Le 5
juillet et après, la lutte doit continuer
Alors que, le 5 juillet, la loi
El Khomri doit revenir à l'Assemblée, le gouvernement Hollande-Valls a averti
que, pour lui, il n'est pas question de l'amender. Il menace de recourir une
nouvelle fois à l'article 49.3 de la Constitution pour la faire adopter sans
vote.
Même si
quelques articles auront été changés, le gouvernement veut maintenir ce qui,
pour lui, est essentiel dans cette “loi Travail” : elle permettra à un
patron d'imposer, dans son entreprise, des conditions en retrait sur ce que
prévoient le code du travail et les conventions collectives. Le gouvernement
dit que ce sera plus démocratique et près des réalités. Mais tout salarié sait
que dans son entreprise un patron dispose des moyens de pression pour imposer
un accord à ses conditions, ne serait-ce qu'en faisant le chantage à l'emploi.
Hollande
et Valls considèrent que ce point est essentiel parce qu'il est essentiel pour
le patronat, qui leur a dicté ce texte. Avec la possibilité de faire leur
propre loi dans l'entreprise, les patrons veulent pouvoir fixer les horaires,
les salaires et poser leurs conditions sans être limités par les quelques
contraintes de la loi actuelle.
La
majorité de la population rejette la loi El Khomri, tout comme l'écrasante
majorité des travailleurs. Depuis quatre mois, ils ont été des centaines de
milliers à manifester contre elle, avec le soutien et la sympathie de tous les
autres. Cela n'empêche pas ce gouvernement de vouloir la faire passer coûte que
coûte, quitte à l'imposer aux députés qui voudraient lui apporter quelques
aménagements et quitte à achever de se déconsidérer aux yeux de ceux qui l'ont
élu.
Voilà la
substance de ce système politique que l'on dit démocratique : peu importent les
votes, y compris ceux des députés ; à la fin c'est le patronat qui gagne. Il
dicte ses choix à un gouvernement obéissant, qui prévient ses désirs et
justifie sa politique par le mensonge permanent.
Ces
jours-ci, on glorifie Michel Rocard qui vient de décéder, et cela à droite
comme à gauche, car il aurait défendu de grandes idées. Mais lesquelles ?
La politique de Valls et Hollande n'est que leur mise en pratique. Le
« dialogue social » consiste à signer des accords avec des dirigeants
syndicaux qui sont du côté des patrons. La « lutte contre le
chômage » consiste à reconnaître au patronat le droit de licencier, d'augmenter
les horaires et les cadences de travail des uns, de jeter les autres sur le
pavé et de se servir du chômage croissant pour faire du chantage. Il reste aux
gouvernants à envelopper cela de phrases, puis à dénoncer ceux qui résistent
comme des gens qui refuseraient les évolutions nécessaires de la société, avant
de menacer d'interdire leurs manifestations !
Au-delà
du brouillard dont ils les entourent, les seules idées des Valls, Hollande,
Rocard et de quelques autres se résument à se mettre à plat ventre devant le
patronat, à lui verser des milliards détournés des caisses de l’État et
soustraits aux budgets de la santé ou de l'éducation, à imposer des lois en sa
faveur et à mentir à la population en lui disant qu'avec tout cela, « ça
va mieux ».
Heureusement,
en ces quatre mois de lutte contre la loi El Khomri, les travailleurs qui ont
fait grève et manifesté ont montré qu'ils ne se laissaient pas abuser, mais
aussi qu'ils étaient décidés à le faire savoir en descendant dans la rue et en
montrant leur force. Et cela est bien plus important que les votes ou les
non-votes du Sénat et de l'Assemblée.
Il faut
continuer à faire grève et manifester contre cette loi, comme des syndicats y
appellent encore mardi 5 juillet, mais aussi après. Même si elle finit par
passer, avec ou sans amendements, avec ou sans article 49.3, la lutte devra
continuer car le patronat n'en aura pas fini de vouloir imposer ses exigences.
Il voudra le faire au niveau local, comme la loi le permettra, et il voudra le
faire au niveau national. Et s'il y a une leçon à retenir de ces quatre mois,
c'est que pour lui une seule chose compte : le rapport de force qu'il peut
imposer par le fait qu'il possède les entreprises, les capitaux et des
gouvernements à son service.
Alors,
c'est ce rapport de force qu'il faut inverser. Les travailleurs le peuvent, car
ils sont le plus grand nombre et parce qu'ils produisent toutes les richesses
que ces gens-là ne savent que dilapider. Mais ils ne doivent pour cela ne faire
confiance qu'en leurs propres forces, celles qu'ils ont commencé à mettre en
branle. Ce ne doit être qu'un début.
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