Après le
deuxième tour de l’élection présidentielle 2017
Communiqué
Emmanuel
Macron a largement emporté l’élection présidentielle.
L’importance
des abstentions et le nombre élevé des votes blancs et nuls ont cependant
montré qu’une partie importante de l’électorat, notamment dans les quartiers
populaires, a refusé le choix entre la millionnaire d’extrême droite et le
larbin des banquiers.
La
quasi-totalité du personnel politique de la bourgeoisie, de la droite extrême
filloniste à la gauche du PS, se réjouit de ce qu’ils considèrent comme la
victoire de la République et de la démocratie.
Mais si
Le Pen a été écartée de l’Élysée, avec Macron, c’est quand même un exécuteur
des basses œuvres de la bourgeoisie et un ennemi du monde du travail qui vient
d’y accéder. Il exécutera sans état d’âme toutes les exigences du grand
patronat et de la haute finance.
Les
travailleurs, s’ils veulent s’opposer à toutes les mesures contraires à leurs
intérêts, devront se défendre par les seules armes dont ils disposent : les
grèves, les manifestations, les luttes collectives, tout comme ils ont dû le
faire contre Hollande et contre Sarkozy.
Engagé
dans une guerre de classe féroce contre les travailleurs, le grand patronat
continuera les licenciements, les suppressions d’emplois, aggravera la
précarité, pèsera sur les salaires afin d’augmenter la richesse de la classe
capitaliste.
L’avidité
du grand patronat finira par déclencher des explosions sociales. Ces explosions
sociales, bien que nécessaires pour empêcher le monde du travail de sombrer
dans la misère, ne seront cependant pas suffisantes. Il faut qu’elles soient
guidées par une claire conscience de la part des travailleurs de leurs intérêts
de classe. C’est-à-dire la conscience que leur ennemi principal, c’est la
grande bourgeoisie, ceux qui exercent une dictature absolue sur les entreprises
et sur l’économie.
Les
travailleurs n’ont aucune raison de rejoindre la caste politique de tous bords
qui se félicite de l’échec de Marine Le Pen. Car le Front national a obtenu
plus de suffrages que jamais dans le passé, y compris dans les quartiers
populaires.
Il est
dans l’ordre des choses qu’une partie de l’électorat de droite, son candidat
Fillon ayant été éliminé, vienne à la rescousse de Le Pen. Mais la candidate
d’extrême droite n’aurait pas recueilli un nombre record de suffrages si une
partie du monde du travail, écœurée par la politique des partis qui
prétendaient le représenter, n’avait pas choisi d’exprimer sa colère en votant
pour Le Pen la candidate du Front National.
C’est
un piège mortel. Ce vote consacre l’abandon par un nombre croissant de
travailleurs de toutes les valeurs du mouvement ouvrier : l’abandon de la
solidarité entre travailleurs contre la grande bourgeoisie qui les exploite ;
l’abandon de l’internationalisme pour le chauvinisme ; l’abandon du drapeau
rouge pour le bleu-blanc-rouge.
La
progression de l’influence du Front national parmi les travailleurs, même si
elle est pour le moment surtout électorale, encouragera les moins conscients de
la classe ouvrière à reprendre à leur compte les préjugés réactionnaires
exacerbés par le Front national. Le parti d’extrême droite dresse les
travailleurs les uns contre les autres et les désarme dans le combat contre le
grand capital. Son succès électoral encouragera les groupes et les individus
les plus ouvertement hostiles aux travailleurs qui gravitent à l’intérieur et
autour du Front national à passer à l’action, en commençant sans doute par s’en
prendre aux travailleurs immigrés. Mais des hommes de main dressés contre les
travailleurs étrangers constituent une menace pour l’ensemble des travailleurs,
leurs syndicats, leurs associations, leurs libertés élémentaires, et une arme
supplémentaire à la disposition du grand patronat.
Pour
faire face aux menaces matérielles et politiques qui pèsent sur les
travailleurs, il est vital qu’ils retrouvent la conscience que la seule voie
pour s’opposer à l’aggravation de l’exploitation et au pourrissement de toute
la vie sociale est de renouer avec le combat du mouvement ouvrier contre le
capitalisme, avec l’objectif ultime de mettre fin au pouvoir de la bourgeoisie.
Nathalie
ARTHAUD, le 7.05.2017
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