Hôpitaux
: prime à la division
10 Juin 2020
Pour essayer de calmer la colère
des travailleurs hospitaliers, le gouvernement a prétendu répondre à leur
revendication d’augmentation des salaires par une prime de 1 500 euros.
Cette prime, versée une seule
fois, n’a rien à voir avec l’augmentation générale des salaires de l’ordre de
300 euros par mois que réclament depuis plus d’un an d’abord le personnel des
services d’urgence, puis l’ensemble des hospitaliers qui se sont massivement
mobilisés à la fin de l’année 2019 et sont appelés à le faire à nouveau le 16
juin.
Mais, entre les annonces faites
par le ministre de la Santé et le versement de la prime, il y a un abîme.
D’abord le ministère a découpé le pays en deux parties, dont une grande où la
prime ne serait pas versée intégralement.
Puis, nombre de directeurs
d’hôpitaux l’ont modulée pour en exclure une partie du personnel, par exemple
les non-soignants, tels les administratifs ou ceux qui font le ménage ou la
cuisine. Les salariés des sous-traitants, qui travaillent pourtant en
permanence dans les hôpitaux, ont aussi été exclus du bénéfice de la prime.
C’est aussi le cas de soignants venus du Sud ou de l’Ouest pour prêter
main-forte aux hôpitaux de l’Est ou de l’Île-de-France.
Par endroits, c’est le personnel
des hôpitaux psychiatriques qu’on a voulu priver de cette prime. Ailleurs, elle
n’a été versée qu’incomplètement, punissant ceux qui ont été malades entre la
mi-mars et la mi-mai. Ailleurs encore, ce sont les travailleurs à risque
(diabétiques, en rémission de cancer, ou en surpoids, etc.), qui ne la touchent
pas, sous prétexte qu’ils ont été placés en arrêt maladie pendant toute la
durée de la crise du Covid, alors qu’ils subissent pourtant depuis des années
les restrictions en vigueur dans les hôpitaux, comme leurs collègues.
Cette prime, en quelque sorte à
la carte, a suscité bien des discussions dans les hôpitaux, et parfois des
mobilisations locales pour qu’elle soit versée intégralement à tous, indépendamment
du lieu, de la fonction ou du statut. Les plus conscients des hospitaliers ont
pu vérifier que, bien loin de résoudre la question du pouvoir d’achat, les
primes sont des armes destinées à diviser les travailleurs.
Lucien DÉTROIT (Lutte ouvrière n°2706)
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