Assemblée
tout en Macron : opposition tout en carton
Sur les 577 sièges de députés,
Macron et son mouvement en ont obtenu 306 ; il aurait suffi de 289 pour qu’ils
aient la majorité absolue. En additionnant ceux du Modem, avec lesquels En
marche est en principe allié, 60 % de l’Assemblée nationale devraient voter
comme un seul homme les attaques antiouvrières baptisées réformes.
Rien qu’à jeter un coup d’œil sur
la nouvelle carte de l’hémicycle, on comprend que la pléthorique majorité
présidentielle ne manquera pas d’autres soutiens. À droite, une quarantaine de
députés LR et UDI, autour de Thierry Solère, jugent ce gouvernement légitime et
se sont déjà déclarés constructifs, prêts à soutenir Macron. Quant à la gauche
gouvernementale, elle parvient à occuper 46 sièges, dont 29 députés qui ont
concouru sous l’étiquette Parti socialiste, les seuls à tirer leur épingle du
trou noir où la déception, le dégoût et même la colère des électeurs de
Hollande les ont plongés. Constitueront-ils un seul groupe parlementaire, deux
groupes, plus ? Cela pourrait peut-être augmenter leurs moyens matériels et
financiers mais, quant à parler d’une opposition à Macron et à sa politique,
c’est tout autre chose. Non seulement la porosité entre ces élus de l’ex-gauche
gouvernementale et les macronistes est avérée mais, alors que le PS avait, de
2012 à 2014, quasiment tous les pouvoirs – présidence, Assemblée, Sénat,
régions, nombreux départements, grandes villes –, il en a profité pour mener
une politique qu’aurait pu signer le Medef.
Les huit élus FN, dont les voix
s’élèveront peut-être pour réclamer « moins de pouvoir aux syndicats », comme
on les a récemment entendus le faire, n’infléchiront en rien les intentions
antiouvrières de la majorité. Ils ne sont pas là dans cette optique et, plus
nombreux, ils ne feraient que défendre leur fonds de commerce : encore plus de
divisions entre travailleurs, entre pauvres d’ici et d’ailleurs.
Des députés que beaucoup de leurs
électeurs, dans le monde du travail, espèrent contestataires, les dix du PCF et
les seize de la France insoumise, vont siéger tout à fait à gauche de
l’hémicycle. Une partie des électeurs, sous-représentée, espère que les
Jean-Luc Mélenchon, les André Chassaigne, les Clémentine Autain, les
Marie-George Buffet, les François Ruffin seront leur voix à l’Assemblée. Non
seulement leur nombre est faible, et sans doute pourront-ils tout au plus jouer
les frondeurs. Mais de plus leur fil directeur consiste à reconstruire une «
vraie » gauche, derrière Mélenchon ou un autre. Les attaques déjà organisées,
et même planifiées, de Macron et sa clique constituent ni plus ni moins une
offensive des capitalistes contre la classe ouvrière. Ce n’est pas d’une
opposition parlementaire uniquement capable de discours, incapable de contrer
cette offensive patronale, que la classe ouvrière a besoin. C’est une
opposition ouvrière qui est nécessaire.
Les jeux sont faits pour les
votes. C’est dans la rue, par les grèves, que le monde du travail devra se
défendre, avec ses armes de classe.
Viviane
LAFONT (Lutte ouvrière n°2551)
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