mardi 3 septembre 2019

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise du lundi 2 septembre 2019


Retraites : préparer la riposte du monde du travail



Alors qu’il affichait au début de l’été sa détermination à engager rapidement une réforme des retraites, le gouvernement a changé d’attitude. « On va prendre un an, un petit peu moins d'un an », a déclaré en fin de semaine le ministre de l’Action et des comptes publics Gérald Darmanin. Le même jour, tout en expliquant que le futur projet de loi serait « présenté au Parlement lors des mois qui viennent », le Premier ministre Édouard Philippe a insisté à son tour sur le fait qu’il fallait « prendre le temps d’en parler ».
Le ton et la méthode tranchent avec l’attitude provocante qui était celle de Macron et de ses ministres il y a un an. Entre temps, le mouvement des gilets jaunes et le large soutien dont il a bénéficié ont montré que le mécontentement des classes populaires est général et profond. Le gouvernement redoute qu’il ne se manifeste à nouveau à l’occasion de la réforme des retraites. C’est pourquoi il préfère la repousser au-delà des élections municipales de mars 2020.
Le ballet des rencontres entre représentants du patronat et des organisations syndicales va commencer les 5 et 6 septembre et un calendrier va être annoncé. À ces réunions dans les ministères, le gouvernement parle d’ajouter une « consultation citoyenne », peut-être à la façon du « grand débat » organisé pour servir d’étouffoir à la colère exprimée par les gilets jaunes.
Mais la concertation dont Macron et ses ministres nous rebattent les oreilles ces temps-ci se résume simplement : « Cause toujours, et à la fin je décide ! » Le gouvernement n’a pas renoncé à s’attaquer aux retraites. En se livrant à cette mascarade, il cherche à obtenir la caution des confédérations syndicales et tente de faire croire que son projet bénéficie de l’assentiment de la population.
En juillet, le politicien de droite Jean-Paul Delevoye, actuellement haut-commissaire à la réforme des retraites, a rendu publiques les pistes envisagées : suppression des régimes spéciaux dont bénéficient encore certaines catégories, notamment dans la fonction publique ; la pension ne serait plus calculée sur les 25 meilleures années ou les six derniers mois mais sur toute la carrière, ce qui entraînerait forcément une diminution, et ce calcul reposerait sur un système de points dont le gouvernement se réserverait le droit de fixer la valeur ; instauration d’un « âge pivot » à 64 ans pour obtenir une retraite pleine.
Macron a déclaré récemment que rien n’était décidé et qu’il préférait « qu'on trouve un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l'âge. » Mais augmenter la durée de cotisation revient à retarder l’âge du départ ! Quel que soit le moyen utilisé, le résultat reste le même : faire travailler les salariés plus longtemps, ou les maintenir plus longtemps au chômage, puisque c’est la situation de près de la moitié des plus de 55 ans ; et de toute façon, amputer les retraites de tous.
Le gouvernement prétend mettre en place un système plus juste mais c’est une justice à la sauce patronale, qui consiste à imposer une régression à toutes les catégories de salariés ! La réforme que prépare Macron est un nouvel épisode dans la guerre menée au monde du travail par la classe capitaliste et les gouvernements à son service.
Pour accroître leurs profits dans un contexte de crise et de concurrence exacerbée, les capitalistes font reculer le niveau de vie des travailleurs par tous les moyens, en aggravant l’exploitation, la précarité et en imposant les bas salaires. De leur côté, quelle que soit leur couleur politique, tous les gouvernements n’ont cessé depuis des années de consacrer une part croissante des finances publiques à satisfaire les exigences du grand patronat et des banques. L’éducation, le système de santé, la retraite, tout ce qui est le plus essentiel pour les travailleurs est sacrifié pour favoriser les profits d’une minorité de riches bourgeois !
Des journées de mobilisation sont organisées contre cette réforme des retraites, dont celle proposée par la CGT le 24 septembre. Ce sont des occasions à saisir pour commencer la mobilisation contre l’ensemble des attaques.
Emplois, salaires, retraites : les capitalistes mènent la guerre sur tous les fronts. C’est collectivement, en tant que classe sociale aux intérêts communs, que les travailleurs pourront mettre un coup d’arrêt à cette offensive contre leurs droits et leurs conditions de vie. Nous sommes le nombre, nous faisons fonctionner la société, nous en avons la force si nous en avons conscience.
Montrons au gouvernement qu’il a raison de craindre les réactions de colère des travailleurs !

Drame de Lyon, retraites, éducation, droit des femmes, Nathalie ARTHAUD à LCI-midi hier 2 septembre

Réseau ferroviaire : obsolescence programmée. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière


Réseau ferroviaire : obsolescence programmée

28 Août 2019

Un rapport confidentiel de l’Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF) a été divulgué par Le Parisien. Il confirme que le réseau ferré national continue de se dégrader, après quatre décennies d’abandon.
L’EPSF a réalisé une enquête, entre avril et mai 2019, concernant la maintenance et la sécurité électrique sur 14 000 km, soit près de la moitié du réseau. Sur 413 anomalies de signalisation électrique enregistrées par la SNCF pouvant mettre en cause la sécurité des circulations, l’EPSF révèle que 80 n’ont pas été réparées dans les délais réglementaires, parfois même au bout d’un an. Ainsi les enquêteurs ont découvert des fils électriques rongés sur un passage à niveau et laissés en l’état. Or en 2014, à Denguin, près de Pau, une collision entre un TER et un TGV avait fait 40 blessés, suite à un défaut de signalisation dû à l’action de rongeurs sur les gaines d’isolement des câbles, suivant le rapport de la SNCF. Un cadre cheminot interrogé par le quotidien dit à juste titre : « On dirait que nous n’avons rien appris de l’accident de Denguin. »
Il en va de même pour l’entretien des voies. Des centaines d’anomalies ont été identifiées par la SNCF mais n’ont pas été traitées dans les délais, faute de moyens et d’effectifs. Ainsi, les enquêteurs ont observé des éclisses, les pièces reliant deux rails, avec des boulons desserrés. C’est exactement la cause du déraillement de Brétigny en 2013, qui avait fait sept morts et plus de 30 blessés.
Une bonne partie du réseau est aujourd’hui obsolète en raison des coupes dans les budgets et dans les effectifs d’entretien depuis plusieurs décennies.
Dès les années 1980, les budgets de maintenance ont chuté en moyenne de 3 % par an en valeur réelle. Le nombre de kilomètres de voies renouvelés annuellement était divisé par deux par rapport aux années 1970. En 2005, un audit de polytechniciens de Lausanne indiquait que, en continuant à ce rythme, les deux tiers du réseau allaient disparaître à l’horizon 2025. Réseau ferré de France augmenta ses péages pour financer l’entretien de l’infrastructure, mais l’État en profitait pour diminuer d’autant ses dotations. Malgré des décisions de rénovation depuis 2011, le réseau continue de vieillir. Il faudrait embaucher massivement pour compenser les dizaines de milliers de suppressions d’emplois à l’infrastructure dans cette même période.
Mais les effectifs continuent de baisser à SNCF Réseau. En outre, avec le recours de plus en plus massif à la sous-traitance, à l’éclatement dans des entreprises distinctes, la transmission de compétences devient de plus en plus problématique.
Pour les usagers, les travaux, organisés en urgence et à l’économie, signifient bien souvent la fermeture partielle ou totale de nombreuses lignes pendant plusieurs mois. Et sur 5 600 kilomètres de lignes, plus du quart du réseau, la vitesse est réduite en raison de l’état catastrophique de la voie.
Non seulement la bourgeoisie n’investit plus mais, avide d’argent public, elle a dissuadé l’État de le faire. Encore plus que le réseau ferré, c’est le capitalisme qui est obsolète.

                                      Christian BERNAC (Lutte ouvrière n°2665)

La Poste à Argenteuil : une catastrophe pour laquelle la municipalité déclare ne rien pouvoir faire


La question n’est pas de geindre

 
Une certaine idée du combat...

Un article du Parisien-95 portait hier sur la réduction drastique des antennes de La Poste sur la commune d’Argenteuil. Les deux derniers épisodes de cette série sont la fermeture de la poste historique de la rue Antonin-Georges-Belin, et de l’autre poste du centre, celle de la rue Paul-Vaillant couturier. Le pire, si l’on peut dire, est que les quatre distributeurs automatiques de La Poste (deux pour chaque poste supprimée) ont été eux-mêmes supprimés.
         La Poste rétorque qu’il y a dorénavant un nouveau bureau au premier étage de Côté Seine, et qu’elle y multiplié les distributeurs. Mais comment fait-on lorsque le centre commercial est fermé et que l’on veut s’approvisionner dans les DAB de La Poste.
         Lamentable situation !
         Interrogée, la municipalité se lamente, geint, et déclare ne rien pouvoir y faire !
         Mais elle qui a l’information facile lorsque ça l’intéresse, elle ne pouvait pas chercher à informer la population comme nous l’avons fait depuis des mois sur la question, et avec ses moyens importants, tenter au moins de la mobiliser !
         Effectivement, c’est ce que tenterait de faire une municipalité ouvrière soucieuse des intérêts de la population. Mais effectivement, comme chacun sait, elle n’est pas une municipalité ni ouvrière ni solidaire des difficultés de la population.

SNCF, travaux de nuit, quand elle travaille, une seule classe ouvrière


L’œuvre humaine



Avant-hier au soir dimanche, je suis arrivé à la gare d’Argenteuil à 22 heures 30 passées. Les voyageurs revenaient pour la plupart d’une virée à Paris, d’un week-end provincial comme moi ou étaient encore sur le chemin du retour avant la rentrée scolaire d’hier.
         A la gare d’Argenteuil-centre, quel chantier ! Et nuit de dimanche à lundi ou pas, les travailleurs en gilet orange ne chômaient pas à l’heure où chacun allait se mettre douillettement au lit.
         Là encore, travailleurs de tous statuts, de tous métiers de la construction, de toutes origines, ne portant pas ces petites différences sur leur gilet, mais œuvrant tous ensemble dans la nuit pour améliorer une gare au bénéfice de tous, lesquels utilisateurs n’ayant pas forcément un regard et la mémoire de cette œuvre utile à tous, et de ses auteurs.
         La classe ouvrière, une, créatrice pour l’humanité, sans laquelle rien ne serait produit.

lundi 2 septembre 2019

Éducation : une scolarisation très inégalitaire…


… A l’image d’une société inégalitaire de classes

 


Des millions d’élèves, d’enseignants, de personnels de l’éducation commencent une nouvelle année scolaire aujourd’hui.
         Les conditions dans lesquelles ils vont la poursuivre durant les dix mois qui viennent sont profondément inégalitaires.
         Le fossé n’a cessé de s’agrandir entre l’École publique et l’École privée qui dispose de bien davantage de moyens et qui en plus attire non seulement les milieux de la bourgeoisie et de ses serviteurs mais une fraction importante des couches aisées de la population. Nous pouvons le constater à Argenteuil comme ailleurs.
         Dans une ville comme Argenteuil, non seulement la pauvreté s’est développée, mais les conditions de l’école élémentaire qui repose sur les communes n’ont pas cessé de se dégrader. La hausse des effectifs des classes et des groupes scolaires est un fléau majeur. Elle caractérise non seulement les écoles primaires mais également les maternelles. La politique des CP ou des CE1 à 12 (rarissimes, à 15 bien davantage) ou avec deux enseignants dans la classe, ne concerne qu’une minorité de classes. Quant aux maternelles, la réduction du nombre d’ATSEM et les effectifs insuffisants de personnels de restauration ont des conséquences catastrophiques.
         Offrir les mêmes conditions d’accès à la connaissance et à la culture n’a jamais été la volonté des serviteurs de la bourgeoisie, parce que leur action, c’est une évidence, n’a jamais été de liquider l’inégalité sociale.
         Alors tous ceux qui se battent pour qu’il y ait davantage de moyens partout pour l’École ont bien raison de le faire. Ils peuvent obtenir des concessions et des améliorations partielles. Mais, pour que cette École change, et devienne celle de l’égalité et de l’émancipation personnelle et collective des jeunes, il faudra liquider le pouvoir de la classe aujourd’hui dominante, la bourgeoisie. Avec les moyens d’une société riche, l’École deviendra, alors seulement, celle de l’égalité pour tous.
         Bonne rentrée néanmoins à tous !

Grande Bretagne : Boris Johnson : perfide comme les siens


Des règles dites « démocratiques » tellement élastiques et manipulables

 


Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a annoncé une longue suspension du parlement britannique de mi-septembre au 14 octobre. D'ordinaire, cette suspension ne dure que deux semaines en septembre. Mais pour pouvoir imposer sa formule du Brexit, Johnson a décidé de prolonger les vacances des parlementaires, qui n'auront plus que deux semaines pour discuter et éventuellement contester son projet, avant un vote qui devrait avoir lieu du 31 octobre.
Cette suspension, approuvée par la reine Élisabeth II, soulève l'indignation de nombreux députés, de l'opposition et même du parti conservateur auquel appartient Johnson qui parlent d'une grave atteinte à la démocratie. C'est faire beaucoup d'honneur à ces règles dites démocratiques, tellement élastiques et manipulables qu'elles autorisent tout et son contraire. Cela doit servir de leçon.

Hôtel Ibis Clichy-Batignolles : Un mois de grève


Des exploiteurs drôles d’oiseaux

 


La vingtaine de femmes de chambre et gouvernantes de l’hôtel Ibis-Batignolles, dans le 17e à Paris, ont fêté leur premier mois de grève samedi 17 août. Leur détermination était toujours intacte. 
La société sous-traitante STN qui les emploie exige des femmes de chambre de nettoyer trois chambres et demie en une heure, ce qui s’avère mission impossible. Si elles ne parviennent pas à faire le travail dans les temps, les dépassements horaires ne sont pas comptabilisés. Les conditions de travail provoquent des problèmes de dos et des tendinites. À cela s’ajoutent le mépris de la direction, le harcèlement quotidien.
Les femmes de chambre exigent la fin de ces cadences infernales, le paiement à l’heure effectuée, une prime-panier de 7,24 euros, et aussi bien sûr l’arrêt des mutations forcées. Face au mépris de STN et du groupe Accor, les salariées ne sont pas prêtes à renoncer. Au son du tam-tam et des tambours, elles animent l’entrée de l’hôtel, gardée par des vigiles, dont l’embauche, d’après certaines, est l’un des acquis de la grève.