Imposons au patronat la répartition du travail entre tous
Le gouvernement a annoncé l'entrée en vigueur prochaine de sa réforme de l'assurance-chômage. À partir de juillet, un changement du mode de calcul entraînera une baisse des allocations pour 40 % des bénéficiaires. À partir d'octobre, il faudra avoir travaillé plus longtemps pour avoir droit à une allocation.
Le gouvernement prétend ainsi favoriser le retour à l'emploi, Comme si les chômeurs s'installaient dans le chômage au lieu de chercher un travail ! Il s'agit en réalité, par cette « réforme », d'économiser plus d'un milliard d'euros sur le dos des chômeurs.
La lutte contre le chômage supposerait une toute autre politique : imposer au patronat la répartition du travail entre tous, en prenant sur les profits des capitalistes pour que tous les travailleurs aient un salaire suffisant pour vivre. Mais obtenir cela de nos gouvernants, c'est demander du lait à un bouc.
Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine
Réforme de l’indemnisation du chômage : une attaque en règle contre tous les travailleurs
03 Mars 2021
Mardi 2 mars, la ministre du Travail, Élisabeth Borne, communiquait aux confédérations syndicales et patronales le contenu de la réforme de l’indemnisation du chômage qu’elle comptait imposer. La première partie de cette réforme prendrait effet au 1er juillet 2021.
Cela concernerait le mode de calcul de l’indemnité versée aux salariés privés d’emploi. Le reste de cette réforme, définissant les droits à l’indemnisation, encore plus catastrophique dans ses effets, n’entrerait en application que « lorsque l’activité économique sera stabilisée », en clair quand le gouvernement le jugera bon.
Le nouveau mode de calcul du montant de l’indemnité chômage, connu depuis juillet 2019 et que le gouvernement cherche à imposer depuis, devrait entraîner une perte d’au moins 20 % sur le montant de l’indemnité versée aux salariés qui s’inscrivent à Pôle emploi. C’est l’organisme qui supervise ce paiement, l’Unedic elle-même, qui l’a calculé. En effet, au lieu de prendre comme référence le salaire des douze derniers mois reconstitué (chômage, maladie et autres absences étant neutralisés), dorénavant ce serait le salaire effectivement touché sur les 24 derniers mois qui serait pris en compte. L’Unedic a calculé que 38 % des nouveaux chômeurs indemnisés seraient touchés par cette baisse.
Cette mesure ne serait pas rétroactive, et ne toucherait pas les chômeurs indemnisés avant cette date. Cela aurait été le bouquet, mais pas impossible.
La deuxième partie de la réforme, mise en suspens pour le moment, est encore plus lourde de menaces. Au lieu d’avoir des droits ouverts avec quatre mois de travail les 28 derniers mois, ce serait six mois de travail exigés dans les 24 derniers mois. Le système actuel de recharge des droits à indemnisation au fur et à mesure des nouveaux contrats pour un travailleur précaire, intérim, CDD, ou autre, disparaîtrait. Cette seule mesure permettrait, selon le gouvernement, d’économiser jusqu’à 3,6 milliards d’euros, aux dépens des millions de travailleurs qui verraient aussi l’ouverture du droit à être indemnisé remise en cause et seraient alors précipités dans la misère.
Cette réforme en cours est non seulement une menace pour les travailleurs licenciés qui vont se retrouver au chômage, mais pour l’ensemble de la classe ouvrière. Car, au-delà des économies que le gouvernement entend faire sur le dos des chômeurs, il y a la volonté de rendre toujours plus précaire la situation de tous les travailleurs. Pour le gouvernement et surtout pour les capitalistes qu’il sert, cette menace de tout perdre est le moyen de peser sur le moral de toute la classe ouvrière en vue de faire accepter le maximum de sacrifices à tous. Alors, il n’y a pas les chômeurs présents ou futurs d’un côté, et de l’autre, le reste des travailleurs : il y a l’ensemble de la classe ouvrière, qui se doit de faire face dans l’unité à toutes ces attaques.
Paul
SOREL (Lutte ouvrière n°2744)
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