Frontières
fermées, migrants refoulés : s'opposer à la barbarie du capitalisme
25/06/2018
Après
l’Aquarius, le Lifeline, navire d’une ONG allemande, est
bloqué en mer avec 230 migrants secourus au large de la Libye. Les
gouvernements italien et maltais refusent de le laisser accoster. Et la France,
qui prétend donner des leçons de morale, se ferme tout autant. On assiste de
nouveau à cette situation insupportable, où des femmes, des hommes et des
enfants, après avoir traversé l’enfer, sont coincés aux portes de l’Europe.
En
Italie, le ministre de l’Intérieur d’extrême droite, Salvini, utilise les
migrants pour faire une démonstration de fermeté. Non sans ajouter des
propositions dignes des lois raciales du régime fasciste de Mussolini, comme
celle de ficher les Roms.
En
France, Collomb reprend le langage de l’extrême droite et parle de « menace
de submersion ». Il vante son action pour durcir les conditions d’accès à
l’asile et, en parallèle, multiplier les expulsions.
Les
demandeurs d’asile errent de campement provisoire en centre d’accueil saturé.
Macron affirme pourtant que la France « a pris sa part » et menace de
sanctions financières les pays de l’Est qui refusent d’accueillir des migrants.
Comme si le fait que la France, cinquième puissance économique mondiale,
concède l’asile à seulement quelques dizaines de milliers de réfugiés, lui
donnait le droit de donner des leçons d’humanité aux gouvernements antimigrants
de Hongrie ou de Pologne !
Les
dirigeants européens n’ont que le mot « solidarité » à la bouche. Une
solidarité à l’image de la société qu’ils défendent ! C’est une série de
calculs sordides, pour accorder l’asile à un minimum de migrants et en refouler
le plus grand nombre, pour les parquer le plus loin possible de cette Europe
des riches. Quitte à ce que la pauvreté s’ajoute à la pauvreté, comme au Niger,
vers lequel des dizaines de milliers de migrants sont reconduits, ou au Liban,
dont un habitant sur six est un réfugié.
Au
sortir de la réunion européenne de dimanche, Macron a osé se féliciter d’avoir
écarté les solutions contraires à « nos valeurs ». Mais ces grands
démocrates sous-traitent depuis des années le rôle de gardes-frontières à des
dictateurs et des bandes armées, au Soudan ou en Libye ! Ils y subventionnent
l’implantation de camps où les migrants sont soumis à la torture, au viol, à
l’esclavage. Du coup, la proposition de construire des camps de triage des
migrants en Europe, dans les pays où ils arrivent, passerait pour humanitaire !
Le sort
réservé aux migrants illustre la barbarie de cette société capitaliste.
L’écrivain Roberto Saviano a écrit que d’ici un siècle, devant les centaines de
corps au fond de la mer, on se demandera « quelle guerre s’est jouée là ?
».
Une
partie des migrants qui perdent la vie dans ces traversées fuient effectivement
des massacres derrière lesquels on retrouve la main des grandes puissances.
D’autres fuient la misère. Et les dirigeants des pays riches osent justifier un
tri entre les migrants qui ne veulent pas mourir sous leurs bombes et ceux qui
refusent la misère que leur domination provoque !
Le
capitalisme, c’est la guerre permanente, y compris sur le terrain économique,
comme le rappelle la guerre commerciale que se livrent aujourd’hui les pays les
plus développés. La concurrence exacerbée sur un marché rétréci entraîne ces
tentations protectionnistes. Présenté aux travailleurs comme un moyen de
protéger leurs intérêts, le protectionnisme attise une concurrence dont ils
sont toujours victimes. Les taxes aux frontières se répercutent sur les prix
des marchandises, et c’est la double peine pour le monde du travail ! Car on
paie en tant que consommateurs et en tant que travailleurs, sommés d’être plus
« compétitifs » pour faire face à la concurrence.
La
guerre des capitalistes entre eux se fait sur l’exploitation des travailleurs
et sur la peau de l’immense majorité de la population. Ne nous laissons pas
entraîner dans une logique qui veut opposer entre elles les victimes de cette
société folle !
Macron
prétend qu’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, tout comme il
prétend qu’on ne peut pas augmenter les salaires, garantir les emplois,
embaucher dans les services publics utiles ou partir en retraite avec une
pension décente. Nous sommes condamnés à cette logique, au nom des profits de
la grande bourgeoisie.
Refuser
la guerre entre pauvres, c’est refuser un avenir fait de plus d’exploitation,
de plus d’oppression, pour nous, travailleurs des pays riches, comme pour les
millions de personnes condamnées à l’exil.
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