L'Europe
forteresse condamne les migrants et tous les travailleurs
Les dirigeants de l’Union
européenne ont laborieusement accouché d’un accord sur ce qu’ils appellent la
crise migratoire. Il confirme tous les dispositifs qui font la honte de cette
Europe des riches. L’accord veut continuer à confiner les migrants dans les
pays les plus pauvres du globe et criminalise toujours plus les femmes, les
enfants et les hommes fuyant la misère et la guerre.
Les gouvernements européens
auxquels l’extrême-droite participe sortent triomphants de ce sommet. Quant à
ceux qui, comme Macron, se prétendent gardiens d’un idéal européen, ils sont
méprisables à force d’hypocrisie. Ils ne sont pas avares de grandes phrases sur
les dangers du nationalisme et de la xénophobie mais empruntent le discours de
l’extrême droite pour justifier le même rejet des migrants.
Macron refuse ainsi d’ouvrir les
ports français aux navires transportant des migrants sauvés par les ONG, qu’il
accuse de faire le jeu des passeurs en prenant en charge les rescapés. Mais ce
qui fait le jeu des trafiquants de vies humaines, c’est la politique des
grandes puissances qui cadenassent leurs frontières et transforment en crime le
fait de fuir la misère !
La crise des migrants est une
crise politique. Ce n’est pas par manque de moyens que la riche Europe se
refuse à offrir un accueil digne aux migrants, dont le nombre d’arrivées a
diminué depuis 2015. Les mesures antimigrants sont le seul argument politique
de nombreux gouvernements. Salvini, nouveau ministre de l’Intérieur italien et
dirigeant d’un parti d’extrême droite, en est l’illustration. Il présente sa
politique toujours plus dure contre les migrants comme le moyen d’assurer une
vie meilleure aux Italiens. Dans le même temps, il explique que la lutte contre
la précarité, dont son gouvernement prétendait faire une priorité, ne doit pas
être une menace pour les entrepreneurs. Un message que les patrons italiens
reçoivent cinq sur cinq et dont les travailleurs ont eux aussi intérêt à tirer
les leçons !
Car c’est au nom du chômage et du
recul des conditions de vie et de travail dans les pays d’Europe que les
politiciens de tout bord justifient la chasse aux migrants. C’est au nom des
intérêts des pauvres d’ici qu’ils justifient le rejet de plus pauvres venus d’ailleurs.
Les politiciens responsables des mesures qui appauvrissent depuis des décennies
les travailleurs prétendent ainsi les protéger avec ces mesures abjectes !
Mais transformer l’Europe en
forteresse interdite aux migrants ne protègera aucun travailleur du chômage et
de la précarité. Le rejet des migrants ne mettra aucune famille populaire à
l’abri des fins de mois impossibles à boucler. Cette aggravation de nos
conditions de vie, ici, dans les pays les plus riches de la planète, est le
résultat de la guerre sociale que les gouvernements successifs nous mènent,
pour que la bourgeoisie maintienne et augmente ses profits.
Les profits sont mirobolants et
les chiffres d’affaires des grands groupes du CAC 40 repartent à la hausse.
Oui, les actionnaires des grands groupes, les propriétaires des capitaux, se
gavent comme jamais. Mais leur économie reste en crise et les investissements
productifs n’ont même pas retrouvé le niveau précédant l’effondrement de 2008.
Les conséquences, ce sont les travailleurs qui les paient, par la suppression
des quelques droits acquis auparavant dans les pays les plus riches et par
l’aggravation de l’exploitation partout.
Le capitalisme en crise plonge
toute la société dans le chaos. La guerre économique que se livrent les grands
groupes capitalistes dans l’arène mondiale condamne les trois quarts de
l’humanité à la misère. Même ici, dans la cinquième puissance économique
mondiale, les travailleurs font face à l’écroulement de leur niveau de vie.
Dans plusieurs régions du monde,
la guerre économique se transforme en guerre tout court. Les grandes puissances
interviennent directement ou par bandes armées interposées, pour maintenir leur
domination et protéger les intérêts de leurs capitalistes.
Oui, toute la société va mal.
L’odyssée des migrants est un aspect dramatique de la catastrophe sociale qui
menace tous les travailleurs.
Alors, ne nous trompons pas
d’ennemis, refusons de nous laisser diviser entre pauvres ! Exploités
confrontés aux bombes et à la misère et poussés sur les routes de l’exil, ou
exploités nés ou installés depuis longtemps dans les pays riches, nous avons
les mêmes intérêts. Nous avons une même lutte à engager contre la domination de
la minorité capitaliste qui pousse toute la société vers l’abîme.