PCF : le
prix de la soumission
« Merci Monseigneur », telle a
été la réponse, se voulant ironique, faite par le secrétaire national du Parti
communiste, Pierre Laurent, à Jean-Luc Mélenchon. Le dirigeant de la France
insoumise venait de refuser tout accord avec le PC aux élections législatives,
ne consentant à apporter son soutien qu’à dix candidats du PCF.
Après qu’ils ont contribué à le
mettre en selle, l’ancien sénateur et ex-ministre socialiste Mélenchon referme
aujourd’hui la porte sur les doigts des dirigeants du PC, sans égards, ni
gratitude.
Les dirigeants du PC ont eu beau
protester qu’il y avait « une place du Parti communiste qui est un peu plus
importante sur le terrain ». Ils ont annoncé le retrait de leur candidat
face à Mélenchon à Marseille pour faire un « geste fort de rassemblement »,
suivant les termes de Pierre Laurent. Et celui-ci peut clamer sur tous les tons
que « les candidats soutenus par le PCF-Front de gauche continueront de
faire campagne la main tendue ». Rien n’y fait.
Mélenchon n’a à aucun moment
accepté de négocier une alliance pour les élections législatives avec le PC :
comme pour le scrutin présidentiel, il a exigé un ralliement en bonne et due
forme. Pour obtenir le soutien de la France insoumise, tout candidat doit
signer une charte imposant un cadre commun, aussi bien pour le programme que
pour les logos utilisés, une association de financement unique et l’engagement
à respecter une discipline de vote en cas d’élection à l’Assemblée nationale.
Signer cette charte ne suffit
pas, le ralliement doit être total et inconditionnel. Ainsi, l’adjoint PC à
l’urbanisme de Saint-Denis, Stéphane Peu, qui a été jusqu’à signer la charte du
mouvement de Mélenchon, a dû subir une condition supplémentaire : « S’il est
retenu, il faudra qu’il me soutienne sur la 1re circonscription, et non le
candidat PC », a déclaré Éric Coquerel, l’un des responsables du Parti de
gauche.
Bon prince, Mélenchon accepte de
faire quelques exceptions vis-à-vis de personnalités qui ont été
particulièrement engagées à ses côtés. Ainsi Clémentine Autain et la communiste
Marie-George Buffet sont assurées de ne pas avoir de concurrent de la France
insoumise dans leur circonscription. Dans le même esprit, les députés
communistes ayant parrainé le candidat de la France insoumise ont eu droit à la
même faveur. Générosité limitée car, comme certains ne se représentent pas,
cela n’ajoutera que deux députés de plus à cette liste des exceptions.
Partout ailleurs, des candidats
PCF et France insoumise s’affronteront, y compris chez les sortants communistes.
En faisant le choix de s’aligner derrière Mélenchon à la présidentielle, le PC
s’est mis en situation de devoir subir les ultimatums de ce politicien, en
ayant de moins en moins les moyens de s’y soustraire.
De ce point de vue, la politique
vis-à-vis de Mélenchon n’a été que la réédition de celle qui a conduit à mettre
les militants communistes à la remorque de Mitterrand dans les années 1970,
alors que celui-ci avait ouvertement affiché son intention d’affaiblir le Parti
communiste.
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