Mélenchon
aux Antilles : l’empire (français) contre-attaque
En voyage aux Antilles, Mélenchon
s’est adressé aux électeurs d’outremer au nom de la « patrie commune ». La
patrie dont parle Mélenchon, celle de la bourgeoisie française, est forte de
onze millions de kilomètres carrés de domaine maritime. Elle le doit à des
siècles de piraterie, de pillage, de massacres de populations autochtones, des
Antilles françaises à La Réunion, de la Nouvelle-Calédonie à l’île de
Clipperton, aux Kerguelen... Cet empire, ou plutôt les restes de cet empire,
Mélenchon ne le conteste pas. Au contraire, il veut le mettre mieux en valeur,
en faire mieux profiter les entreprises françaises. Et Mélenchon a un programme
pour cela, qu’il est précisément allé exposer aux Antilles.
Mélenchon a dénoncé le fait que
95 % des poulets sont importés et il a parlé de la dépendance énergétique des
Antilles. Mais, pour le poulet comme pour une grande partie de la nourriture,
la situation résulte du monopole exercé sur le grand commerce par les familles
bourgeoises, descendantes des propriétaires d’esclaves. Ces mêmes familles
détiennent également les sociétés importatrices de carburant. Ce monopole a
survécu à toutes les réorganisations administratives, à tous les changements
politiques. L’administration française coloniale, puis départementale, ne le
combat pas, elle l’organise. Les politiciens locaux ne s’y opposent pas, ils le
gèrent.
Cet état de fait n’a été contesté
sérieusement que par les travailleurs antillais eux-mêmes, dans la rue et par
les moyens de la lutte de classe, comme lors de la grève générale de 2009. Mais
pas plus aux Antilles qu’en métropole Mélenchon ne s’adresse aux travailleurs.
Là-bas comme ici, il noie les différences de classe, les intérêts opposés des
travailleurs et des capitalistes, dans des appels aux citoyens et aux
patriotes. Mais à quels citoyens et à quels patriotes s’adresse-t-il dans
l’ex-empire français ? Aux descendants des esclaves ou à ceux des négriers ?
Aux organisateurs de la « pwofitasyon » ou à ceux qui la subissent ?
Quand on efface la différence
entre les maîtres et les esclaves, entre les exploiteurs et les opprimés, c’est
toujours pour finir par prendre le parti des maîtres.
Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2525)
Le 11
mars prochain, à Argenteuil, Nathalie ARTHAUD, candidate de Lutte ouvrière à l’élection
présidentielle, sera à Argenteuil dans le cadre de notre fête locale.
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