En votant
Nathalie Arthaud, dire les exigences des travailleurs et se préparer à les
imposer
À l'approche de la
présidentielle, on annonce que quatre candidats pourraient avoir des résultats
proches. Si cela accroît l'incertitude sur la personne qui remplacera Hollande,
il n'y a pas de doute à avoir sur la politique qu'elle mènera, qui sera dictée
par les patrons des grandes entreprises et des banques.
Avant son élection, Hollande
avait dit que son premier ennemi serait la finance et qu'il la combattrait.
Élu, il n'a même pas fait mine d'appliquer cette promesse. Il s'est incliné
devant les exigences des capitalistes en leur versant des dizaines de milliards
d'euros d'argent public. Il a fait adopter les lois Macron et El Khomri, qui ont
démantelé le code du travail, facilité les licenciements, augmenté la précarité
sans autant créer d'emplois.
On comprend donc que bien des
travailleurs ayant voté Hollande en 2012, désorientés, ne veuillent plus croire
aux discours. Pourtant le petit jeu de la démagogie et des fausses promesses
est reparti.
Bien sûr, le candidat de la
droite Fillon n'a pas besoin de faux semblants pour satisfaire son public. Il
dit qu'il s'en prendra aux services publics, aux fonctionnaires et à ce qu'il
reste du code du travail. Mais Macron n'est guère différent. En fait de
renouveau, il annonce qu'en matière sociale il poursuivra ce qu'il a fait comme
ministre de Hollande et qu'il gouvernera par ordonnances. Il ne cache pas que
sa politique serait faite de nouvelles attaques contre les travailleurs.
À l'extrême droite, Marine Le Pen
voudrait profiter du désarroi créé par le quinquennat Hollande pour jouer à la
candidate des pauvres et des petites gens. En fait, elle n'envisage pas une
seconde de s'en prendre au grand patronat et à ses milliards. Son ennemi n'est
pas la finance, mais les plus pauvres des travailleurs, les migrants, les
sans-papiers, les immigrés en général, comme si les exploiteurs étaient de ce
côté-là ! Elle divise les travailleurs, en les incitant à s'en prendre aux
plus pauvres d'entre eux. C'est se montrer pour ce qu'elle est : une
ennemie mortelle du monde du travail.
À gauche, Hamon et Mélenchon
veulent se distinguer de la politique qu'a menée le Parti socialiste, dont ils
sont issus. Selon les sondages les chances de Mélenchon seraient en hausse.
Mais même s'il était élu, il n'y aurait aucune raison de lui faire plus
confiance qu'à Hollande. Il se comporterait comme lui, et pour la même
raison : en réalité, ce n'est pas l'élu à l'Élysée qui décide de la
politique à mener car le grand patronat, les banques, les marchés financiers la
lui dictent.
On l'a vu non seulement en
France, mais en Grèce, dont la population a subi un appauvrissement dramatique
pour payer les milliards d'intérêts exigés par les banques. Élu pour tenter de
leur résister, le gouvernement Tsipras a rapidement capitulé. Il s'est fait
l'agent payeur qui reverse aux banquiers l'argent soutiré à la population
grecque.
Si Mélenchon était élu et même
s'il voulait tenir ses promesses, il ne tiendrait pas le peu de temps qu'a tenu
Tsipras. Il capitulerait, prendrait le tournant de l'austérité et dirait qu'il
se heurte au “mur de l'argent”. Les dirigeants de la gauche de gouvernement ont
toujours justifié ainsi leurs reculs, feignant de découvrir ce “mur”, qui n'est
fait que de la volonté de la grande bourgeoisie capitaliste d'imposer ses
choix. Comme s'ils n''avaient pas connu son existence avant !
Mélenchon ou Hamon peuvent faire
semblant de ne pas voir ce mur, mais pas les travailleurs. Ils n'ont pas à
conquérir un poste, mais à défendre leurs conditions d'existence face aux
attaques qu'ils subiront de toute façon, quel que soit l'élu. Ils ne peuvent
faire comme si le mur n'existait pas.
Alors, pour dire que ce mur est
là et qu'il faut se donner les moyens de l'abattre, Lutte ouvrière présente la
candidature de Nathalie Arthaud.
Les exigences des travailleurs
sont d'interdire les licenciements, de répartir le travail entre tous,
d'augmenter les salaires et pensions, de contrôler les comptes des entreprises
et de l'État. L'imposer ne se fera pas par une élection. Il faudra mobiliser
toute la force des travailleurs, dans les entreprises et dans la rue, pour
battre en brèche la résistance patronale.
Voter Nathalie Arthaud, ce sera
pour les travailleurs exprimer ce que sont leurs nécessités vitales. Mais ce
sera aussi se préparer à lutter pour les imposer.
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