Coronavirus
: un système de santé sans grandes défenses
04 Mars 2020
Avec le développement de
l’épidémie de coronavirus à l’échelle de tout le pays, hypothèse qu’on ne peut
plus écarter, des malades de plus en plus nombreux, faute d’être reçus par leur
médecin généraliste débordé, ou bien décidés à bénéficier du test de dépistage,
viennent directement à l’hôpital, dont les capacités d’accueil ne sont pas
extensibles.
C’est d’ailleurs déjà parmi le
personnel hospitalier que des cas de contamination ont été découverts, comme à
l’hôpital Tenon à Paris où 56 salariés ont été placés en quatorzaine dans un
premier temps, ce qui a obligé l’hôpital à réduire la voilure, comme le dit un
responsable. Un médecin du service d’infectiologie de l’hôpital Bichat a aussi
déclaré : « On rentre dans le dur. Tous les ans la grippe saisonnière
fait tanguer le navire des hôpitaux… Là, ça va être la tempête. » Il sait
de quoi il parle, car les hôpitaux sont au bord de l’asphyxie et incapables de
faire face à un afflux de malades. On y manque de tout, de lits, de personnel
et de moyens financiers.
Il y a quelques semaines,
plusieurs centaines de chefs de service avaient démissionné de leurs fonctions
administratives pour dénoncer des années d’économies déraisonnables et
inadaptées. Et dès maintenant, alors que le nombre de cas recensés est encore
faible, c’est déjà le bazar, dit un médecin de l’hôpital Saint-Louis, placé
face à cette double crise à gérer, celle de l’hôpital et celle du coronavirus.
Martin Hirsch, directeur général
de l’Assistance publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP), s’offusque de ce terme
de « bazar » et prétend que l’hôpital public est en ordre de marche.
Mais la première mesure qu’il a
prise, à l’annonce du passage au stade 2, a été de décider que les hôpitaux
parisiens ne s’occuperont que des patients infectés les plus gravement
atteints, les autres devant retourner chez eux et être suivis par leur
généraliste. C’est avouer dès maintenant, malgré le nombre encore faible de
malades, qu’il n’y a pas assez de lits pour les hospitaliser tous, ce qui
serait une meilleure façon de limiter la contagion. Et qui peut croire qu’il y
aura assez de médecins généralistes pour soigner des patients à domicile ?
Tout cela ressemble plus à des mesures à la sauvette, qui pour certaines frisent la non-assistance à personne en danger. Là où il aurait fallu des moyens toujours plus importants, depuis des années les gouvernements de tout bord ont pris dans les budgets de la Santé pour se donner les moyens de remplir les coffres du grand patronat. Aujourd’hui, le risque est d’en faire payer lourdement les conséquences à toute la population.
Tout cela ressemble plus à des mesures à la sauvette, qui pour certaines frisent la non-assistance à personne en danger. Là où il aurait fallu des moyens toujours plus importants, depuis des années les gouvernements de tout bord ont pris dans les budgets de la Santé pour se donner les moyens de remplir les coffres du grand patronat. Aujourd’hui, le risque est d’en faire payer lourdement les conséquences à toute la population.
Cédric DUVAL (Lutte ouvrière
n°2692)
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