Contre la
baisse du niveau de vie, il faut augmenter les salaires et les pensions et les
indexer sur les hausses de prix
« Je fais ça pour mon porte-monnaie »,
a expliqué à la radio une ouvrière de l’agro-alimentaire, à l’initiative d’une
page Facebook de mobilisation contre la hausse des carburants. « Aller
travailler devient un luxe, il faut se révolter ! », ajoutait,
dans ce reportage, une factrice du même département d’Ille-et-Vilaine. Partout,
la colère que suscite la hausse des carburants continue de s’exprimer, parmi
les « professionnels de la route », patrons du transport ou du BTP,
mais aussi parmi les travailleurs qui n’ont pas d’autre choix que de prendre la
voiture. Et il y a de quoi être en colère !
Les vingt à trente euros qu’il
faut rajouter pour le carburant, lorsqu’on a encore les moyens d’avoir une
voiture, s’ajoutent au reste pour rendre les fins de mois impossibles. Fioul
domestique, gaz, loyers, fruits et légumes : oui, tout augmente, sauf les
salaires. Sauf les pensions de retraite, qui ont même baissé avec l’ajout de la
CSG. Sauf les indemnités journalières des chômeurs, auxquels on explique
pourtant qu’ils doivent être prêts à faire des dizaines de kilomètres pour
retrouver du travail !
Face au mécontentement, Édouard
Philippe a assuré que le gouvernement ne reculerait pas, affirmant que « c’est
difficile, mais il n’y a pas le choix ». Les milliards supplémentaires
prélevés iront soi-disant à la lutte contre la pollution. À l’heure des coupes
claires dans les budgets de la Fonction publique, des économies dans tous les
secteurs publics nécessaires à la vie de la population, le gouvernement veut
nous faire croire qu’il prélève des milliards supplémentaires dans les poches
du monde du travail pour le bien collectif ! Il faudrait non seulement
supporter le rackett, mais aussi les mensonges qui l’accompagnent !
Dans cette période de crise, les
seules poches qui ne se vident pas sont celles du grand patronat, arrosé de
subventions et de cadeaux fiscaux. Cette grande bourgeoisie, servie par le
gouvernement, règne sur l’économie et c’est vers elle que convergent les
milliards. C’est elle qui tire les salaires vers le bas pour continuer à
assurer ses profits malgré la crise de son économie. Et c’est elle aussi qui
continue à fabriquer des chômeurs. Ford, Ascoval, Happy Chic : la menace
du chômage pèse sur des milliers de travailleurs. Le trust General Electric,
qui a racheté la branche énergie d’Alstom en 2015 en s’engageant à créer 1000
emplois, qui a distribué plus de huit milliards de dollars de dividendes à ses
actionnaires en 2017, prétexte aujourd’hui des pertes pour justifier une
prochaine saignée des emplois.
Les travailleurs n’ont aucune
raison d’accepter de subir les bas salaires, le chômage, les retraites de
misère. Aucune raison de voir leur niveau de vie amputé. Mais ils ne pourront
s’opposer à ce recul qu’en défendant leurs propres intérêts, sans disparaître
derrière d’autres catégories sociales qui protestent également contre la hausse
des carburants. Les patrons des entreprises de BTP comme du transport routier
expliquent déjà qu’ils seront contraints d’augmenter leurs prix, voire de
baisser les salaires ou de licencier, si le gouvernement ne leur donne pas
satisfaction. Ils défendent leurs intérêts. Mais qu’ils arrachent des
concessions au gouvernement ou qu’ils jouent sur les prix ou les salaires, cela
se fera au détriment du monde du travail.
Les travailleurs, eux, n’ont pas
de possibilité de compenser les hausses de prix. Pour les salariés, les
retraités, les chômeurs, la seule façon de s’opposer à la baisse continue de
leur niveau de vie est d’exiger l’augmentation des salaires, des retraites et
des allocations. Et pour que cette augmentation ne soit pas annulée ensuite, il
faut que les revenus du monde du travail suivent automatiquement les hausses de
prix et l’inflation.
Pour ne pas se laisser appauvrir,
il faut faire payer le patronat. Il faut contraindre les grands groupes à
utiliser les milliards tirés de l’exploitation pour augmenter les salaires et
garantir les emplois plutôt que pour gaver les actionnaires. Cela veut dire
engager la lutte contre la classe riche, mais en nous battant sur notre
terrain. En bloquant les entreprises par la grève, nous avons des moyens
infiniment plus puissants de paralyser l’économie et de nous faire entendre.
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