De
nos camarades de La Réunion, sur leur site :
Le
martyre des « enfants réunionnais de la Creuse » : un enlèvement et un
esclavage organisés
À Paris vendredi 6 et à
Guéret dimanche 8 janvier, une soixantaine de personnes déportées enfants de
La Réunion vers la métropole de 1963 à 1982 ont témoigné devant une
commission nationale obtenue grâce à l’acharnement de certains d’entre eux à ne
pas laisser sombrer dans l’oubli ce scandale d’État.
Sous l'égide de Michel Debré
alors député de La Réunion plus de 1 600 enfants réunionnais ont été
déportés entre 1963 et 1982.
Ces enfants de familles très
pauvres avaient été amenés dans quelques départements français sous-peuplés,
comme la Creuse qui, à elle seule, en reçut 250. Après leur arrivée à Paris,
ils étaient d'abord acheminés jusqu'au foyer de l'enfance de Guéret, puis remis
à des familles d'accueil qui les croyaient orphelins ou abandonnés.
À La Réunion, certains furent
carrément enlevés à leurs parents. Pour arracher une autorisation parentale, il
y avait parfois la promesse de l'effacement d'une dette ou l'espoir d'un
logement moins insalubre. Parfois, les agents de la DDASS faisaient croire que
les enfants allaient partir quelque temps en France pour revenir avec une
formation ou un bon métier et que, de toute façon, les enfants seraient de
retour chaque été. Mais, une fois ces enfants partis, les parents n'en eurent
plus aucune nouvelle. Loin de faire des études, ces enfants servirent de
domestiques dans les fermes et certains vécurent un véritable enfer, pas loin
d'un quasi-esclavage.
L'ancien directeur départemental
de l'Enfance de la Creuse essaya bien de dénoncer ce qui, à ses yeux, était un
véritable scandale. Il ne fut pas entendu, en tout cas par Debré. Cet ancien
Premier ministre de de Gaulle, qui mena pendant les vingt-cinq années de son
mandat un combat musclé contre le Parti communiste réunionnais (PCR) et le
communisme en général, cherchait à contenir le développement démographique des
couches populaires de La Réunion. Avec le Bumidom (Bureau pour le développement
des migrations intéressant les départements d'outre-mer), Debré organisa aussi
la venue en France de plus de 70 000 Réunionnais entre 1963 et 1981. Le Bumidom
recrutait pour Peugeot, Michelin, la SNCF et bien d'autres grandes entreprises
mais aussi pour des particuliers. Ainsi, quand le PCR dénonça l'emploi de
jeunes Réunionnaises comme « domestiques du Tout-Paris UNR » (le parti
gaulliste de l'époque), Debré ne démentit rien. Par contre, il envoya une note
écrite à ses collaborateurs qui spécifiait : « Il y a un communiste au Bumidom.
»
Aujourd'hui, les responsables de
toute cette politique ont disparu, et c'est moins gênant pour l'État français
que les faits soient reconnus.
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