Un habitant d’Argenteuil a perdu une main samedi
Alors que les manifestations de
samedi 9 février ont connu un succès comparable à l’échelle du pays, à Paris,
alors même que leur parcours avait été déclaré en préfecture, un cortège de
manifestants s’est trouvé bloqué comme dans une nasse à hauteur de l’Assemblée
nationale, sur la rive gauche.
C’est
à cette occasion, qu’un habitant d’Argenteuil âgé de 30 ans a eu la main
arrachée sur à un jet de grenade.
Notre
hebdomadaire Lutte ouvrière est
revenu à plusieurs reprises ces dernières semaines sur la stratégie du
gouvernement pour impressionner voire terroriser les manifestants par
l’utilisation par la police de moyens totalement disproportionnés. Nous
reproduisons ci-dessous l’article consacré à ce sujet dans la livraison de
cette semaine de notre hebdomadaire.
Un
rassemblement de protestation est appelé ce mercredi 13 févier à 18 heures
devant la mairie d’Argenteuil. Comme de bien entendu, je m’y rendrai. D
MARIETTE
Le 2
février : contre la répression policière
Samedi 2 février, ce sont selon
le ministre de l’Intérieur environ 59 000 personnes qui ont manifesté dans le
pays, dont 13 800 à Paris. Les gilets jaunes voulaient en particulier ce
jour-là protester contre les violences policières.
En tête de la manifestation
parisienne défilaient une trentaine de blessés des précédentes manifestations.
Tous exigeaient l’interdiction par la police des lanceurs de balles de défense
(LBD), dont l’utilisation avait été validée la veille par le Conseil d’État.
Le gouvernement s’ingénie à
minimiser depuis le début du mouvement le nombre de victimes des grenades de
désencerclement ou des tirs de LBD. Les chiffres donnés par David Dufresne,
journaliste qui s’est spécialisé dans la question, sont pourtant
éloquents : une personne est décédée, 168 ont été blessées à la tête,
quatre ont perdu une main, dix-sept sont éborgnées. Lors de la seule
manifestation du 2 février, une personne au moins a été grièvement blessée.
Mais la seule réponse de Castaner, ministre de l’Intérieur, a été d’équiper de
caméras les policiers munis de LBD.
« Qu’est-ce qui justifie
d’arracher des mains, d’éborgner des personnes, de fracturer leurs
mâchoires ? Aujourd’hui, manifester n’est plus un droit respecté en
France », a déclaré à la presse Antonio Barbetta, l’un des
organisateurs de la manifestation. Les violences policières visent évidemment à
dissuader la population de se rendre aux manifestations, d’autant que ces
violences ont lieu pour l’instant en toute impunité. Les 116 plaintes qui ont
été déposées auprès de l’IGPN (l’Inspection générale des polices) ont peu de
chances d’aboutir. D’après Me Arié Alimi, avocat de plusieurs blessés, présent
lors de la marche, « l’IGPN a du mal à retrouver les policiers qui ont
tiré, faute de déclaration spontanée faite normalement par le policier lui-même
ou ses collègues. C’est une obligation qui n’est pas respectée. »
À cela s’ajoute le fait que de nombreuses
victimes estropiées peinent à se faire rembourser leurs frais par leurs
assurances. Certains n’ont pas de mutuelle et la prise en charge par la
Sécurité sociale est insuffisante. En plus d’être handicapés à vie, ils
risquent de sombrer dans la pauvreté.
Pour autant, la répression, les
discours répétés du gouvernement contre la violence qui est en grande partie
celle de la police, sont loin de dissuader les manifestants, qui préparent déjà
le prochain samedi des gilets jaunes.
Aline URBAIN (Lutte ouvrière n°2636)
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