Service
national universel : c’est reparti comme en 14
Plus de vingt ans après sa
disparition, le service militaire revient par la petite porte. Le nouveau
service national universel (SNU) promis par Macron a commencé à se mettre en
place le 16 juin avec une première intégration de 2 000 adolescents de 15 à 16
ans sur 13 départements pilotes, avant d’être progressivement étendu jusqu’à
800 000 jeunes par an.
La première phase de ce service
est un stage obligatoire de douze jours, dit de cohésion sociale. Selon le
secrétaire d’État Gabriel Attal, les jeunes sont accueillis par des militaires
ou des éducateurs qui leur donnent leur paquetage puis les répartissent dans
des maisonnées de dix. L’uniforme est obligatoire et les journées, strictement
réglementées, débutent par le salut au drapeau suivi de la Marseillaise.
Viennent ensuite des sessions de formation sur la défense nationale ou les
valeurs de la République, sans oublier un chapitre sur l’écologie, valeur
devenue incontournable quand on connaît les résultats électoraux des Verts. Du
point de vue des activités sportives, « il y aura une expérience que
l’on peut rapprocher de la préparation militaire », explique Attal, comme
le parcours du combattant ou un raid de commando, mais sans le maniement des
armes. Ensuite, ces jeunes devront effectuer une mission d’intérêt général de
deux semaines auprès d’associations, de maisons de retraite ou de services de
pompiers.
Il est vrai que le SNU sera pour
beaucoup de jeunes une occasion de vivre en collectivité, avec à la fois les
contraintes que cela entraîne et les camaraderies qui se créent. Cette
expérience leur sera peut-être utile, à une époque où les colonies de vacances,
qui permettaient ce genre de relations des jeunes entre eux, et entre jeunes et
adultes, sont en déclin. De plus, celles-ci se spécialisent dans des activités
onéreuses telles que le nautisme ou l’équitation et deviennent financièrement
inaccessibles à beaucoup d’enfants des couches populaires.
Mais tel n’est pas le but réel de
l’instauration du SNU. Une couche de vernis social a beau avoir été collée à ce
service, affirmant qu’avec lui les jeunes feront l’expérience d’être utiles à
la collectivité, l’essentiel n’est pas là. Il s’agit de créer une occasion de
leur inculquer les prétendues valeurs de la République, une idéologie bien
rétrograde que défend l’armée et dans laquelle se retrouvent Macron et les bons
bourgeois réactionnaires qu’il cherche à séduire. Au son de la Marseillaise
et du clairon, il s’agit de faire assimiler le nationalisme béat et
l’obéissance aveugle aux ordres comme des évidences indiscutables, au nom comme
toujours des valeurs de la France, un concept dans lequel se mêlent les
intérêts des riches et des pauvres, des patrons et des ouvriers, comme s’ils
étaient identiques, toujours au profit bien sûr des premiers.
Marianne LAMIRAL (Lutte ouvrière n°2655)
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