douze des 23
mesures prescrites aient été mises en place à ce jour.
EDF
se dédouane en mettant en avant un manque de moyens mobilisables pour de tels
travaux. Tiens donc ? Pourtant EDF, ce sont 650 millions de bénéfices nets
en 2020 et 5,2 milliards en 2019. Rien ne saurait écorner les profits d’EDF,
même le risque d’une catastrophe nucléaire.
Un
article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine
Japon :
la catastrophe de Fukushima
10 Mars 2021
Le 11 mars 2011, le tsunami géant
engendré par un tremblement de terre d’une magnitude élevée touchait la côte
nord-est du Japon. La vague dévastait la région, provoquant la mort ou la
disparition de 18 000 personnes. De plus, elle inondait la centrale nucléaire
de Fukushima Daiichi, construite en bord de mer. Vingt-cinq ans après
Tchernobyl, une nouvelle catastrophe nucléaire survenait.
Trois des quatre réacteurs
nucléaires de Fukushima Daiichi fondaient, libérant de la matière radioactive
dans le sous-sol et l’océan voisin. Des explosions répandaient des déchets
radioactifs dans une vaste zone autour de la centrale. 160 000 habitants
de la province de Fukushima devaient être évacués en urgence, laissant derrière
eux toute une vie. Au traumatisme de cette évacuation qui provoqua 44 morts s’ajouta
la crainte de développer des cancers à cause de l’irradiation.
Dix ans plus tard, une vaste
zone, dans un rayon de 20 km autour de la centrale, demeure inhabitable en
dépit des couches de terre et de végétation arasées mais laissées à l’abandon
dans des sacs entassés un peu partout. Les réacteurs détruits restent dangereux
et doivent être refroidis chaque jour. L’un des noyaux radioactifs, le tritium,
ne pouvant être filtré, plus d’un million de m3 d’eau radioactive ont été
accumulés depuis dix ans dans d’immenses citernes stockées sur place. Faute
d’une autre solution, le gouvernement japonais s’apprête à rejeter cette eau
dans l’océan Pacifique.
La centrale nucléaire de
Fukushima, construite dans les années 1970, était exploitée par la société privée
Tepco. Bien avant le séisme, de multiples rapports de l’autorité japonaise de
sûreté nucléaire avaient révélé la présence de pièces défectueuses à changer
d’urgence ainsi qu’un mur de protection trop bas pour résister aux tsunamis,
auxquels le Japon est très exposé. Tepco n’avait jamais réalisé les travaux
exigés mais avait fourni des rapports truqués à des autorités peu regardantes.
La catastrophe de Fukushima était prévisible sinon annoncée.
Pendant et après la catastrophe,
les mensonges et l’opacité de Tepco et de l’État ont perduré. Les dirigeants de
Tepco ont tergiversé avant d’utiliser l’eau de mer pour refroidir les
réacteurs, car cela les condamnait définitivement. Ils ont minimisé l’ampleur
de la radioactivité, retardant les évacuations. Aujourd’hui encore, les données
manquent sur la quantité de substances radioactives rejetées. Traînés devant
les tribunaux par des victimes, les dirigeants de Tepco, liés par mille liens
de complicité à l’appareil d’État et aux juges, ont repoussé les procès puis
s’en sont sortis avec quelques excuses. Aucun n’a été condamné.
L’État qui a pris en charge
l’indemnisation des victimes à la place de la compagnie. C’est encore l’État
qui assume l’essentiel du coût exorbitant de la liquidation de la centrale. Dès
2012, il a injecté 8 milliards d’euros au capital de Tepco, quasi nationalisé
pour sauver les bénéfices des actionnaires.
Pour les riverains victimes de la
catastrophe, l’État japonais n’a eu que mépris. Ainsi l’Université de médecine
de Fukushima minimise aujourd’hui les cas de cancers de la thyroïde chez les
enfants, pourtant multipliés par dix selon certaines études, et met en doute
leur lien avec l’accident. Là encore, les effets décalés dans le temps des
radiations et la capacité de Tepco et du gouvernement à financer des études
contradictoires, jouent contre la population. Dès avril 2011, l’État a relevé
de 1 à 20 millisieverts par an, la dose de radioactivité supposée sans danger
pour autoriser la réinstallation des évacués. Cette dose, référence pour les travailleurs
du nucléaire, est tout d’un coup devenue valable pour des enfants en pleine
croissance.
Ces changements de normes cachent
une question d’argent. Quand les autorités décrètent qu’une ville est de
nouveau habitable, elles suppriment les indemnités versées aux déplacés. Ceux
qui refusent de revenir, inquiets pour leur famille, perdent toute aide. Selon
les sources, entre 30 000 et 50 000 évacués ne sont pas rentrés et ne
l’envisagent pas.
Le mépris est encore plus grand
vis-à-vis des quelque 4 000 travailleurs qui luttent encore aujourd’hui
pour sécuriser la centrale de Fukushima Daiichi.
Dans les premières années après
la catastrophe, jusqu’à 9 000 ouvriers ont été chargés de déblayer des
débris, construire des murs pour contenir la matière radioactive, arroser les
réacteurs. Aux volontaires des premiers jours, souvent mus par l’intérêt
collectif et la protection des habitants de la région, ont succédé des
travailleurs précaires. Embauchés par des sous-traitants en cascade de Tepco,
jusqu’à huit niveaux successifs, ils étaient sous-payés, parfois rackettés par
des intermédiaires ou des sociétés de placement liés aux mafias. Mal protégés
ou exposés à des doses supérieures aux normes, ils devaient en outre travailler
sous de lourdes combinaisons y compris en plein été avec 40 °C à l’ombre.
Le chantier de Fukushima est
devenu une source de profit pour les grandes sociétés du BTP japonais, Kajima
Corp, Obayashi Corp et leurs sous-traitants mais aussi pour Tepco, pourtant
responsable de la catastrophe.
La catastrophe de Fukushima a
suscité colère et inquiétude dans le monde entier. Elle a donné des arguments à
ceux qui militent contre l’usage de l’énergie nucléaire. Poussés par leur
opinion publique, certains gouvernements, comme celui d’Angela Merkel en
Allemagne, avaient dès avril 2011 annoncé l’arrêt, à des termes plus ou moins
rapprochés, de leurs centrales nucléaires. En France, où la part du nucléaire
dans la production d’électricité restait proche de 75 %, le gouvernement
Sarkozy, se faisant le porte-parole d’EDF et de la filière nucléaire, commença
par affirmer que les centrales étaient bien plus sûres en France qu’au Japon.
C’était un grossier mensonge tant le recours à la sous-traitance, la course à
la productivité, la réduction des effectifs et les économies dans la
maintenance d’installations qui vieillissent, tout comme l’absence de
transparence, valent aussi pour les centrales françaises. La forte présence de
l’État au capital d’EDF devenue société privée ne change rien au fait que
celle-ci est gérée comme n’importe quelle entreprise capitaliste. Il en est de
même chez Orano, l’ancienne Areva, spécialisée dans le combustible nucléaire.
Les déboires accumulés de l’EPR de Flamanville avec ses multiples malfaçons
l’illustrent depuis plus de dix ans.
Pour autant, les dangers et les
menaces ne sont pas d’abord ceux d’une technique. La récente panne géante
d’électricité au Texas avec ses conséquences dramatiques pour des millions de
gens ne doit rien au nucléaire mais tout au marché privé et à la loi du profit.
Tant que toute la production, le bâtiment, le transport, dans l’énergie comme
dans les autres domaines, seront entre les mains de capitalistes privés mus par
le profit, la menace d’être empoisonné par l’air que l’on respire ou l’eau que
l’on boit subsistera.
Xavier LACHAU (Lutte ouvrière n°2745)
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