Le Pen
cherche des voix chez Mélenchon : le terrain pourri du nationalisme
En vue du deuxième tour, Marine
Le Pen cherche très logiquement des voix partout où il s’en trouve, adaptant à
chaque fois son discours à l’électorat visé. Ainsi, s’adressant spécifiquement
aux électeurs de Mélenchon, Le Pen a souligné leur détestation commune du
banquier Macron et fait appel à leur patriotisme.
Et d’ajouter que, dans les
meetings de Mélenchon, « les drapeaux rouges ont été remplacés par des
drapeaux bleu-blanc-rouge et que de belles Marseillaise ont été entonnées par
les partisans de la France insoumise ».
Le premier argument est purement
démagogique. Quand il s’est agi de lutter réellement contre la politique de
Macron, dans les grèves et les manifestations, le FN condamnait les ouvriers
semeurs de troubles. Le Pen déteste peut-être Macron, politicien concurrent,
mais est du même camp social que Macron, banquier et homme du patronat. De
plus, ne pas vouloir voter Macron ne signifie pas, loin de là, vouloir voter Le
Pen.
Le deuxième, en revanche, peut
porter. Mélenchon a fait campagne sur le patriotisme, le protectionnisme,
l’intérêt national, la France dans le monde, la gloire de l’armée française et
même les restes de l’Empire que sont les départements et territoires
d’outremer. La France insoumise a le nationalisme en commun non seulement avec
Le Pen mais avec tous les partis qui aspirent à servir la bourgeoisie
française, à défendre son État, à exalter sa grandeur c’est-à-dire ses profits.
Le nationalisme, qu’il soit professé par Mélenchon ou par Le Pen, est la corde
pour soumettre les travailleurs aux capitalistes.
Mélenchon tricolore est le digne
successeur des partis socialiste et communiste, instruments d’émancipation des
travailleurs devenus au fil des décennies porte-parole de la bourgeoisie au
sein de la classe ouvrière. Il avait fallu des dizaines d’années, les
insurrections du 19e siècle, le travail de deux Internationales, pour séparer
ce qui doit l’être, le prolétariat du patronat, le drapeau rouge du drapeau
tricolore. Le PS puis le PCF ont détruit cela un siècle durant pour en arriver
à fabriquer un Mélenchon qui interdit quasiment le drapeau rouge dans ses
meetings. Et pour permettre à une Le Pen de se présenter en défenseur des
travailleurs au nom du nationalisme !
S’il reste, et c’est heureux,
bien des travailleurs qui ne confondent pas les classes sociales, qui ne
marchent pas au sifflet derrière le drapeau tricolore des patrons, qui ne
cèdent pas aux sirènes de l’extrême droite, ce n’est pas grâce aux Mélenchon,
Laurent, Hamon et autres. C’est malgré eux !
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