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février 1957 : l’exécution de l’ouvrier communiste Fernand Iveton
Il y a soixante ans, un ouvrier
de 30 ans, algérien d’origine européenne, Fernand Iveton, condamné à mort par
un tribunal militaire français, était guillotiné avec deux nationalistes
algériens. Son crime ? Avoir marqué sa solidarité avec le soulèvement
indépendantiste que le gouvernement français, dirigé par le socialiste Guy
Mollet, réprimait alors par tous les moyens.
Fernand Iveton, né à Alger le 12
juin 1926 de père français et de mère espagnole, était employé à EGA
(Électricité et gaz d’Algérie). Membre du Parti communiste algérien (PCA), il
déposa le 14 novembre 1956 dans un local de l’usine à gaz du Hamma à Alger une
bombe qui devait exploser à 19 h 30. Il fut arrêté à 16 h 20 et la bombe fut
désamorcée. Iveton fut torturé et jugé en flagrant délit. Dix jours plus tard,
il était condamné à mort par un tribunal militaire. Le 5 février 1957, le
président de la République, René Coty, et le garde des Sceaux (le ministre de
la Justice), François Mitterrand, lui refusèrent la grâce. Iveton fut
guillotiné le 11 février, moins de trois mois après l’acte qui avait entraîné
sa condamnation.
Iveton ne fut pas le seul
Algérien d’origine européenne, lié au PCA, à payer de sa vie sa solidarité avec
le peuple algérien. Il y eut Henri Maillot et Maurice Laban, exécutés pour
avoir déserté et créé un « maquis rouge » contre l’armée française, ou encore
Maurice Audin, torturé et assassiné par les paras pendant la bataille d’Alger.
Pendant la guerre d’Algérie, il y eut 198 exécutions capitales de combattants
algériens, dont 45 quand Mitterrand était ministre.
La guerre d’Algérie avait
commencé le 1er novembre 1954. En janvier 1956, le Front républicain conduit
par le socialiste Guy Mollet et ses alliés remporta les élections législatives.
Élu pour faire la paix, Mollet intensifia la guerre.
Iveton était révolté par la
dictature coloniale contre le peuple algérien. Le PCA se disait pour l’indépendance,
mais il agissait aussi comme une succursale du PCF qui, depuis 1945, restait
partisan du maintien des colonies dans l’empire français. Tout en n’étant pas
dans le gouvernement de Front républicain, le PCF vota les pleins pouvoirs à
Guy Mollet.
Iveton, comme Maillot et Laban,
était insatisfait des atermoiements du PCA, mais il était aussi en désaccord
avec les nationalistes du FLN. Quand il prit contact avec Yacef Saadi, le chef
FLN de la zone d’Alger, pour envisager des attentats en commun, ce dernier
espérait une forte explosion des cuves de gaz, un « petit Hiroshima » selon ses
dires, qui aurait frappé les esprits et hâté la fin de la guerre. Iveton, qui y
était opposé, voulait une explosion symbolique et choisit l’heure de 19 h 30
pour être sûr qu’il n’y aurait plus d’ouvriers dans l’usine. Il voulait faire
entendre la protestation d’un ouvrier solidaire du peuple algérien en lutte
contre le colonialisme français.
Arrêté, Iveton se retrouva face à
l’implacable répression coloniale. Il fut torturé, promptement condamné, lâché
alors par le PCF, qui refusa d’assurer sa défense. Bien qu’il n’ait causé ni
mort ni blessé, la grâce lui fut refusée par le pouvoir socialiste d’alors. Dans
le même temps, les paras, à la recherche des militants FLN dans la casbah
d’Alger, torturaient et assassinaient en toute impunité.
En 1982, Hélène Iveton, sa veuve,
chercha à obtenir du gouvernement d’union de la gauche la réhabilitation de son
mari. Elle fut éconduite par un ministre trop occupé à rétablir les pensions
des militaires OAS, le général putschiste Salan en tête...
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