vendredi 21 juillet 2017

Rafle du Vel’ d’Hiv’, l'Etat n'aime pas reconnaître son rôle, même des décennies et des décenies plus tard


Rafle du Vel’ d’Hiv’ : reconnaissance tardive 

Le 16 juillet, Macron a commémoré la rafle du Vel’ d’Hiv, organisée il y a 76 ans par la police française. Mais la reconnaissance de la vérité historique n’avait que l’apparence du courage.
Les 16 et 17 juillet 1942, à Paris, plus de 13 000 Juifs étrangers, dont une majorité de femmes et d’enfants, furent raflés chez eux par 4 000 policiers français et furent conduits au Vélodrome d’Hiver. La police française les envoya ensuite dans les camps de Drancy et de Pithiviers, d’où ils furent déportés vers les camps d’extermination. La responsabilité en incombait au gouvernement de Pétain et Laval, qui collaborait avec zèle avec le régime nazi.
En amont, la rafle avait été préparée par diverses mesures antisémites, en particulier le recensement des Juifs et le port obligatoire d’une étoile jaune. Au total, plus de 80 000 Juifs français ou résidant en France furent exterminés dans les camps. Et chaque jour dans les rues, dans le métro, la police et la justice traquaient également les communistes, les résistants et les récalcitrants au travail obligatoire en Allemagne.
Après 50 ans de silence, c’est en 1995 que Jacques Chirac reconnut la responsabilité de l’État français dans la monstruosité de la politique antisémite de Vichy. Macron n’a fait que prendre sa suite, quand il a dit : « Oui, je le redis ici, c’est bien la France qui organisa la rafle puis la déportation. », en ajoutant, « Le racisme et l’antisémitisme existaient déjà pendant la 3e République ».
Il y a bien eu en effet continuité entre la 3e République et Vichy, puis entre Vichy et la 4e République : celle de l’appareil d’État.
Car si Laval fut fusillé à la fin de la guerre et Pétain emprisonné, la quasi-totalité des exécutants et des responsables de l’État restèrent en place. À commencer par les policiers, leur hiérarchie, et les juges.

En 1945, de Gaulle et ses successeurs, qui avaient choisi pendant la guerre le camp des États-Unis, voulurent éviter un vide étatique, et surtout, que la population ne règle elle-même ses comptes. Même René Bousquet, organisateur de la rafle en tant que secrétaire général de la police en 1942, put continuer après la guerre une carrière dans la banque, soutenant les campagnes de François Mitterrand avec lequel il resta ami. Un autre haut responsable de la collaboration, Maurice Papon, qui s’occupa de la déportation des Juifs en Gironde et fut préfet de police de Paris en 1961 lors de la répression des Algériens, finit sa carrière comme ministre de Giscard d’Estaing.
C’est cette continuité qui explique la chape de silence posée avant la reconnaissance bien tardive de 1995. Le rôle des policiers, des juges, des préfets, de l’État français a été occulté, nié, pendant tout ce temps. Si dans certains manuels d’histoire d’aujourd’hui, on voit la photo des gendarmes français gardant le camp de Pithiviers, cette même image a été censurée dans le film Nuit et Brouillard en 1956.
Aujourd’hui, trois quarts de siècle après, alors que tous les responsables de l’époque sont morts, la plupart tranquillement dans leur lit, Macron peut sans risque jouer la comédie, il ne gêne plus personne. Mais cette continuité de l’État se poursuit. Et les soutiens aux pires dictatures, y compris celles commettant des massacres, voire un génocide, comme au Rwanda, font partie de la politique impérialiste de la France… menée aujourd’hui par Macron.

                                       Antoine FERRER (Lutte ouvrière n°2555)
 
A Beaumont-sur-Oise, demain-après-midi, rassemblement pour le premier anniversaire de la mort d’Adama Traoré. Nous y reviendrons demain matin.
 
 

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