mercredi 5 juin 2019

Argenteuil-Éducation, deux députées confrontées à l’expression de la réalité


Un tel décalage entre les proclamations et la réalité




 
Michel Campagnac, conseiller municipal LO de Bezons, CGT-Éducation

La réunion tenue sur la loi Blanquer lundi soir à l’espace Nelson Mandela était très instructive sur l’écart entre la réalité de l’Éducation nationale et le discours complètement décalé des deux députées LERM présentes. Ce décalage a été mis en valeur par les intervenants, en particulier par ceux qui vivent cette réalité de l’intérieur dans les établissements, ou encore par le représentant de la FCPE-95 présent.

C’est l’intervention de ce dernier que nous publions ci-dessous

« Bonjour, je me présente, Philippe Renou, 4 enfants, parent d’élève de la fcpe.
Je suis élu fcpe sur Eaubonne, au lycée, qui s’est mobilisé depuis l’annonce de la chute des moyens pour l’an prochain dans ce lycée. J’en parle maintenant, et j’y reviendrai plus tard, mais lors de la mobilisation des enseignants et des parents de ce lycée, en avril nous sommes allé devant le lycée Buisson un lundi matin, car il y avait le directeur académique, la rectrice, un sous-ministre (celui qui veut refaire le service militaire) et vous Mme Rilhac. Et j’en parle car parmi les professeurs qui manifestaient, il y avait une de vos amies, qui a essayé de vous contacter, à qui vous avez répondu « attends je te rappelle »… 2 mois plus tard, on attend toujours. Oh, vous n’êtes pas la seule, une autre enseignante de notre lycée a contacté la député d’Eaubonne, Mme Moutchou, elles étaient à l’école ensemble quand elles étaient enfants. Cette députée aussi a promis de nous aider. D’elle aussi on est sans nouvelles depuis…
Je suis aussi élu à la fcpe du Val d’Oise. Comme vous l’avez été Mme Rilhac. Vous ne l’avez pas été longtemps, il y a beaucoup de boulot à faire à la fcpe95, et quand vous êtes partie, d’autres bénévoles, ne cherchant ni honneur ni gloire, ont fait le boulot, avec persévérance, pour aider les familles à s’y retrouver dans le maquis administratif de l’éducation nationale. A s’y retrouver dans les réformes.
Car parlons-en des réformes dans l’école. Sans arrêt des réformes. Tous les ans une réforme, pour ceci, pour cela, dans un sens, dans un sens contradictoire. Marre des réformes, les parents sont largués, les profs sont fatigués. Marre des réformes, jusque-là !
Car ces réformes ont en réalité toujours le même objectif : économiser sur l’éducation nationale, comme cela se fait sur les autres services publics. Tous les ministres ont la même feuille de route : économiser des milliards d’euros, pour que cet argent soit utilisé ailleurs, essentiellement à « aider les entreprises », les pauvres…
En général, les gouvernements cherchent à habiller ces économies en les présentant sous un jour flatteur. Et ce qui est terrible dans cette loi Blanquer, ce sont les enrobages qui ont été volés dans les revendications de la fcpe, mais complètement détournées de leurs objectifs.
La scolarisation des tout-petits est un combat de toujours de la fcpe. Et vous vous servez de cet argument non pas pour étendre la scolarisation aux moins de 3 ans comme nous le réclamons dans les quartiers populaires, mais vous rendez simplement obligatoire ce qui existait déjà largement (la scolarité à partir de 3 ans) avec comme principale conséquence de financer l’école privée encore plus !
Sur la réforme du lycée général, cela fait aussi longtemps que la fcpe se bat contre le « bachotage » intensif de fin de terminale. Alors vous introduisez une toute petite dose de contrôle continu, vous créez du bachotage permanent pendant les 2 années de première et de terminale (les « E3C »), et vous faites croire que c’est mieux. Surtout, la fcpe se bat depuis longtemps pour que les élèves puissent mieux choisir les enseignements. Alors vous inventez les spécialités, séduisantes sur le papier, mais comme « et en même temps » vous supprimez des milliers de postes dans le second degré, le choix des spécialités sera plus lié aux contraintes budgétaires des lycées qu’aux compétences et appétences des élèves. Et auront comme réelle et unique conséquence de remplir toutes les classes à 35 voire plus. C’est ignoble, excusez mon vocabulaire, de détourner les revendications des parents d’élèves pour faire passer vos mesures.
En ce moment même, parce que les conseils de classe de seconde sont en train de se dérouler, mon téléphone est rempli de messages de parents inquiets, furieux, désespérés par ce qui se passe concrètement à propos de ces choix de spécialités. Dans certains lycées (par exemple herblay, sarcelles…) cela tourne à la farce tragique, la circulaire de début d’année organisant le choix des spécialités est foulée aux pieds, des élèves sont convoqués dans le bureau du proviseur pour changer de spécialités, d’autres sont massivement orientés dans des filières qui ne leurs correspondent pas. C’est une honte.
En lycée pro par contre, pas besoin d’habillage pour supprimer des heures : la culture générale est sabrée, sans complexe. Vous comptez sur le fait que ces élèves et surtout leurs parents ne suivent pas de près le fonctionnement de l’éducation nationale. Mais la culture n’est pas réservée aux élites bourgeoises ! Les jeunes des quartiers populaires aussi ont droit aux matières générales. Evidemment, avec 25% de chômeurs chez ces jeunes, le patronat ne voit pas pourquoi dépenser pour leur éducation. Et votre gouvernement exécute.
Alors voilà la situation réelle, pas celle de vos fiches, ou des éléments de langage que l’on vous apprend à manier. Une situation désastreuse, une jeunesse dégoûtée, et un avenir bien sombre. Car c’est toute la société qui payera le prix de vos restrictions budgétaires.
Sur le terrain, la fcpe continuera d’aider les familles à s’y retrouver, à les conseiller, à les accompagner. C’est dur, mais nous, on n’abandonnera pas. »

Quelque peu dubitatives... (Photos Daniel Hommeau)


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