Retraites
: préparer la riposte du monde du travail
Alors qu’il affichait au début de
l’été sa détermination à engager rapidement une réforme des retraites, le
gouvernement a changé d’attitude. « On va prendre un an, un petit peu
moins d'un an », a déclaré en fin de semaine le ministre de l’Action et
des comptes publics Gérald Darmanin. Le même jour, tout en expliquant que le
futur projet de loi serait « présenté au Parlement lors des mois qui
viennent », le Premier ministre Édouard Philippe a insisté à son tour sur
le fait qu’il fallait « prendre le temps d’en parler ».
Le ton et la méthode tranchent
avec l’attitude provocante qui était celle de Macron et de ses ministres il y a
un an. Entre temps, le mouvement des gilets jaunes et le large soutien dont il
a bénéficié ont montré que le mécontentement des classes populaires est général
et profond. Le gouvernement redoute qu’il ne se manifeste à nouveau à
l’occasion de la réforme des retraites. C’est pourquoi il préfère la repousser
au-delà des élections municipales de mars 2020.
Le ballet des rencontres entre représentants
du patronat et des organisations syndicales va commencer les 5 et 6 septembre
et un calendrier va être annoncé. À ces réunions dans les ministères, le
gouvernement parle d’ajouter une « consultation citoyenne »,
peut-être à la façon du « grand débat » organisé pour servir
d’étouffoir à la colère exprimée par les gilets jaunes.
Mais la concertation dont Macron
et ses ministres nous rebattent les oreilles ces temps-ci se résume
simplement : « Cause toujours, et à la fin je décide ! » Le
gouvernement n’a pas renoncé à s’attaquer aux retraites. En se livrant à cette
mascarade, il cherche à obtenir la caution des confédérations syndicales et
tente de faire croire que son projet bénéficie de l’assentiment de la
population.
En juillet, le politicien de
droite Jean-Paul Delevoye, actuellement haut-commissaire à la réforme des
retraites, a rendu publiques les pistes envisagées : suppression des
régimes spéciaux dont bénéficient encore certaines catégories, notamment dans
la fonction publique ; la pension ne serait plus calculée sur les 25
meilleures années ou les six derniers mois mais sur toute la carrière, ce qui
entraînerait forcément une diminution, et ce calcul reposerait sur un système
de points dont le gouvernement se réserverait le droit de fixer la
valeur ; instauration d’un « âge pivot » à 64 ans pour obtenir
une retraite pleine.
Macron a déclaré récemment que
rien n’était décidé et qu’il préférait « qu'on trouve un accord sur la
durée de cotisation plutôt que sur l'âge. » Mais augmenter la durée de
cotisation revient à retarder l’âge du départ ! Quel que soit le moyen
utilisé, le résultat reste le même : faire travailler les salariés plus
longtemps, ou les maintenir plus longtemps au chômage, puisque c’est la
situation de près de la moitié des plus de 55 ans ; et de toute façon,
amputer les retraites de tous.
Le gouvernement prétend mettre en
place un système plus juste mais c’est une justice à la sauce patronale, qui
consiste à imposer une régression à toutes les catégories de salariés ! La
réforme que prépare Macron est un nouvel épisode dans la guerre menée au monde
du travail par la classe capitaliste et les gouvernements à son service.
Pour accroître leurs profits dans
un contexte de crise et de concurrence exacerbée, les capitalistes font reculer
le niveau de vie des travailleurs par tous les moyens, en aggravant
l’exploitation, la précarité et en imposant les bas salaires. De leur côté,
quelle que soit leur couleur politique, tous les gouvernements n’ont cessé
depuis des années de consacrer une part croissante des finances publiques à
satisfaire les exigences du grand patronat et des banques. L’éducation, le
système de santé, la retraite, tout ce qui est le plus essentiel pour les
travailleurs est sacrifié pour favoriser les profits d’une minorité de riches
bourgeois !
Des journées de mobilisation sont
organisées contre cette réforme des retraites, dont celle proposée par la CGT
le 24 septembre. Ce sont des occasions à saisir pour commencer la mobilisation
contre l’ensemble des attaques.
Emplois, salaires,
retraites : les capitalistes mènent la guerre sur tous les fronts. C’est
collectivement, en tant que classe sociale aux intérêts communs, que les
travailleurs pourront mettre un coup d’arrêt à cette offensive contre leurs
droits et leurs conditions de vie. Nous sommes le nombre, nous faisons
fonctionner la société, nous en avons la force si nous en avons conscience.
Montrons au gouvernement qu’il a
raison de craindre les réactions de colère des travailleurs !
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