Grand
débat national : cause toujours...
Pour tenter de reprendre la main,
Macron a lancé « un grand débat national ». Celui-ci a pour objectif
d’éclipser et d’étouffer la mobilisation des gilets jaunes et de ne pas
répondre à leurs exigences.
Leur revendication la plus
populaire est le rétablissement de l’ISF. Eh bien, par avance, Macron y met son
veto ! Et en six pages et 34 questions, il n’y a pas un mot sur les
salaires, l’emploi ou le niveau des pensions. Mais on peut toujours en causer,
nous dit Macron. De qui se moque-t-il ?
Le problème n’est pas seulement
de dire ce que l’on pense. Cela, des dizaines de milliers de femmes et d’hommes
le font depuis trois mois. Le problème est d’imposer nos intérêts de
travailleurs contre Macron, le président des très riches, et contre la classe
capitaliste de plus en plus rapace. Pour cela, il faut instaurer un rapport de
force.
Le fait que les gilets jaunes se
soient rassemblés à 84 000 à la veille du lancement de ce « grand
débat » montre qu’ils ne sont pas dupes. La dernière sortie de Macron sur
les citoyens qui « oublient le sens de l’effort » a ainsi eu la
réponse qu’elle méritait.
Le mouvement des gilets jaunes a
montré que nombre de retraités, de femmes en précarité ou au foyer, de salariés
et d’artisans ne veulent plus se taire. Peut-être pousseront-ils aussi leur
coup de gueule dans le cadre de ce débat officiel, et cela se comprend. Mais
croire que le débat national peut faire avancer les intérêts essentiels des
travailleurs en termes d’emploi, de salaire ou de niveau de retraite, est une
illusion.
Ceux qui décident des embauches
et des licenciements, qui fixent les contrats, les salaires, les conditions de
travail et déterminent les carrières, sont les dirigeants des entreprises. Ils
ne décident pas en prenant l’avis des travailleurs et de la population. Ils
prennent leurs ordres auprès des actionnaires et des propriétaires.
Ils se moquent non seulement de
ce qui peut ressortir du grand débat, mais aussi de ce que peut dire ou
recommander le gouvernement. Combien d’entreprises richissimes n’ont pas versé
la « prime gilets jaunes » ? Quand les grands groupes décident
de fermer une usine, comme Ford à Blanquefort ou PSA à Saint-Ouen, ils n’ont
que faire des leçons de morale du ministre de l’Économie !
S’il arrive aux gouvernements de
déplorer qu’il n’y ait pas de juste répartition des profits, ils ne font rien.
La situation empire année après année et 2018 ne déroge pas à la règle
puisqu’un record de 57 milliards de dividendes a été versé aux actionnaires, en
hausse de 13 % par rapport à l’année précédente.
Qu’en déduire si ce n’est que les
gouvernants et l’État n’ont pas de prise sur ces capitalistes ? Qu’en
conclure si ce n’est que, derrière le pouvoir politique, se tient un pouvoir
autrement plus puissant, le pouvoir de l’argent et de ceux qui le concentrent,
les capitalistes ?
« Il faut donner plus de
force à la démocratie et à la citoyenneté », dit
Macron. Mais on peut multiplier les débats et les référendums, l’organisation
sociale n’en sera pas plus démocratique ! Toute l’économie et nos vies de
travailleurs sont soumises à la dictature du grand capital, aux rois des temps
modernes que sont les grandes fortunes à la tête des multinationales de
l’automobile, du pétrole, de la pharmacie, de la finance, de la banque ou des
assurances.
Il y a six millions de chômeurs
et il manque du personnel dans les maisons de retraite, dans les hôpitaux.
Nombre d’autres besoins ne sont pas satisfaits. La société est plongée dans
l’impasse parce que les capitaux sont concentrés dans les mains de cette infime
minorité qui se moque de résoudre des problèmes aussi élémentaires que
l’habitat insalubre ou le manque de médecins. Même entretenir des conduites de
gaz qui datent du début du XXe siècle, comme celles qui ont été à l’origine
d’une explosion samedi à Paris, ne fait pas partie de leurs
préoccupations !
Cette minorité de capitalistes
accapare les richesses produites collectivement au travers de l’exploitation et
elle est libre de faire ce qu’elle veut de ses capitaux. Et comme son système
est en crise permanente, elle choisit de les orienter de plus en plus vers la
finance et la spéculation.
Il n’y aura pas d’issue tant que
l’on n’enlèvera pas le pouvoir à la grande bourgeoisie en l’expropriant.
« Faut-il enlever à la classe capitaliste son pouvoir de nuisance en
l’expropriant ? ». Cela ne fait bien sûr pas partie des questions
soumises au grand débat. Mais les travailleurs qui ont la volonté d’agir pour
offrir un avenir vivable à la société doivent y répondre, et positivement.
Demain
mercredi 16 janvier
LCI :
Débat avec Nathalie Arthaud
à 12h50
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