Un
gouvernement en marche contre les travailleurs
En choisissant comme Premier
ministre Édouard Philippe, encore lieutenant de Juppé il y a peu, puis en
débauchant plusieurs autres responsables des Républicains, Macron a peut-être
réussi sa manœuvre. Après avoir réduit le PS à la portion congrue, il espère
affaiblir la droite traditionnelle et aspirer une partie de son électorat. Mais
ces calculs électoraux dont on nous rebat les oreilles masquent le principal.
Ce gouvernement annonce clairement qu’il se prépare à prendre des mesures
anti-ouvrières.
En plaçant des hommes de droite
aux ministères clés de l’économie, Macron donne des gages à la bourgeoisie, lui
montrant qu’il mènera la politique qu’elle exigera de lui.
Le ministre de l’Économie, Bruno
Le Maire, défendait à la primaire de la droite la réduction des indemnités
chômage, les petits boulots à 5 euros de l’heure pour les allocataires de
minima sociaux. Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, est un
sarkozyste. Ces deux politiciens ont des convictions pro-patronales profondes
et affichées.
La ministre du Travail, Muriel
Pénicaud, est une ancienne directrice des ressources humaines du groupe Danone
et a été directrice générale adjointe chez Dassault Systèmes. Pour la seconder,
Antoine Foucher, un ancien négociateur du Medef, ancien directeur des relations
sociales chez Schneider Electric, vient d’être nommé directeur de son cabinet.
Ceux-là sont des habitués de la lutte de classe, menée du côté patronal.
Le gouvernement s’attaquera dès
cet été au Code du travail en légiférant par ordonnances. Il veut que les
accords d’entreprise prévalent sur les accords de branche et sur le droit
général du travail. Il va plafonner les indemnités qu’auront à payer les
patrons condamnés aux Prud’hommes. En résumé, il déblaiera au maximum les
obstacles juridiques qui gênent un peu le patronat pour qu’il puisse licencier,
augmenter la charge de travail et comprimer les salaires. Le gouvernement veut
surtout mater les travailleurs pour aider les capitalistes à mener leur guerre
sociale et extorquer aux ouvriers, aux employés, aux ingénieurs, toujours plus
de dividendes.
La déclaration de guerre est
claire et nette. Les déclarations complaisantes des dirigeants syndicaux sur le
nouveau gouvernement sont d’autant plus lamentables. Jean-Claude Mailly de FO a
vanté le « sens du dialogue » de la ministre du Travail. Laurent Berger de la
CFDT a dit qu’il en avait une « appréciation très positive ». Les travailleurs
de Danone qui ont subi le plan social de 2013 avec ses 900 suppressions
d’emplois quand Pénicaud y était DRH, apprécieront. Même Philippe Martinez de
la CGT, interviewé dans le JDD, a parlé d’un « gouvernement de « communication
» à « l’attitude correcte ».
Pour préparer son offensive, le
gouvernement va jouer la comédie de la négociation. Les dirigeants syndicaux y
seront sûrement disposés alors qu’il n’y a rien à en attendre. Mais il n’est
pas dit que cette mise en scène marche auprès des millions de travailleurs qui
ont en mémoire les mobilisations contre la loi El Khomri. D’autant qu’ils
subissent déjà les conséquences de cette loi, dont Macron est un initiateur,
comme de celle qui porte son nom.
Du Front national à La France
insoumise, en passant par Les Républicains, voire ce qu’il reste du Parti
socialiste et de ses alliés, ils sont nombreux à vouloir jouer le rôle d’opposant
au gouvernement. Aucun ne le fera du point de vue des intérêts des
travailleurs. La classe ouvrière ne pourra compter que sur ses propres forces.
Dans ce contexte, il faut se
préparer aux combats à venir. Les élections législatives ne permettront pas de
changer le sort des travailleurs mais elles permettront de dire la nécessité de
luttes générales, mettant en avant les intérêts communs des exploités.
Lutte ouvrière présentera des
candidats dans toutes les circonscriptions. Le courant qui s’est exprimé à
travers la candidature de Nathalie Arthaud à l’élection présidentielle doit
montrer, avec ces élections locales, sa présence dans les quartiers populaires
et ailleurs. Ces votes montreront que partout, il existe des femmes et des
hommes qui n’ont aucune illusion dans le gouvernement et ne se laissent pas
tromper par les démagogues qui saoulent les travailleurs de propos
anti-immigrés ou protectionnistes sans jamais dénoncer ni l’exploitation ni le
patronat. Ce sera un vote de conscience ouvrière.
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