Entre rentabilité capitaliste et santé publique, le
gouvernement a choisi la rentabilité
« Cela
devait arriver ». Voilà ce que disent les habitants de Lacapelle-Marival
dans le Lot quand ils apprennent qu’une de leurs voisines a perdu son bébé
entre son domicile et la maternité située à plus d’une heure de route. Voilà ce
que disent les pompiers qui ont dû procéder à plusieurs accouchements depuis
que la maternité la plus proche a fermé.
Ceux qui s’opposent aux fermetures de
maternités et d’hôpitaux dans les zones rurales en témoignent : les
pouvoirs publics qui prennent les décisions de fermeture sont prévenus des
dangers. Mais entre les risques pour la santé publique et les économies que
cela représente, ils choisissent les économies. Ce sont des choix criminels.
En 1975, il y avait 1 370 maternités,
aujourd’hui il n’y en a plus que 535. Les plus hypocrites justifient les
fermetures par le fait que les maternités à moins de 300 accouchements par an
ne seraient pas assez sûres. Mais accoucher dans une voiture, sur une aire
d’autoroute, n’est certainement pas mieux ! Quant aux autres, ils le
disent ouvertement : il s’agit de rationaliser et de rentabiliser le
fonctionnement des hôpitaux.
Hollande et Marisol Touraine, la ministre
de la Santé,
ont déploré « une situation dramatique ». Mais comme la droite, la
gauche a une responsabilité écrasante dans cette situation. De 1997 à 2002, le
gouvernement Jospin en a fermé, lui aussi, des maternités et des hôpitaux de
proximité. Les franchises médicales, le forfait hospitalier, les
déremboursements, les restrictions drastiques sur la santé, c’est autant de la
responsabilité de la gauche que de la droite.
Et combien d’autres drames passés sous
silence ? Faute de places dans les hôpitaux, les malades se font faire les
poches par les cliniques privées et les médecins en secteur libre qui
pratiquent les dépassements d’honoraires.
Combien de personnes renoncent à des soins
ou à des médicaments parce qu’ils ne peuvent plus se payer de mutuelle ?
Combien ne peuvent consulter un spécialiste, ne serait-ce qu’un dentiste, parce
qu’ils n’ont pas l’argent ou parce qu’il n’y en a pas comme dans les zones
rurales et dans certaines banlieues populaires transformées aussi en déserts
médicaux ?
Les caisses de l’assurance maladie, de la
vieillesse et des allocations familiales, comme celle du chômage, sont
alimentées principalement par les cotisations sociales. Payées pour partie par
les patrons et pour partie par les salariés, ces cotisations représentent du
salaire différé qui doit revenir aux travailleurs.
Diminuer les cotisations patronales, comme
le demande le patronat et comme l’envisage le gouvernement, serait un cadeau
aux patrons mais une perte sèche pour les travailleurs. Car si les cotisations
versées par le patronat ne rentrent plus, qui paiera alors pour les hôpitaux,
pour les médicaments, pour les aides au logement, pour les crèches, pour les
retraites ?
Il y a déjà, annuellement, plus de 30
milliards d’exonérations de cotisations, alors alléger encore de plusieurs
milliards la facture des patrons et les transférer sur d’autres impôts serait
un vol de plus sur les salaires et une agression contre la protection sociale.
Alors si les patrons veulent être plus compétitifs dans la guerre commerciale
qu’ils se mènent, qu’ils rognent sur leurs marges bénéficiaires ! Mais la
santé, la retraite et les besoins vitaux des classes populaires n’ont pas à
être sacrifiés sur l’autel de leur compétitivité.
Marisol Touraine prétend faire de la
défense de l’hôpital public son cheval de bataille. Mais a-t-elle prévu des
embauches de personnel hospitalier ? Non. Elle s’est engagée à ce « qu’aucun
Français ne soit à plus 30 minutes de soins d’urgence », mais a-t-elle
programmé le financement de centres de santé de proximité ? Non. Le
gouvernement a, au contraire, prévu de faire 657 millions d’économies sur les
hôpitaux. Et si la ministre ne parle pas de « rentabilité », elle dit
vouloir « renforcer l’efficience interne des établissements ».
Où est la différence ?
Tout doit-il être rentable dans cette
société ? L’éducation, la santé doivent-elles être rentables ? Est-ce
que s’occuper des anciens atteints d’Alzheimer, cela doit être rentable ?
Est-ce que soigner les malades d’un cancer, cela doit être rentable ? Bien
sûr que non !
Le bon fonctionnement des services publics
a été pendant longtemps un des indices les plus sûrs du degré de développement
d’un pays et même du degré de civilisation. Ne laissons pas les capitalistes et
leurs serviteurs au pouvoir la faire reculer