Contre la montée réactionnaire, la
classe ouvrière doit se faire entendre
Du racisme à l’homophobie en passant par l’antisémitisme
et l’opposition à l’avortement, tout un tas d’idées réactionnaires refont
surface.
Dimanche
dernier, on a vu manifester de nouveau les bigots et les dévots, les
nostalgiques de la France
de papa, les bourgeois des beaux quartiers. Cette fois, ils ont défilé contre
le fait d’ouvrir aux couples de femmes la procréation médicalement assistée et
contre la gestation pour autrui… mesures que le gouvernement n’a nullement
l’intention de prendre.
Pour imposer leur vision conservatrice et réactionnaire de
la vie et de la famille, ces bien-pensants se saisiront de tous les prétextes,
et, s’il le faut, ils en inventeront !
Le week-end
précédent, ce sont les intégristes catholiques anti-avortement qui avaient
manifesté avec les groupuscules d’extrême-droite, vomissant leur antisémitisme.
Ils étaient accompagnés des partisans de Dieudonné, pas gênés d’être aux côtés
des pires racistes anti-musulmans et anti-arabes.
Et c’est sans
parler de la manipulation grotesque laissant croire qu’un lobby homosexuel
avait pris le pouvoir à l’école primaire pour pervertir les enfants ! Tous
ces fantasmes et toutes ces idées s’alimentent les uns les autres.
L’UMP et le
Front national sont restés à distance de ces manifestations, ne voulant pas
assumer les propos réactionnaires, voire fascisants de certains participants.
Mais leurs militants ne se gênent pas pour en être ! En réalité, les uns
et les autres prospèrent sur le même terreau et se confortent mutuellement. Aux
uns, la rue et les outrances, aux autres, le parlement et le discours châtié,
pour défendre les mêmes préjugés obscurantistes, ceux-là même qui ont fait les
beaux jours du régime de Vichy et du « Travail Famille
Patrie » .
Tous ces
gens-là font ressurgir des débats que l’on pouvait croire derrière nous. Leurs
idées représentent un danger car, comme on le voit en Espagne avec les menaces
sur le droit à l’avortement, le recul des idées peut vite nous renvoyer 30, 40
ans en arrière.
Il en va de même pour les idées racistes et
antisémites, et ceux qui font mine de s’en amuser sont des irresponsables. La
banalisation de ces idées représente un danger pour les travailleurs car elle
ouvre un champ de manœuvres à la droite la plus hostile au mouvement ouvrier.
Pour l’heure, « les
plus réactionnaires s’en tiennent à proclamer « leur vision de la
civilisation », mais demain, ils voudront régenter les mœurs et
imposer leur loi, contre les travailleurs immigrés d’abord puis contre tous les
travailleurs. Car si, pour ces gens-là, les femmes sont vouées à être
uniquement des mères de famille, les travailleurs, eux, sont voués à
l’exploitation et à obéir !
Face au danger
de la montée des idées réactionnaires, il n’y a rien à attendre d’un
gouvernement qui a enterré le droit de vote des étrangers, et rien à attendre
de Valls. Oh, il se fait le chantre de la République ! Mais qui a regretté qu’il
manquait « des Blancs » dans la ville d’Évry ? Valls !
Quant à sa sortie sur les Roms « incapables de s’intégrer »,
elle a les relents du racisme des années 1930. Alors, avant de faire la leçon
au monde entier, le Parti socialiste devrait balayer devant sa porte.
La remise en
cause des droits des femmes, la résurgence de la xénophobie et de
l’antisémitisme sont l’expression du recul dans lequel nous entraîne la société
capitaliste. Cela va de pair avec la montée du chômage et de la pauvreté, avec
la mise en concurrence des travailleurs et le repli sur soi qui s’en suit.
Sans une
réaction collective et massive des exploités, la société reculera,
matériellement et moralement. L’absence de luttes laisse libre cours à un bon
nombre d’idées réactionnaires. Inversement, la vitalité et l’intensité des
mobilisations ouvrières font reculer jusqu’aux préjugés les plus tenaces.
Les plus
anciens se souviennent de Mai 68, tant décrié par ceux qui battent aujourd’hui
le pavé : c’était tout à la fois une grève générale de la classe ouvrière
et un bouillonnement progressiste sur le plan des idées et des valeurs.
Aujourd’hui,
les réactionnaires apparaissent comme les seuls à vouloir se battre contre le
gouvernement, à s’organiser et à se donner les moyens de peser. Si l’on veut
que la société aille de nouveau de l’avant, le monde du travail doit se
manifester sur son terrain, celui de l’émancipation sociale.
Seules les
luttes collectives contrebalanceront le climat nauséabond actuel car c’est au
travers du combat contre l’exploitation que les travailleurs mesurent que ce
qui les unit est plus fort que ce qui les différencie.