Retraites
: le gouvernement repart à l’attaque
Jean-Paul Delevoye, le
haut-commissaire à la réforme des retraites, doit présenter ses recommandations
au gouvernement.
On n’en est pas à la grande
réforme prônée par Macron et renvoyée à plus tard, mais à ces « ajustements
de paramètres pour faire des économies de court terme » que le
président stigmatisait chez ses prédécesseurs mais qu’il s’apprête à utiliser.
Officiellement, l’âge de départ
en retraite resterait à 62 ans. Mais un âge pivot ou « d’équilibre »
s’établirait aux alentours de 64 ans, et tous ceux qui partiraient à l’âge
officiel toucheraient une pension amputée d’un malus. Une autre hypothèse
serait d’augmenter plus rapidement le nombre d’années de cotisation nécessaire
pour partir en retraite. La réforme de 2014 prévoyait que cette durée passerait
de 41,5 ans à 43 entre 2020 et 2035 à raison d’un trimestre supplémentaire tous
les trois ans. Le gouvernement veut accélérer les choses et les 43 ans
pourraient être imposés d’ici 2025. Dans l’un et l’autre cas, c’est une coupe
insupportable dans les revenus des futurs retraités, ou l’obligation de
travailler plus longtemps.
Pour le Premier ministre, la
réforme qu’il envisage donnera à chacun la possibilité de « faire son
choix en liberté et en responsabilité ». Quelle liberté ? Celle de se
serrer un peu plus la ceinture, ou de s’échiner au travail ? Celle de retrouver
un emploi quand on a plus de 50 ans ? Le mouvement des gilets jaunes et
les manifestations des retraités ont pourtant rappelé quelques vérités :
que toucher moins de mille euros par mois permet juste de survivre,
qu’accumuler les petits boulots ne peut que déboucher sur des carrières à trous
et des pensions minables. Les femmes sont souvent les plus pénalisées, car les
arrêts pour élever les enfants, les temps partiels et la faiblesse des salaires
leur valent des pensions inférieures de 25 % à celles des hommes.
Pour justifier les futures
attaques contre les retraités, le gouvernement actuel utilise, comme ses
prédécesseurs, l’argument de l’équilibre financier du régime des retraites.
Mais si déficit il y a, les responsables sont les patrons qui licencient,
suppriment des postes et diminuent de ce fait le nombre de cotisants.
Pour le moment, la réforme des
retraites est toujours en discussion. Le gouvernement procède prudemment :
les élections municipales ne sont pas loin. Mais il préférerait aussi éviter de
relancer un mouvement de protestation qui est pourtant la seule réponse à lui
faire.
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