Avec
Nathalie Arthaud, faisons entendre le camp des travailleurs
Le week-end dernier, Hamon et
Mélenchon ont tenté de relancer leurs campagnes. Hamon a critiqué « le
parti de l’argent », visant Le Pen, Fillon et Macron. Le Pen, qui avait
sous-estimé son patrimoine pour échapper à l’impôt sur la fortune, est une
bourgeoise. Elle est toujours en pointe pour opposer les
travailleurs français aux travailleurs étrangers, qui sont nos frères de
classe, comme les sans-papiers en grève de Rungis. Rien qu’en voulant nous
diviser, elle sert le grand patronat.
Fillon et Macron ne se cachent
pas, eux, de vouloir servir les riches. Allégement ou suppression de l’impôt
sur la fortune, hausse de la TVA, attaques contre les retraites, ou encore
suppression de postes dans le secteur public : tout leur programme est
destiné aux privilégiés.
Mais quelle politique portent
Hamon et Mélenchon ? Le PS nous a habitués à faire des promesses
électorales… avant de les renier. En 2012, Hollande avait fustigé « la
finance », et la finance ne s’est jamais aussi bien portée. Dans un meeting
à Bercy, Hamon s’est moqué de Macron : « Vous êtes chômeurs ?
Créez votre entreprise ! Vous êtes pauvres ? Devenez milliardaires ! ». Mais,
en guise de « futur désirable », Hamon promet un revenu universel qui
se réduit avant même l’élection ; autrement dit : « Vous êtes
pauvres ? Restez pauvres ! » Non merci !
Si Mélenchon est en concurrence
avec Hamon, son ancien camarade du PS, sa campagne est semblable. Le leader de
la France insoumise a organisé une marche le 18 mars, anniversaire de la
Commune de Paris de 1871. Pour la première fois dans l’histoire, les
travailleurs avaient alors exercé le pouvoir, pris lors d’un soulèvement et
défendu par les armes. Mais que propose Mélenchon ? Une autre
Commune ? Non, de voter pour lui, pour que la classe politique « dégage »
et qu’une VIe République soit mise en place. C’est se moquer des travailleurs :
rien d’essentiel ne sera modifié par l’élection présidentielle. Certes,
Hollande « dégagera ». Mais ceux qui exercent le pouvoir réel seront
toujours là : Arnault, Bettencourt ou Drahi de SFR ne tiennent pas le
pouvoir des élections ou de la Constitution, mais du capital.
Ils savent que leurs intérêts
seront préservés. Aucun des principaux candidats ne met en cause le pouvoir
capitaliste et la guerre sociale menée par les grands actionnaires.
En 2016, les seules entreprises
du CAC 40 ont réalisé 76 milliards d’euros de profits. Combien de
suppressions de postes, de pauses rognées, d’heures non payées, de cadences
accrues, de maladies professionnelles, voire d’accidents du travail, a-t-il
fallu pour cela ? C’est par une exploitation accrue que les grands groupes
capitalistes dégagent de tels profits, dont l’essentiel est distribué aux
actionnaires.
Quant à l’État, il a su trouver,
par le pacte de responsabilité, 41 milliards d’euros de cadeaux au patronat
chaque année. Au prix de quelles économies sur les hôpitaux, les écoles, les
retraites ou les collectivités locales ?
Alors, non, l’élection
présidentielle ne fera « dégager » aucun des vrais maîtres de la
société.
Mais elle a une utilité, celle
que les élections ont toujours eu pour le mouvement ouvrier : se faire
entendre. C’est le sens de la candidature de Nathalie Arthaud. Elle ne se
présente pas en disant : « Votez pour moi, je changerai les
choses. » Elle dit : « Ensemble, faisons entendre les exigences
du monde du travail. »
Pour mettre fin au chômage, il
faut répartir le travail entre tous, sans perte de salaire. Comment accepter
que des firmes qui font d’énormes profits mettent à la rue leurs
salariés ? Il faut interdire les licenciements et les suppressions
d’emplois.
Pour que chacun ait les moyens de
vivre décemment, il faut augmenter les salaires, les pensions et les
allocations, personne ne doit être contraint de vivre avec moins de 1 800
euros net.
Les travailleurs font fonctionner
les entreprises. Ils doivent pouvoir les contrôler. Le dernier scandale en
date, la fraude par Renault des contrôles anti-pollution, n’a été possible
qu’en raison du secret auquel sont tenus les salariés, au mépris de la santé
publique. Alors il faut lever le secret des affaires.
Rien de cela ne sera imposé sans
des luttes massives et puissantes du monde du travail. Mais en votant pour
Nathalie Arthaud, les travailleurs diront qu’ils partagent ces exigences. Ils
affirmeront ainsi que, face à une classe capitaliste dont l’avidité n’a pas de
limite, ils ne se laisseront pas faire, quel que soit le président élu.
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