Municipales
: plus vert que moi tu meurs
05 Février 2020
La mode écologiste saisit tous
les politiciens qui n’ont rien à dire mais quelque chose à cacher. À Paris,
elle apporte son lot de propositions croquignolesques.
Benjamin Griveaux, candidat
macroniste officiel, propose ainsi d’évacuer la gare de l’Est en banlieue et de
la remplacer par un parc arboré. Cedric Villani, macroniste dissident, veut
arrêter les trains grande vitesse à l’extérieur de la capitale pour désengorger
la gare du Nord. Leur concurrent écologiste certifié EELV parle de rouvrir la
Bièvre, cette rivière qui servait de grand collecteur au Moyen Âge, en
aménageant ses rives pour la promenade. Anne Hidalgo, candidate à la
réélection, veut des dizaines de rues végétalisées et enherbées, des forêts
dans Paris et 100 % de vélo.
Rachida Dati, candidate LR,
réserve quant à elle l’écologie aux enfants des écoles. Elle propose donc de
purifier l’air des établissements scolaires et d’obliger leurs cantines à se
fournir chez les maraîchers franciliens. On attend avec impatience le premier
candidat qui osera parler de mettre Paris sous cloche ou, comme le proposait il
y a bien longtemps Alphonse Allais, de mettre les villes à la campagne pour
qu’on y respire mieux.
Ce type de campagne est en train
de gagner toutes les métropoles, où les politiciens promettent le paradis vert,
les pistes cyclables et la gastronomie bio aux habitants de centre-ville. Tous
ces bons apôtres verts oublient volontairement les soutiers chargés de faire
fonctionner leurs paradis, égoutiers, travailleurs des transports, du
nettoiement et de la restauration, ouvriers du bâtiment et des travaux publics,
employés de commerce, gardiens de musée ou de square, etc. Ceux-là sont
relégués en banlieue ou, lorsqu’ils sont logés par la ville, dans les barres
HLM des quartiers périphériques.
Les candidats aux mairies des
grandes villes, dans leur chasse aux voix, font mine d’ignorer que ni la
pollution, ni la crise sociale, ni la pauvreté ne s’arrêtent aux limites de
leur cité, comme le démontrent chaque épisode de pollution massive, chaque
campement de migrants qui s’installe sur une place ou dans un recoin
d’autoroute, chaque fait divers sordide, chaque sans-logis contraint de dormir
sous un porche. Quant à la masse des travailleurs qui, aux quatre coins du
monde, produisent les biens et les profits qui permettent aux métropoles de
vivre et de faire de verts projets, ils n’existent pas.
La facilité avec laquelle les
Hidalgo, Griveaux, Dati et autres Villani disent n’importe quoi, pourvu que
cela sonne vert, montre qu’ils tiennent leurs électeurs pour des gogos. Le fait
qu’ils spéculent aussi ouvertement sur leur supposé égoïsme sacré ajoute une
touche particulièrement répugnante au tableau.
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