Loi
anticasseurs : une loi antimanifestations
En présentant la loi dite
anticasseurs aux députés le 28 janvier, le ministre de l’Intérieur, Christophe
Castaner, a déclaré qu’il était temps de « stopper les brutes ».
Par ce terme répété à plusieurs
reprises dans son discours, il ne désignait pas les policiers ayant matraqué
les manifestants ou leur ayant tiré dessus à coups de balles en caoutchouc au
point de les éborgner ou de les défigurer.
Pour le ministre, la violence de
la police est légitime et tout son texte vise à lui donner davantage de moyens
de réprimer les manifestants.
Annoncée par le Premier ministre
au lendemain d’un samedi de mobilisation, cette loi, inspirée d’une proposition
d’un sénateur de droite, a pour premier objectif de montrer à l’opinion
réactionnaire que le gouvernement ne se laisse pas déborder par la contestation
et le désordre. La prétendue ultra-violence des manifestants lui sert de
prétexte à une mise en scène et lui permet de multiplier les coups de menton.
L’article le plus emblématique
autorise les préfets à interdire de manifestation qui bon leur semble, pourvu
qu’ils puissent l’accuser de menacer l’ordre public. Une telle interdiction est
prévue par les lois sur l’État d’urgence de 2015, mais jusque-là elle devait
être motivée par un juge.
En supprimant même ce petit obstacle,
le gouvernement fait donc un pas supplémentaire. Tout individu accusé d’avoir
commis des violences lors de manifestations précédentes, même s’il n’a pas été
condamné par la justice, pourra donc se voir interdire de manifester, et ce sur
tout le territoire national.
La nouvelle loi permet aussi à la
police de fouiller les bagages et les voitures sur les lieux d’une
manifestation ou à ses abords immédiats. Le gouvernement a pour le moment
renoncé à constituer un fichier recensant les personnes considérées comme des
casseurs. À la place, la loi prévoit d’ajouter les personnes interdites de
manifestation au fichier des personnes recherchées. Ainsi, pas de fichier, mais
un fichage tout de même !
Enfin, les milliers de personnes
cherchant à se protéger les yeux et le visage des gaz lacrymogènes et des
projectiles de la police seront désormais menacées de 15 000 euros d’amende et
d’un an d’emprisonnement pour avoir dissimulé leur visage. Et elles pourront
être jugées en comparution immédiate si elles refusent de se disperser sur
l’ordre de la police.
Cerise sur le gâteau, la loi
permet aussi à l’État d’obliger une personne à payer pour les réparations de
dégâts causés lors d’une manifestation, et ce, même si elle n’a pas été
condamnée par la justice.
Le fichage et l’arrestation de
manifestants, voire l’interdiction de manifestations, font depuis toujours
partie des méthodes utilisées par l’État et sa police, souvent bien au-delà de
ce que la loi autorise.
Avec son texte, que 50 députés
LRM ont d’ailleurs refusé de voter, le gouvernement aggrave encore l’arsenal
répressif destiné à défendre un ordre social de plus en plus injuste et
violent.
Jacques
Le Gall (Lutte ouvrière n°2636)
50 députés n’ont pas voté la loi. La député
d’Argenteuil-Bezons ne fait pas partie de ces derniers. Elle a donc approuvé
l’aggravation de « l’arsenal répressif destiné à défendre un ordre
social de plus en plus injuste et violent » comme nous le soulignons dans
l’article ci-dessus.
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