Les
mesures anti-ouvrières de l’été et les combats qui nous attendent à la rentrée
La décision de réduire de cinq
euros par mois les aides personnalisées au logement (APL) est une mesure
anti-ouvrière de plus. 90 % de l'APL va aux 30 % des ménages les plus pauvres.
Et c'est dans leurs poches que le gouvernement ira prendre 400 millions d'euros
par an. C’est abject et ça fait partie de la guerre que Macron et Philippe
mènent aux travailleurs depuis leur arrivée au pouvoir.
La nationalisation des chantiers
navals STX de Saint-Nazaire fait aussi l’actualité. Le ministre de l'Économie,
Bruno Le Maire, a justifié l'intervention de l'État en disant que ce n’était «
ni une décision de droite ni une décision de gauche. C’est une décision pour la
France. » Des dirigeants politiques de tous les bords, du FN, de droite, de
gauche et de la France Insoumise, ont acclamé l’annonce de cette mesure. Cela
ne la rend pas meilleure. Ces politiciens bourgeois ont beau être rivaux, ils
se retrouvent tous quand il s'agit de mystifier les travailleurs.
Car où est la garantie que les
7300 emplois directs et indirects, chez STX et les sous-traitants, seront
préservés ? En réalité, il s'agit d’abord d’un coup de communication de Macron
lui permettant de faire l’unanimité autour de lui et pour pas cher. Quant à
cette prétendue nationalisation, il s’agit bien plus d’une préemption
momentanée. Bruno Le Maire a largement insisté sur son côté « temporaire ».
Les gouvernements français et
italien sont en négociation et cette mesure de l’État français est un élément
de la négociation. La préoccupation des deux gouvernements n’est sûrement pas
le sort des travailleurs mais les intérêts des grands groupes industriels qui
lorgnent les commandes des chantiers navals de Saint-Nazaire. Macron ne se bat
pas pour les travailleurs des chantiers mais avec leur peau ! Et quand on voit
comment il refuse de lever le petit doigt pour aider les 277 ouvriers de
GM&S à La Souterraine dans la Creuse, il n'y a aucune illusion à se faire.
Et puis, ce gouvernement prépare
sa réforme du code du travail. Son contenu précis sera révélé fin août et les
ordonnances qui la rendront effective seront publiées fin septembre. Mais la
loi qui encadre tout cela est déjà passée au Parlement et les informations
distillées au compte-gouttes par le gouvernement ne laissent aucun doute : il
s'agit d'une attaque frontale contre le monde du travail.
« Notre modèle social n'est plus
adapté à notre temps » a déclaré la ministre du Travail, Muriel
Pénicaud. Cette ancienne DRH de chez Danone, dont on vient d'apprendre qu'elle
avait touché un bonus de plus d'un million d'euros en 2013 après un plan social
qui avait supprimé 900 emplois, parle le langage patronal. L'objectif de sa loi
vise à faire table rase de ce qui, dans le code du travail, encombre encore un
peu le patronat.
Le temps de travail, le niveau
des salaires, la rémunération des heures supplémentaires,... tout cela sera
décidé à l'échelle de l'entreprise. Ce qui formellement unifiait un tant soit
peu les travailleurs, ce qui était le fruit des luttes ouvrières du passé, le
gouvernement veut s'en débarrasser et le remplacer par des accords d'entreprise
ou des accords de branche.
Il veut aussi faciliter les
licenciements collectifs et individuels. Pour les patrons, il va même «
créer un formulaire de licenciement simple à remplir », comme a dit la
ministre du Travail. Alors que pour les salariés, les formulaires à remplir
pour saisir les prud'hommes sont devenus bien plus complexes depuis la loi
Macron, pour décourager bien des travailleurs d’aller en justice.
Le gouvernement veut mener son
offensive le plus vite possible en sachant qu’aucune opposition parlementaire
ne pourra la retarder et en espérant que la classe ouvrière ne réagisse pas
trop.
Aucune direction syndicale n'a
répondu à cette déclaration de guerre comme il aurait fallu, en dénonçant dès
le départ les plans gouvernementaux. Toutes ont joué le jeu des réunions avec
le ministère du Travail. Les responsables de la CGT, même s’ils ont participé à
cette comédie, ont cependant appelé à une journée de mobilisation nationale le
mardi 12 septembre. Solidaires et quelques unions départementales et
fédérations syndicales FO s’y sont déjà associées.
C'est une date qui doit être un
point de départ et de regroupement de la contestation ouvrière contre toutes
les attaques patronales et gouvernementales. Il faut montrer qu'il y a des
femmes et des hommes qui comptent bien ne pas se laisser faire.
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