Reprendre
confiance en la force collective des travailleurs
Plusieurs organisations
syndicales appellent à une nouvelle journée de grèves et de manifestations le
28 avril. Il faut que tous ceux qui partagent les objectifs du mouvement, le
retrait sans condition du projet de loi Travail, participent à cette
mobilisation et cherchent à y entraîner d’autres travailleurs. Le gouvernement
joue la montre pour faire passer sa loi. Il faut montrer que la protestation ne
faiblit pas.
Cela
fait maintenant près de deux mois que le mouvement s’est engagé contre cette
dernière en date des crapuleries du gouvernement Hollande-Valls. Depuis que les
élections de 2012 l’ont mis au pouvoir, ce gouvernement ne cesse de porter des
coups aux travailleurs, tout en exécutant servilement les desiderata du grand
patronat.
Rien
ne distingue l’orientation fondamentale du PS au pouvoir de celle de la droite
de Sarkozy. À ceci près qu’usant de son étiquette de gauche, il a bénéficié de
la complicité au moins passive des directions syndicales. Celles-ci n’ont pas
cherché à préparer et à organiser la lutte collective pour permettre aux
travailleurs de se défendre. Pire, certaines d’entre elles ont applaudi nombre
des mesures anti-ouvrières. Et même celles qui ont fait mine de contester la
politique gouvernementale ne l’ont pas fait avec la vigueur nécessaire.
Alors
que les représentants de tant de catégories sociales ont su au moins faire
entendre leur opposition – des camionneurs aux chauffeurs de taxi, des
éleveurs aux médecins et diverses professions libérales –, les représentants
patentés des salariés ont été particulièrement discrets. Pourtant, c’est le
monde du travail qui subit l’offensive permanente du grand patronat et du
gouvernement.
Les
licenciements collectifs se multiplient, y compris dans les grandes entreprises
les plus riches, entraînant l’accroissement incessant du chômage. La
flexibilité des horaires et la précarité de l’emploi se généralisent, même dans
les secteurs dépendant directement de l’État. Le grand patronat foule aux pieds
ce qui dans la législation limitait un tant soit peu sa toute-puissance, avant
même que le projet de loi El Khomri donne un fondement légal à cette
démolition.
La
condition salariale n’a cessé de se dégrader tout au long des quatre ans de
pouvoir d’une coterie politique qui s’est pourtant fait élire avec le slogan
« mon ennemi, c’est la finance ».
Alors,
oui, il était temps de réagir ! Et le mouvement engagé, s’il ne s’est pas
encore donné la puissance nécessaire pour faire reculer ceux d’en haut, a
l’immense mérite de montrer que la politique du gouvernement est rejetée par le
monde du travail.
Les
syndicats qui mobilisent pour le 28 avril trouvent cependant le moyen d’appeler
les cheminots à la grève le 26 avril. Pourquoi cette division ? Les
cheminots peuvent cependant dépasser les calculs corporatistes en se joignant
aussi à la journée du 28 avril. D’autant qu’une grève de cheminots réussie peut
être un encouragement pour les autres travailleurs.
L’heure
n’est certainement pas au corporatisme. Au-delà des revendications particulières
de telle ou telle de ses catégories, c’est le monde du travail dans son
ensemble qui est attaqué. Il est vital de réagir collectivement de toutes ses
forces.
Le
mouvement est certes encore minoritaire. Mais le monde du travail est peut-être
en train de reprendre confiance en ses propres forces qui sont en réalité
immenses. Il est indispensable pour l’avenir de changer le rapport de force
entre le camp patronal et le camp des travailleurs. Ce n’est pas seulement la
loi Travail qui est en cause.
Le
gouvernement profitera des derniers mois de son existence pour se dire que les
prochaines élections étant de toute façon perdues d’avance, autant rendre
encore d’autres services au grand patronat. Il le dit en répétant qu’il
continuera jusqu’au bout sa politique de réformes. Et le gouvernement suivant
prendra le relais. Dans cette période où l’économie capitaliste est en crise,
le seul moyen pour la grande bourgeoisie de préserver les profits élevés de ses
entreprises, le seul moyen d’accorder à ses PDG des émoluments et des retraites
chapeau extravagants, est de prendre aux salariés, aux chômeurs, aux retraités.
Le
seul moyen de l’en empêcher est une réaction du monde du travail telle que tous
ces parasites du travail humain aient des raisons de s’effrayer devant la
menace que leur pompe à profits s’arrête brutalement. Les travailleurs en ont
collectivement la force. Il nous faut en prendre conscience.
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