Rafle du
Vel’ d’Hiv’ : reconnaissance tardive
Le 16 juillet, Macron a commémoré
la rafle du Vel’ d’Hiv, organisée il y a 76 ans par la police française. Mais
la reconnaissance de la vérité historique n’avait que l’apparence du courage.
Les 16 et 17 juillet 1942, à
Paris, plus de 13 000 Juifs étrangers, dont une majorité de femmes et
d’enfants, furent raflés chez eux par 4 000 policiers français et furent
conduits au Vélodrome d’Hiver. La police française les envoya ensuite dans les
camps de Drancy et de Pithiviers, d’où ils furent déportés vers les camps
d’extermination. La responsabilité en incombait au gouvernement de Pétain et
Laval, qui collaborait avec zèle avec le régime nazi.
En amont, la rafle avait été
préparée par diverses mesures antisémites, en particulier le recensement des
Juifs et le port obligatoire d’une étoile jaune. Au total, plus de 80 000 Juifs
français ou résidant en France furent exterminés dans les camps. Et chaque jour
dans les rues, dans le métro, la police et la justice traquaient également les
communistes, les résistants et les récalcitrants au travail obligatoire en
Allemagne.
Après 50 ans de silence, c’est en
1995 que Jacques Chirac reconnut la responsabilité de l’État français dans la
monstruosité de la politique antisémite de Vichy. Macron n’a fait que prendre
sa suite, quand il a dit : « Oui, je le redis ici, c’est bien la France qui
organisa la rafle puis la déportation. », en ajoutant, « Le racisme et
l’antisémitisme existaient déjà pendant la 3e République ».
Il y a bien eu en effet
continuité entre la 3e République et Vichy, puis entre Vichy et la 4e
République : celle de l’appareil d’État.
Car si Laval fut fusillé à la fin
de la guerre et Pétain emprisonné, la quasi-totalité des exécutants et des
responsables de l’État restèrent en place. À commencer par les policiers, leur
hiérarchie, et les juges.
En 1945, de Gaulle et ses
successeurs, qui avaient choisi pendant la guerre le camp des États-Unis,
voulurent éviter un vide étatique, et surtout, que la population ne règle
elle-même ses comptes. Même René Bousquet, organisateur de la rafle en tant que
secrétaire général de la police en 1942, put continuer après la guerre une
carrière dans la banque, soutenant les campagnes de François Mitterrand avec
lequel il resta ami. Un autre haut responsable de la collaboration, Maurice
Papon, qui s’occupa de la déportation des Juifs en Gironde et fut préfet de
police de Paris en 1961 lors de la répression des Algériens, finit sa carrière
comme ministre de Giscard d’Estaing.
C’est cette continuité qui
explique la chape de silence posée avant la reconnaissance bien tardive de
1995. Le rôle des policiers, des juges, des préfets, de l’État français a été
occulté, nié, pendant tout ce temps. Si dans certains manuels d’histoire
d’aujourd’hui, on voit la photo des gendarmes français gardant le camp de
Pithiviers, cette même image a été censurée dans le film Nuit et Brouillard
en 1956.
Aujourd’hui, trois quarts de
siècle après, alors que tous les responsables de l’époque sont morts, la
plupart tranquillement dans leur lit, Macron peut sans risque jouer la comédie,
il ne gêne plus personne. Mais cette continuité de l’État se poursuit. Et les
soutiens aux pires dictatures, y compris celles commettant des massacres, voire
un génocide, comme au Rwanda, font partie de la politique impérialiste de la
France… menée aujourd’hui par Macron.
Antoine
FERRER (Lutte ouvrière n°2555)
A
Beaumont-sur-Oise, demain-après-midi, rassemblement pour le premier
anniversaire de la mort d’Adama Traoré. Nous y reviendrons demain matin.
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