Public ou privé, les mêmes font les
affaires
Commissaire européenne à la
Concurrence dans les années 2000, l'ancienne ministre néerlandaise des
Transports Nellie Kroes était en même temps administratrice de Mint Holdings,
une société offshore basée aux Bahamas.
Ainsi,
cette haute responsable de l'UE, censée surveiller le monde des affaires, avait
enfreint les règles liées à sa fonction.
Kroes, au
cours de sa carrière, a servi parmi d'autres, Thalès, MacDonald et Lockheed
Martin, et aujourd'hui Uber. Elle n’a donc rien fait que d’habituel dans le
monde du personnel politique de la bourgeoisie : passer du privé au public
au gré des opportunités.
Conseillers
ministériels et élyséens : grand recyclage de rentrée
Cet été, une cinquantaine de
directeurs, chefs de cabinet et autres conseillers ministériels ont fait leurs
cartons pour exercer ailleurs d’autres responsabilités.
C’est toujours le cas avant une
élection présidentielle, mais cette année le mouvement est impressionnant :
trois fois plus de départs qu’à l’été 2011, juste avant la défaite électorale
de Sarkozy. Et cela n’est pas fini.
Ces commis de l’État savent que,
après les élections de 2017, ils seront chassés avec le gouvernement socialiste
dont ils préparent les projets de loi, les textes réglementaires et les
discours, c’est-à-dire les détails de la politique antiouvrière. C’est donc en
toute lucidité qu’ils se consacrent à leur CV et à préparer leur sortie vers
des positions administratives moins exposées politiquement, dans les ambassades
ou à l’Inspection des finances.
Mais d’autres ont été accueillis
à des postes dirigeants dans des entreprises privées. Une commission de
déontologie, purement consultative, est censée contrôler qu’un membre d’un
cabinet ne tombe pas dans une entreprise dont il avait la charge. Mais cela
n’empêche pas Jean-Jacques Barbéris, conseiller économique à la présidence, de
rejoindre une filiale du Crédit agricole, Laurence Boone, conseillère à
l’Élysée, de partir chez l’assureur AXA, etc. La palme revient à Hugo Richard,
chef adjoint de cabinet à la Défense, qui devient directeur des affaires
publiques chez Airbus Safran Launchers, coentreprise créée par des marchands
d’armes.
Les sommets de l’État sont
truffés d’hommes comme Macron, qui ont commencé leur carrière dans de grandes
entreprises capitalistes. Ces mêmes entreprises sont disponibles pour les
recycler lorsque cela s’avère nécessaire. Une véritable histoire de famille.
Alain
CHEVARD (Lutte ouvrière n°2512)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire