Notre
hebdomadaire Lutte ouvrière de cette semaine revient sur la condamnation des
deux frères d’Adama Traoré, Adama, ce jeune homme tué en juillet dernier alors
qu’il était dans les mains de la gendarmerie :
Procès
Traoré : une condamnation inique
Mercredi 14 décembre, les deux
frères d’Adama Traoré ont été condamnés à des peines de plusieurs mois de
prison ferme par le tribunal correctionnel de Pontoise, pour de prétendus
violences et outrages envers des policiers. Peines accompagnées pour l’un des
frères d’une interdiction de séjour pendant deux ans à Beaumont, où vit sa
famille, et du paiement de 7 390 euros de dommages et intérêts aux policiers.
Les faits pour lesquels ils
étaient jugés remontaient au 17 novembre. Ce soir-là, des heurts avaient éclaté
quand une cinquantaine de soutiens de la famille Traoré avaient voulu assister
au conseil municipal de Beaumont, où la maire (UDI) s’apprêtait à faire voter
la prise en charge de ses frais de justice contre Assa Traoré, la grande sœur
d’Adama. Les manifestants, dont des mères avec des poussettes, avaient été
dispersés à coups de gaz lacrymogène. Une policière municipale a prétendu avoir
reçu un coup au visage. Les deux frères ont été arrêtés, cinq jours plus tard,
après une enquête bâclée.
Le verdict est tombé, après huit
heures d’un procès au cours duquel aucune preuve de leur culpabilité n’a été
apportée par les huit gendarmes et policiers qui s’étaient constitués partie
civile. Il est d’autant plus révoltant que les deux jeunes, ainsi que le reste
de la famille Traoré, doivent se battre depuis plusieurs mois pour faire la
lumière sur les circonstances du décès de leur frère le 19 juillet 2016, après
son interpellation musclée par les gendarmes de Persan, dans le Val-d’Oise.
Loin de les soutenir, la justice les a donc condamnés.
La famille d’Adama n’entend pas
se laisser intimider. Bagui Traoré, le plus lourdement condamné des deux
frères, a décidé de faire appel du jugement. Le 21 décembre, suite au
dépaysement de l’enquête obtenu en septembre par la famille Traoré, trois juges
d’instruction de Paris ont été désignés pour reprendre les investigations. La
lutte pour connaître la vérité sur la mort d’Adama continue.
Julie LEMÉE (Lutte ouvrière n°2526)
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