La
mobilisation continue
08 Mai 2018
Comme prévu, les rencontres du 7
mai entre Édouard Philippe et les syndicats de cheminots n’ont rien donné. Le
Premier ministre avait annoncé à l’avance qu’il n’accepterait pas de revenir
sur la fin du statut, la transformation de la SNCF en société anonyme et
l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs. Il
maintient donc intégralement jusqu’à présent son plan de démolition concernant
l’emploi et les conditions de travail des cheminots. C’est ce plan que les
cheminots rejettent depuis plus d’un mois par la grève et les manifestations.
À l’issue de la réunion, les
syndicats ont salué le changement d’attitude de Philippe qui a proposé de les
revoir le 24 ou 25 mai. « La main tendue mais ferme » de Philippe aux syndicats
est l’aveu que le gouvernement ne parvient pas à faire cesser le mouvement de
grève des cheminots et qu’il tente, pour cela, de composer avec les syndicats,
ce qu’il se refusait à faire jusqu’à présent. Et la période qui s’ouvre verra
sans doute des manœuvres afin de faire prendre des vessies pour des lanternes
aux cheminots, pour les amener à cesser leur mouvement.
Il en va ainsi de l’annonce aux
syndicats d’une reprise par l’État de la dette de SNCF Réseau, pour un montant
qui sera précisé le 23 mai. Ce n’est en aucun cas un recul du gouvernement ou
une victoire des grévistes : cette dette n’a jamais été celle des cheminots.
Pour l’heure, les syndicats
appellent tous à continuer le mouvement de grève. Celui-ci est toujours
extrêmement solide. Ainsi le jeudi 3 mai, selon les chiffres de la SNCF, le
taux de grévistes était légèrement supérieur à celui du mardi 24 avril avec
27,8 % de grévistes à l’exécution. Le 4 mai, il progressait encore légèrement
et 63 % des conducteurs étaient en grève, ainsi que 58,9 % des contrôleurs.
La CGT indiquait que les 3 et 4
mai, plus de 12 000 cheminots avaient participé aux assemblées générales. Le 3
mai, elle notait que 4 000 cheminots avaient manifesté à Paris, 1 500 à
Montpellier, 700 à Lyon, bien souvent dans des cortèges communs avec d’autres
secteurs. Dans de nombreuses villes, des centaines de cheminots à chaque fois
ont interpellé le préfet, comme à Rennes, Lille, Nice et Toulouse. Des rencontres
avec les usagers, des opérations sur les péages, rentables financièrement et
moralement, ont été organisées.
Le nouvel épisode de grève de 48
heures des 8 et 9 mai s’annonçait à nouveau important, même si des jours fériés
et des ponts pouvaient diminuer la participation aux actions.
Une nouvelle intersyndicale était
prévue le mercredi 9 mai. D’ores et déjà, dans de nombreux secteurs, la
perspective de faire du 14 mai une journée « sans cheminots » a été discutée
comme un objectif de renforcement, d’approfondissement de la grève. Il s’agit
de convaincre, d’entraîner ce jour-là les cheminots opposés au pacte
ferroviaire, mais jusqu’à présent peu ou pas encore mobilisés, à se joindre
massivement au mouvement. Le succès de cette journée peut impulser une nouvelle
dynamique de la lutte. Ce n’est effectivement pas autour du tapis vert, ni dans
les salons de Matignon, qu’on peut obtenir satisfaction. C’est en continuant
fermement sur la route engagée : celle de la grève et de la mobilisation
générale des travailleurs du rail.
Christian BERNAC (Lutte ouvrière
n°2597)
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