Municipales
: rien à en attendre
03 Juin 2020
Après bien des hésitations, le gouvernement
a finalement décidé que le deuxième tour des élections municipales se tiendrait
le 28 juin, si les conditions sanitaires le permettent, pour les 4 922 communes
n’ayant pas élu leur conseil municipal au premier tour. Ces élections
préoccupent fortement les politiciens et leur tenue a été l’objet d’une
véritable bataille de chiffonniers.
Le maintien du premier tour, en
pleine épidémie et à deux jours du confinement, avait provoqué de nombreuses
critiques, provenant parfois des mêmes politiciens qui avaient poussé à
l’organiser. Pour le second tour, le gouvernement a d’abord tenté de se
prémunir contre une nouvelle polémique en proposant un débat parlementaire,
histoire d’obliger les députés à s’impliquer avec lui. Le débat a été refusé
par une grande partie desdits députés, trop contents de laisser le gouvernement
choisir seul de convoquer le deuxième tour et risquer ainsi d’être accusé
d’irresponsabilité en cas de contaminations pendant son déroulement.
Le gouvernement a donc marché sur
des œufs, tiraillé entre le Conseil scientifique qui évoque des « risques
sanitaires importants » inhérents à la campagne électorale, et les
pressions contradictoires d’une partie du monde politicien. Une vingtaine de
députés LREM, La France Insoumise, Debout la France ou UDI, qui n’ont que peu
ou pas de candidats en lice après le premier tour, s’opposaient ainsi à la
tenue du deuxième avant l’été. Le Parti socialiste et Les Républicains, souvent
arrivés en tête le 15 mars, poussaient au contraire à sa convocation rapide, de
manière à éviter de devoir refaire le premier tour, comme la Constitution
l’exigerait passé un certain délai.
La pression venait aussi
directement des maires et des élus. L’incertitude quant à la convocation d’un
second tour ou l’éventualité de nouvelles élections municipales empêchaient la
mise en place des conseils municipaux et intercommunaux, et notamment le
lancement d’appels d’offres pour les marchés publics : entretien de la
voirie, des bâtiments de la commune ou du regroupement de communes, ou autres.
C’est bien sûr d’autant plus le cas dans les grandes villes dont le maire n’est
pas encore élu et où les marchés publics sont encore plus un enjeu pour les
entreprises.
Avec l’approfondissement de la
crise économique, l’État pourrait diminuer encore les moyens des collectivités.
Le chômage ne peut qu’exploser, du fait des licenciements prévus par les
entreprises dans tous les secteurs et toutes les régions. Les nouveaux élus
sont sous la pression des restrictions budgétaires et incités à accompagner les
attaques qui se préparent contre les classes populaires.
De plus, lors de ce deuxième
tour, nulle part on ne pourra entendre un programme défendant les intérêts
vitaux des travailleurs. Autant dire que ces derniers n’ont rien à en attendre
et doivent se préparer à se défendre sur un tout autre terrain que celui des
élections.
Jacques Le Gall (Lutte ouvrière
n°2705)
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